L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocat Mohamed Traoré et plusieurs autres membres du Conseil national de la transition (CNT) ont visité la prison civile de Mamou. Le constat est désolant, à en croire l’homme en robe noire.

Cette maison d’arrêt manque de tout. En plus de leurs conditions pénibles de détention, ces détenus sont privés de leurs droits les plus élémentaires dont l’accès à l’eau potable et à des soins de santé adéquats.

‘’Nous constatons des problèmes d’infrastructures et de santé liés à la promiscuité au niveau de cet établissement pénitencier. Dans une salle d’à peine quelques mètres carrés, vous verrez une cinquantaine de détenus. On a vu par exemple une salle où il y a près de 60 détenus entassés les uns sur les autres. Je me pose la question de savoir comment ces détenus-là passent la nuit. Moi en tant qu’avocat, j’ai l’habitude de visiter les prisons. Mais ceux qui étaient avec nous et qui ne sont pas habitués à cet exercice-là, beaucoup parmis eux sont sortis avec les larmes aux yeux tellement les conditions étaient pénibles’’, déplore Me Traoré

Sur place, poursuit-il, ‘’nous avons constaté qu’il n’y a pas de séparation entre les détenus condamnés et ceux qui sont en attente de leur jugement. Il n’y a pas de séparation entre les mineurs et les adultes. Tout cela s’explique par le fait que l’infrastructure qui abrite la prison n’est pas adaptée. Il semble même c’est un ancien hangar, un entrepôt de bananes qui a été transformé en prison’’.

En ce qui concerne l’eau et l’alimentation, selon Me Traoré, ‘’il y a un forage qui ne fonctionne pas. Parfois, certains gardes pénitentiaires de bonne foi sont obligés de se rendre dans les quartiers pour chercher de l’eau pour les détenus. Et un détenu nous a confié que quand il n’y a pas d’eau, ils peuvent passer 3 jours sans se laver. Le procureur de la République a dit qu’il y a un besoin d’un montant de 8 millions pour remettre en état un forage se trouvant juste à côté et que malgré toutes les démarches qu’il a effectuées, il n’a pas pu encore réunir ce montant’’.

Ce conseiller au CNT fustige le fait que l’infirmerie au sein de cet établissement pénitentiaire ne dispose d’aucun aide-soignant. ‘’Il y a une infirmerie. On a eu la chance d’avoir accès au local qui abrite cette infirmerie où il n’y a aucun produit pharmaceutique, il n’y a absolument rien. Il nous a été révélé que c’est un stagiaire qui faisait office d’infirmier à la prison de Mamou mais qu’il a plié bagages sûrement parce qu’il n’est pas pris en charge du point de vue rémunération’’.

Malgré tous ces dysfonctionnements constatés à la prison de Mamou, Me Mohamed Traoré note des points positifs. ‘’Les détenus condamnés sont plus nombreux que ceux qui sont en attente de jugement. Très souvent, la surpopulation carcérale s’explique par le fait qu’il y a souvent plus de prisonniers en détention provisoire que de personnes condamnés. On a constaté au niveau de la prison de Mamou que la proportion de personnes condamnées est beaucoup plus forte que les personnes en attente de jugement’’, fait-il remarquer.

Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info

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