CONAKRY — le 21 décembre marque l’an 2 de l’investiture du président Alpha Condé à la tête de l’Etat guinéen et les avis demeurent partagés sur le bilan du premier président démocratiquement élu de la Guinée.
Si le président et son gouvernement semblent satisfaits des efforts fournis durant les 24 mois passés aux affaires en termes de progrès accomplis dans les domaines de la santé, de l’éducation et d’accès aux services sociaux de base, notamment l’eau et le courant électrique, l’opposition, dans sa majeure partie, émet des réserves sur le bilan du gouvernement.
Au delà de toute passion partisane, des observateurs avertis saluent tout de même les performances enregistrées dans le domaine économique durant cette période.
Ainsi à la lecture d’un rapport publié récemment par le ministère de l’Economie et des Finances, il est indiqué clairement qu’une « politique des changes active mise en place par le gouvernement guinéen a permis d’enregistrer une baisse sensible de l’inflation en glissement annuel de 19% en décembre 2011 à 14,4% en septembre 2012, et de l’inflation en moyenne annuelle de 21,4% à 17,0% sur la période ».
Une baisse résultant en partie « d’une stabilité relative des prix du carburant à la pompe, de la mise en place de mesures de soutien au pouvoir d’achat des citoyens et d’une stabilité relative du franc guinéen face aux principales devises de facturation que sont le dollar et l’Euro ».
Le tout sur fond de « gestion rigoureuse » du budget de l’Etat sur base caisse.
Il faut noter aussi que la mise en œuvre des réformes du programme économique et financier, appuyé par le FMI au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) a été approuvée le 24 février 2012, suivie de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) le 26 septembre 2012. Chose qui a permis un effacement de la dette guinéenne de plus de 2 milliards de dollars américains.
Sur le plan agricole, le président guinéen a déboursé des fonds estimés à près de 200 milliards de francs guinéens, soit 20 millions d’euros pour financer la campagne agricole en 2011, en dotant les paysans d’intrants agricoles et d’herbicides destinés à améliorer leurs productions.
Cette politique agricole a permis d’enregistrer une baisse des cours des denrées sur le marché intérieur qui dépendait annuellement de l’importation de 300 mille tonnes de riz.
Il y a eu certes des ratés durant cette campagne agricole, à en croire des sources officielles, mais l’expérience aurait permis de combler des attentes en terme de relance du secteur agricole guinéen.
En termes de création d’emploi, le ministre de l’Enseignement technique et de l’emploi, Damantang Camara a dans une sortie dans la presse locale ce vendredi fait cas de près de 50 mille emplois créés par le gouvernement depuis l’avènement du président Alpha Condé au pouvoir. Des emplois qui concernent le secteur minier surtout et certains domaines de l’administration.
Les réformes au sein des forces armées et de sécurité sont à inscrire aussi parmi les défis que ce gouvernement avait promis de relever. Et à ce niveau, le programme de réforme suit son cours, grâce à un appui budgétaire de la communauté internationale, notamment les Nations Unies à travers le Fonds de consolidation de la paix.
Ainsi 4 200 militaires ont été invités à faire prévaloir leur droit à la retraite à compter du 31 décembre 2011.
Cette réforme va se poursuivre a promis le président Alpha Condé, qui est conscient sans doute que sans une armée républicaine, le principe de l’Etat de droit ne peut être garantie.
S’il y a un secteur qui a fait parler de lui durant les deux années écoulées, c’est bien celui des mines, tant il suscite les convoitises. Le président guinéen a dès le lendemain de son investiture décidé de réorganiser ce secteur par l’adoption d’un nouveau code minier. Il a aussi dans la même lancée initié la révision des contrats miniers signés par ses prédécesseurs.
La Guinée vient ainsi d’annuler 818 permis miniers cédés sur les 1 500 inventoriés par un cabinet d’expertise indépendant. Des permis qui avaient été cédés à des particuliers au détriment des principes régissant le secteur en la matière.
Il faut cependant noter que le volet de réconciliation nationale a péché par la faiblesse des résultats, comme la reconnu un des coprésidents de la commission provisoire mise en place par le gouvernement guinéen. Monseigneur Vincent Koulibaly, Archevêque de l’église catholique de Conakry a ainsi indiqué lors d’un entretien accordé récemment à la radio nationale que la « réconciliation nationale est un processus de longue haleine ». Et qu’il avait l’impression que l’organisation des élections législatives qui pointent à l’horizon retenait plus l’attention de ses compatriotes que toute autre question pour le moment.
Et que donc par conséquent, la mise en veilleuse du projet était nécessaire, afin de mieux rebondir une fois la phase du scrutin sera passée.
Le coprésident de la commission avait mis cette occasion à profit pour exhorter les autorités guinéennes à doter la structure de moyens matériels nécessaires à l’accomplissement de cette tâche délicate.
Quand on sait que le tissu social est complètement en lambeau depuis la dernière présidentielle qui avait déchainé les passions entre les militants des deux candidats du second tour, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo.
Deux ans après son investiture, la question du bilan du professeur Alpha Condé fait donc débat dans le pays.
(Avec Xinhuanet)