Ce mardi 8 avril 2025 à Beijing, un groupe de journalistes africains participant à un programme de formation au Centre international de presse et de communication de Chine (CIPCC) a eu l’opportunité d’échanger avec le Professeur Ding Yifan, éminent chercheur au Centre de recherche sur le développement du Conseil d’État chinois. 

Les échanges ont porté sur des aspects cruciaux du développement chinois, les échanges médiatiques, ainsi que la compréhension et la pratique de la démocratie du processus total en Chine.

Interrogé par un journaliste sur sa lecture de l’état actuel de la démocratie en Afrique et de son application sur le continent, le Professeur Ding Yifan a livré une perspective nuancée, mettant en lumière les complexités inhérentes au contexte africain.

‘’Je pense que la difficulté de la démocratie africaine, c’est de réconcilier les conflits d’abord’’, a-t-il affirmé, établissant un parallèle avec les dynamiques observées au sein du Parlement européen.

Le professeur a ensuite développé cette analogie européenne pour illustrer la tension entre les affiliations politiques et les identités nationales.

‘’En Europe, vous avez le Parlement européen, qui est distinct par des groupes, donc par des tendances politiques. Mais en fait, il est difficile de choisir entre les nationalités et les tendances politiques au Parlement européen. La contradiction, c’est que quelquefois, lorsque vous votez, parce que vous devez voter en conformité avec votre tendance politique, par exemple socialiste, ou républicain, ou populiste, ou en position de la France, du gouvernement français, etc. C’est difficile à choisir au Parlement européen’’, explique-t-il.

Dans le contexte africain, il a souligné une difficulté similaire, voire plus profonde. ‘’Là aussi, dans des pays africains, il y a aussi cette contradiction, cette loyauté aux groupes ethniques ou à cette entité de l’État. Ce n’est pas bien défini dans la société africaine’’, souligne-t-il.

‘’Souvent, les hommes politiques ont un choix à faire. Dans le cas de la RDC par exemple, ça a toujours été le cas. Lorsque Kabila est entré et est revenu avec le soutien des groupes ethniques du Rwanda, ils ont créé leur système. Donc, il y a toujours ça. L’incertitude de la fidélité aux groupes ethniques ou à une Etat nation fictive’’, fait-il remarquer.

Pour le Professeur Ding, cette complexité identitaire a des implications directes sur le processus démocratique. ‘’C’est pour ça que l’élection, si la sortie du pouvoir ou l’exil du pouvoir est seulement déterminé par l’élection, la contradiction ne sera jamais résolue’’.

Il a ensuite insisté sur la nécessité de développer une administration publique solide et impartiale, d’autant plus qu’il faut aussi, dit-il, ‘’former un camp professionnel de carrière, des fonctions publiques de carrière qui travaillent, qui œuvrent en faveur de l’État, en faveur de la nation. Et ça, il y a encore un long chemin à parcourir’’.

Malgré les défis, le chercheur chinois a exprimé un optimisme prudent quant à la capacité de l’Afrique à surmonter ces obstacles, insistant sur le point de départ incontournable.

‘’Mais il faut le faire, parce que tout doit partir de la réalité actuelle. On ne peut pas diviser à nouveau la ligne de démarcation entre les pays africains. Ce sera le chaos total. Donc, il faut partir de la réalité actuelle, réconcilier les intérêts et les contradictions », ajoute-t-il.

Le Professeur Ding Yifan a mis en avant l’expérience chinoise comme un exemple de réussite en matière d’unification et d’identification nationale.

‘’L’avantage de la Chine, c’est que nous avons fait cela, cette unification nationale, cette identification culturelle de la Chine à travers les sièges. Parce que nous avons des groupes ethniques. Nous, en fait, nous avons plus de 56 groupes ethniques’’, a-t-il conclu.

De Beijing, Abdoulaye Bella DIALLO pour VisionGuinee.Info 

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