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Des partis politiques et médias, nouveaux bourreaux du changement en Guinée

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Alors que la Guinée s’enlise dans une transition interminable, un malaise profond et silencieux gangrène la vie publique. Derrière les discours institutionnels et les cérémonies officielles, la démocratie guinéenne est, en réalité, prise en otage. Et les ravisseurs ne se trouvent pas uniquement au sommet de l’État : ils sont aussi dans les studios d’émissions politiques, dans les salles de rédaction et à la tête de partis politiques devenus méconnaissables.

Les partis politiques, censés incarner l’opposition, l’innovation et le renouveau, se sont figés dans des logiques claniques, érigés autour de figures devenues intouchables. Quant aux médias, eux qui devaient être la voix du peuple, se sont souvent transformés en caisses de résonance du pouvoir, préférant flatter les gouvernants que de les confronter à la vérité.

À ce rythme, ce n’est plus simplement l’avenir démocratique du pays qui vacille, mais la confiance du peuple tout entier qui s’effondre.

Un pluralisme politique vidé de sa substance

Depuis les années 1990, la Guinée a connu une multiplication de partis politiques, donnant l’illusion d’un pluralisme démocratique. Pourtant, derrière cette façade, la réalité est amère : une majorité de ces partis fonctionnent comme des entreprises personnelles. Le chef y règne à vie, le débat y est inexistant, les idéologies floues, et les programmes électoraux sont trop souvent réduits à des slogans.

Les congrès se résument à des mises en scène, les jeunes militants sont instrumentalisés, et les femmes souvent reléguées à des rôles symboliques. À l’intérieur de ces formations, la démocratie interne est pratiquement absente. L’idée même d’alternance ou de compétition saine entre leaders est perçue comme une menace plutôt qu’une opportunité.

Plus grave encore, certains partis se montrent plus préoccupés par les alliances opportunistes avec les régimes en place que par la défense des intérêts citoyens. La frontière entre opposition réelle et opposition de convenance est devenue poreuse, désorientant les électeurs et renforçant la lassitude populaire.

Une presse enchaînée, au service de l’État ou du marché

De leur côté, les médias guinéens, pourtant nombreux et variés, peinent à jouer leur rôle de contre-pouvoir. Entre pressions politiques, autocensure, dépendance économique et absence de protection pour les journalistes, rares sont ceux qui osent encore gratter là où ça fait mal.

Nombre de journalistes sont devenus les relais dociles d’une communication officielle bien huilée. Les communiqués gouvernementaux sont repris sans esprit critique, les faits divers sont amplifiés pour faire diversion, et les véritables sujets de fond — la corruption, l’impunité, la gouvernance — sont souvent évités.

Pire, certains médias sont devenus des bras armés de clans politiques, engageant des guerres de propagande plutôt que de servir l’intérêt public. Dans cette atmosphère, la vérité est étouffée, la lucidité est punie, et la confusion règne.

Une complicité qui affaiblit la nation

Ce qui relie les partis politiques et les médias dans leur dérive, c’est une complicité silencieuse avec le système en place. Un système qui récompense la loyauté au détriment de la compétence, la soumission au détriment de la vérité, et l’immobilisme au détriment de l’innovation.

Pendant ce temps, la jeunesse guinéenne attend un signal fort. Elle aspire à une vie politique digne, à une presse libre, à un avenir porteur d’espoir. Mais cette attente se heurte au mur du cynisme, de la duplicité et de la résignation.

À force de trahir leurs missions, les partis politiques et les médias contribuent à vider la démocratie de son sens, à alimenter la désillusion, et à perpétuer une culture de l’impunité et de la manipulation.

Le sursaut citoyen comme ultime recours

La refondation du paysage politique et médiatique guinéen est non seulement urgente, mais vitale. Il est temps de sortir de ce cycle de compromissions et de médiocrité.

Les partis politiques doivent s’ouvrir, se réinventer, accueillir une nouvelle génération de leaders compétents et intègres. L’alternance ne doit pas être un slogan de campagne, mais une réalité vécue à l’intérieur même des partis.

Les médias, quant à eux, doivent retrouver leur indépendance, s’auto-discipliner, et s’unir pour défendre une presse libre et responsable. Ils doivent redevenir le miroir fidèle de la société, et non l’écho servile du pouvoir.

Mais au-delà des structures, c’est le citoyen guinéen lui-même qui détient le levier du changement. Il doit refuser d’être spectateur de sa propre histoire. Il doit exiger des comptes, soutenir les voix libres, et investir l’espace public avec lucidité et courage.

L’avenir appartient aux peuples qui se lèvent

La Guinée est à la croisée des chemins. Soit, elle continue à nourrir une démocratie de façade pilotée par des acteurs discrédités, soit elle ose le courage de la rupture et de la refondation.

Ce pays regorge de talents, d’intelligences, de ressources humaines et naturelles. Ce qu’il lui faut désormais, c’est une élite politique et médiatique qui serve la vérité, qui respecte le peuple, et qui incarne le changement qu’elle prétend porter.

Il est temps de rendre la démocratie au peuple. De libérer la parole. De restaurer l’espoir. Parce qu’un jour ou l’autre, les peuples finissent toujours par se lever — et rien ne peut arrêter une nation qui a décidé de se libérer.

A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.

Elhadj Aziz Bah
Consultant principal en gestion, auteur et expert en transformation stratégique
Caroline Du Nord, USA

*Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments.

À propos de l’auteur

Elhadj Aziz Bah est un leader visionnaire, consultant principal en gestion et auteur du livre 8 Clés pour la Croissance Personnelle et l’Épanouissement, disponible sur Amazon et dans plusieurs librairies. Fort de plus de 20 ans d’expérience auprès d’entreprises du Fortune 500, d’agences gouvernementales et d’ONG, il est reconnu pour son expertise en transformation stratégique et son engagement pour un impact durable.

Diplômé d’un Executive MBA de la prestigieuse MIT Sloan School of Management et titulaire d’un Master en Technologies de l’Information, Elhadj Aziz Bah incarne l’excellence, l’innovation et la recherche de solutions concrètes pour transformer aussi bien les organisations que les individus.

À travers cette tribune, il livre une analyse lucide et sans complaisance de la situation sociopolitique de la Guinée, et appelle à un sursaut collectif fondé sur l’éthique, le leadership éclairé et l’action citoyenne.

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