De l’intelligence artificielle à la vérification des faits : le TechCamp donne des armes aux journalistes guinéens
Du 9 au 12 décembre 2024, Conakry a accueilli le premier TechCamp organisé en Guinée. Un atelier intensif de quatre jours rassemblant cinquante participants issus de divers horizons : journalistes, blogueurs, influenceurs, enseignants-chercheurs et activistes. Placé sous le thème « médias éclairés, démocratie renforcée », l’événement a permis d’explorer des solutions innovantes face aux défis de la désinformation et de la manipulation de l’information.
Organisé par l’Ambassade des États-Unis en Guinée en partenariat avec l’Association Villageois 2.0, le TechCampGuinée s’est distingué par des sessions interactives et des ateliers pratiques animés par des experts nationaux et internationaux. Les quatre jours ont permis aux participants d’aborder des stratégies locales pour contrer les manipulations informationnelles et promouvoir l’intégrité de l’information.
Dans son discours de lancement, Alexander HUNT, conseiller des affaires publiques à la représentation diplomatique américaine en Guinée, a déclaré qu’ « une citoyenneté forte et éclairée est au cœur de toute démocratie saine. Mais la désinformation et les fausses informations sapent cette base. Elles érodent la confiance, alimentent les divisions et bloquent le progrès. (…) Ensemble, nous ferons face aux menaces posées par la désinformation et ensemble nous promouvons les valeurs qui nous renforcent : la vérité, l’ouverture et la collaboration. »
Abondant dans le même sens, Sally Bilaly Sow, Directeur Exécutif de l’Association Villageois 2.0, a soutenu que « la guerre de l’information n’est pas une menace lointaine ni abstraite. Elle est une réalité qui s’infiltre dans nos vies et fragilise les piliers de nos sociétés. Elle s’attaque à nos institutions et menace les bases de notre vivre-ensemble. » C’est pourquoi, a-t-il ajouté, « face à ces défis, il est impératif de ne pas rester spectateur. Nous devons agir. Agir avec détermination. Agir à travers l’éducation aux médias et à l’information. Et enfin agir à travers une vérification rigoureuse des faits. »
Un cadre d’apprentissage intensif et collaboratif
Calvin Dark, analyste politique, a captivé l’audience avec son module sur les « Fake News » et les relations entre presse et gouvernement : « Nous avons simulé des conférences de presse et exploré comment déjouer les techniques de désinformation, notamment avec l’intelligence artificielle. Ces échanges ont montré que les défis liés à la désinformation sont universels. »
De son côté, Charlotte Escorne, doctorante en géopolitique, a démystifié les mécanismes de désinformation facilités par l’intelligence artificielle. En s’appuyant sur des exemples concrets, elle a présenté des outils accessibles pour détecter et vérifier la fiabilité des contenus numériques : « Il est crucial d’éveiller l’esprit critique et d’armer les participants avec des technologies open source, faciles à utiliser dans leurs communautés. »
Célia Milord, experte en communication digitale, a échangé avec les participants sur l’importance de la viralité et du storytelling : « Pour contrer la désinformation, il faut comprendre les mécanismes des plateformes et savoir produire des contenus engageants et fiables. » Quant à Tounkara Gérôme, développeur et formateur, il a mis l’accent sur la création de plateformes numériques et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour soutenir les médias et les ONG. « Ce TechCamp est unique par sa capacité à combiner collaboration, apprentissage et partage d’expériences, » a-t-il souligné.
Des témoignages édifiants
Les participants ont aussi partagé leurs impressions au terme des quatre jours de sessions interactives et d’ateliers pratiques. « Nous avons découvert de nouveaux outils pour détecter de contenus inauthentiques, remonter à la source des publications et analyser la fiabilité des contenus, » a confié Mamoudou Bouleré, un des participants. Il soutient que « ces outils, couplés aux stratégies enseignées, permettront de mieux comprendre et de contrer les mécanismes de la désinformation, essentiels pour renforcer la démocratie et le vivre-ensemble. »
Facely Konaté, journaliste d’investigation, a apprécié l’accent mis sur la cybersécurité et la lutte contre la désinformation : « Nous avons acquis des outils essentiels pour nous protéger en ligne et hors ligne. Ces compétences nous permettront de mieux accomplir nos missions. »
Fatoumata Timbonké Diallo, quant à lui, a insisté sur l’importance de partager les acquis de cette formation : « Ces outils et compétences doivent être diffusés pour toucher un public plus large et avoir un impact durable. »
De son côté, Jenny Beth Aloys, coordinatrice du programme TechCamp au Département d’État des États-Unis, a souligné l’importance des échanges entre participants : « Ce TechCamp est un espace où les idées se rencontrent et où les projets se construisent pour un impact durable. » Au-delà des théories, les ateliers ont offert des formations pratiques. Nolan Heron, spécialiste en programmes au Département d’État, magnifie la co-construction : « Ce TechCamp vise à autonomiser les journalistes guinéens en leur offrant un espace pour concevoir leurs propres solutions.»
L’album photo de l’évènement
Une cérémonie de clôture porteuse d’espoir
Lors de la cérémonie de clôture, Alexander Hunt, conseiller des affaires publiques de l’Ambassade des États-Unis en Guinée, a en ces termes félicité les participants : « Votre créativité et votre détermination sont impressionnantes. Vous avez présenté des projets ambitieux et pertinents qui répondent aux défis locaux et mondiaux. Ce réseau d’anciens participants est une opportunité pour collaborer et innover. Vous êtes désormais membres d’un réseau de collaboration et d’apprentissage continu. »
De son côté, Sally Bilaly Sow, Directeur Exécutif des Villageois 2.0, a annoncé l’ambition de son organisation d’étendre le TechCamp à d’autres régions de la Guinée. « Nous devons toucher plus de communautés et adapter nos actions aux réalités locales. »
Ces quatre jours ont non seulement renforcé les capacités des participants, mais également ouvert la voie à des projets concrets pour lutter contre la désinformation et promouvoir une éducation médiatique éclairée en Guinée. Les participants ont été invités à soumettre des projets en lien avec les thématiques abordées. Ceux qui seront sélectionnés bénéficieront d’un soutien financier pour la mise en œuvre de leurs initiatives, consolidant ainsi l’impact de ce premier TechCamp en Guinée.