Mercredi 8 janvier, des machines ont investi le marché de Foulamadina, situé dans la commune de Sonfonia, pour démolir boutiques et magasins. Dans les témoignages recueillis par VisionGuinee, des commerçants affirment avoir été victimes de pillages durant l’opération.
La démolition du marché de Foulamadina a laissé plusieurs commerçants dans le désarroi. Des victimes dénoncent des pertes matérielles et financières, tout en appelant le président Mamadi Doumbouya à intervenir pour les rétablir dans leurs droits.
Mamadou Aliou Barry, dont le père a initié ce marché en 2006-2007, déclare que les occupants n’ont eu qu’un délai de 48 heures pour libérer les lieux avant la destruction.
‘’Il y a eu des avertissements concernant certains magasins. Ils sont venus ici pour la première fois, voir les lieux. Ils ont donné 48 heures pour que les gens quittent. Ils ont marqué certains magasins. Mais on sait pas là où va se limiter la casse. C’est cette inquiétude qu’on a aujourd’hui. La cause de cette démolition, c’est qu’il y a des bandits dans les marchés qui font des choses qui sont anormales. Ils sont venus voir ce qui se passe dans le marché et ont eu des preuves. C’est suite à cela qu’ils ont donné un délai pour que les gens quittent’’, a-t-il expliqué.
A la question de savoir si le marché ne sert pas de lieu de prostitution, et de nid de bandits, M. Barry a répondu de manière ferme : ‘’Je m’inscris en faux pour les chambres de passage, mais quand même, il y a des femmes qui passaient la nuit ici. C’est mon papa qui a eu l’idée de faire ce marché dans les années 2006-2007’’.
‘’L’appel que j’ai à lancer, vu ce qu’ils veulent faire, si cela se concrétise, c’est une très bonne chose. Mais qu’ils essayent de penser aux victimes, surtout les gens qui ont eu à investir, parce que ce sont des guinéens. Il faut d’abord les rétablir dans leurs droits’’, a-t-il plaidé auprès des autorités.
Mariama Barry, vendeuse au marché de Foulamadina, raconte avoir perdu de l’argent et des biens pendant la démolition.
‘’Moi, j’étais à la maison parce que je suis malade depuis quelques jours. Ma petite sœur, qui était là pour me remplacer, m’a appelée hier vers 15h pour me demander de venir vite, qu’ils sont venus pour détruire nos magasins. Je suis venue précipitamment et j’ai même constaté qu’ils avaient arraché les portes de mon magasin. J’ai appelé les voisins, qui sont venus en grand nombre pour m’aider à faire sortir ma marchandise. Mais j’avais une somme de 4 millions de francs guinéens que je n’ai pas retrouvée’’, a-t-elle affirmé.
Elle a ajouté que ‘’quand ils étaient venus l’autre fois pour mettre des croix, ils avaient dit que nous ne faisions pas partie de cette démolition. Ils parlaient de prostituées et de bandits. Chez nous, il n’y a que des boutiques et des magasins. Dans ces magasins, il n’y a que des marchandises, les gens ne logent pas ici. C’est de l’autre côté qu’il y a des prostituées et des bandits. Donc, je profite de l’occasion pour demander aux autorités actuelles de nous trouver un lieu où nous pouvons vendre nos marchandises, parce que c’est ici que nous gagnons notre bien-être et celui de notre famille’’.
M’Mahawa Camara, veuve, exerce le commerce au marché de Foulamadina depuis des années pour subvenir aux besoins de sa famille. Privée de son lieu de vente, elle exprime son désarroi et lance un cri de cœur à l’endroit du chef de l’Etat.
‘’Les autorités étaient venues ici il y a quelques jours. Elles nous ont demandé de quitter les lieux, car ils viendront détruire tous les magasins et boutiques qui sont là, parce qu’on dit qu’il n’y a que des bandits et des prostituées sur une partie du marché. Hier, ils sont venus pour détruire tout. Moi, j’ai deux magasins ici, je vendais du riz et des condiments. J’étais à la maison quand les gens m’ont appelée pour me dire qu’ils sont venus pour détruire nos magasins et de venir vite pour faire sortir mes marchandises’’, a-t-elle relaté.
Aujourd’hui, a rajouté notre interlocutrice, ‘’on ne sait pas où donner la tête. Mon mari est décédé, je vis avec les enfants qui doivent aller à l’école, manger et s’habiller. Tout cela est à ma charge. Maintenant que nos boutiques sont détruites, ça va être compliqué pour nous de faire face à toutes nos charges. Nous demandons au président de la République, le général Mamadi Doumbouya, de penser à nous et de notre situation. Actuellement, nous souffrons beaucoup’’.
Malgré plusieurs tentatives, la présidente de la délégation spéciale de Sonfonia et l’administrateur du marché de Foulamadina n’ont pas daigné répondre à nos sollicitations.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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