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De Rabat à Ouaga, Dadis retenu contre son gré

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Dadis montage[dropcap]L[/dropcap]a messe est dite pour notre Moïse national. Dans l’affaire Dadis, il n’y a pas que le très sensible dossier « Massacre du 28 septembre 2009» qui est du ressort de la justice. Il y a surtout un principe non écrit des relations entre Etats qui fait qu’il en sera ainsi tant que le voudront les grands décideurs e ce monde qui ont déterminé les conditions et les moyens de son transfèrement de Rabat et ceux qui ont acquis le pouvoir de le garder en «convalescence» à Ouagadougou aussi longtemps que cela arrangera les choses en leur faveur.

Jusqu’à preuve du contraire, Dadis devra le savoir et l’accepter comme tel : son sort est désormais celui d’ancien chef d’Etat sorti miraculeux d’une tentative d’assassinat, déporté au Maroc pour recevoir des soins à titre humanitaire, et placé en résidence hors du pays qu’il avait géré du 23 décembre 2008 au 3 décembre 2009.

S’il accepte son sort, Dadis doit surtout entrer en communion et remercier le Ciel de l’avoir prêté longue vie pour voir de ses propres yeux le développement de la situation depuis son départ de la Guinée, ainsi que les tenants et les aboutissants de son placement en convalescence.

Dadis est sorti vivant d’une situation à laquelle le destin l’avait prédestiné. A présent, loin de son modeste bureau de la Poudrière du camp Alpha Yaya Diallo, il devrait savoir comprendre que parmi la meute de partisans, de courtisans et d’opposants, il y en avait de bons qui voulaient changer les choses, afin de le porter en triomphe, et de méchants qui ne cherchaient point à célébrer son exemple de jeune capitaine arrivé au pouvoir avec de bonnes intentions de diriger une courte transition et inscrire son nom dans les annales de l’histoire commune, mais plutôt à le pousser au précipice.

Il en va ainsi de la vie des hommes d’Etat, comme on le lit dans les dédales de l’évènement qui a fait basculer son régime dans la journée du jeudi 3 décembre 2009 où il a perdu son aide de camp Joseph Makambo Loua lors de l’affrontement avec Toumba au camp Koundara. Quand il faisait son entrée le vendredi 4 décembre à l’Hôpital militaire de Rabat au Maroc, Dadis n’était plus qu’un citoyen en exil.

Les faits sont têtus

Le mois suivant, le 6 janvier 2010, le général de brigade Sékouba Konaté, alors ministre de la Défense et ancien numéro 2 du régime était déjà placé au faîte des affaires. Son adresse à la nation le prouve. C’était désormais lui et pas Dadis. Le 15 janvier quand il a été fait signer à Dadis Camara la Déclaration d’Ouagadougou, autrement appelée feuille de route pour une sortie rapide de crise en Guinée, les décideurs de son sort étaient d’accord que Konaté est désormais le nouvel homme fort du pays, mais pour les beaux yeux du monde, il fallait une cérémonie d’échanges de signature qui lui donne définitivement les symboles du pouvoir. Un point, barre.

Quarante et quatre jours après, exactement le dimanche 17 janvier 2010, parlant en ses qualités (déchues) de président du CNDD et président de la République, Dadis adresse un message plein d’espoir au peuple de Guinée à partir d’Ouagadougou. La réalité est que cette déclaration était destinée à confirmer Konaté dans ses nouvelles fonctions.

Dadis savait qu’il était reclus à vivre dans son pays de débarquement où il était arrivé à bord d’un avion préalablement affrété pour le ramener à Conakry. Il est vrai que Dadis a affirmé que sa santé s’est grandement améliorée et que sa vie est hors de danger. Mais que, pour consolider cet état de santé, il a besoin de repos, donc d’une convalescence suivie qu’il est libre de passer où il voudra tout en restant disponible pour contribuer au processus de transition en Guinée. Là aussi, Dadis savait pertinemment que c’est en plein vol que l’avion a changé d’itinéraire pour le déposer loin de sa destination initiale.

A l’époque, le président Burkinabè, Blaise Compaoré, médiateur de la crise guinéenne, aurait reçu un coup de fil du roi du Maroc, SM le Roi Mohamed VI lui demandant de recevoir Dadis flegmatique mais qui avait bénéficié de soins adaptés à son cas. Curieusement, pendant que Compaoré « étudiait le cas », le lendemain mardi, il apprend qu’un avion a déposé Dadis. Il commet à l’accueil de l’hôte son ministre des Affaires étrangères. La suite, on la connait.

Alors, si tout cela est pris pour vrai, il faut foutre la paix à Dadis. Tout de même, nombre d’observateurs soupçonnent la main noire des autorités de Conakry de trainer la rentrée au bercail du bouillant capitaine. Les analystes justifient leur soupçon par le refus du président Alpha Condé de laisser le très populaire jeune officier revenir au pays après plus de 5 ans passés à Ouaga au nom d’une prétendue convalescence qui n’a qu’assez duré. Surtout que ce dernier vient d’ôter la tenue militaire pour atterrir sur le terrain politique. Et affiche déjà l’ambition de sceller une alliance avec le principal parti de l’opposition mené par Cellou Dalein Diallo.

Mady Bangoura, dans Le Populaire

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3 commentaires
  1. CAMARA dit

    Bon rappel,l’histoire retiendra tout,aux guinéens de savoir ce qu’ils veulent pour leur Pays.

    1. kolo dit

      Nous voulons des intellectuels et techoncrates…..des hommes senses comme le Professeur Alpha Conde…….Nous ne sommes pas ici pour de l’amusement…..

  2. avatar dit

    belle analyse

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