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Dossier du 28 septembre : l’alliance FPDD-UFDG, facteur accélérateur de l’appareil judiciaire

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[dropcap]L[/dropcap]e 28 septembre 2009, répondant à l’appel de leurs leaders politiques, plusieurs opposants rallient le stade de Conakry, pour écouter le meeting qui les invitait à renier l’éventuelle candidature du capitaine Moussa Dadis Camarade, alors chef de la junte, et par conséquent, commandant en chef des forces armées. Ils sont réprimés dans le sang. Les ONG de défense des droits de l’Homme dénombrent 157 morts, des centaines d’autres femmes violées et plusieurs disparus.

Dadis et Dalein
Dadis et Dalein

Ce carnage assimilé à un crime contre est porté devant les hautes sphères des instances juridictionnelles, notamment la Cour pénale internationale (CPI). Des enquêtes sont ouvertes. Plusieurs autorités militaires et civiles sont inculpées, dont le chargé de la sécurité de Dadis, le colonel Claude Pivi, le ministre de la Santé d’alors, le colonel Abdoulaye Diaby, le secrétaire général à la Présidence chargé de la lutte contre la drogue, du grand banditisme et des crimes organisés, le colonel Moussa Tiégboro Camara.

Des Femmes de Nzérékoré réclament le retour de Dadis

Conduit à Ouaga pour, dit-on, observer sa convalescence après avoir échappé à la tentative d’assassinat de son garde du corps le 3 décembre 2009, le capitaine Dadis vit depuis 6 ans au pays des hommes intègres. Alors que ses collaborateurs du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) quoi qu’inculpés dans le massacre du 28 septembre, continuent de servir le régime de Conakry. Toute chose qui est normale d’ailleurs. Puis qu’inculpation ne signifie pas culpabilité, ces commis de l’État continuent de bénéficier de la présomption d’innocence.  Ayant constaté la « convalescence » prolongée de leur fils, de centaines de femmes décident d’exiger le retour de Dadis, à travers une marche le vendredi 8 mai à Nzérékoré. La coordonnatrice du mouvement, dame Hélène Zogbélémou, après s’être réjouie du bon déroulement de la marche partie du gouvernorat, en passant par la cathédrale, la place aux Martyrs et le marché régional pour déboucher sur le point de départ, justifie le mobile par ceci : « Nous réclamons le retour de Dadis, qui était en convalescence. On suppose que tout va bien chez lui, après cinq ans. Il doit revenir chez lui, maintenant ».

Le palais Sèkhoutouréya a les mains et les pieds sur l’affaire du 28 septembre

Après la commission rogatoire qui l’a interrogé sur les tueries du 28 septembre 2009, un pool de juges guinéens vient d’inculper à Ouaga le bouillant capitaine Moussa Dadis Camara. Une inculpation qui survient au lendemain de la visite de la procureure de la CPI, Fatou Ben Souda, qui répondait ainsi à l’invitation des autorités guinéennes, avait-elle précisé au cours de la conférence de presse qui a précédé son départ de Conakry.

Une inculpation qui était prévisible, à partir du moment où le capitaine Moussa Dadis Camara a annoncé sa candidature. Puisque sa venue en politique était une chose, mais sa candidature annoncée et surtout l’éventuelle alliance qui pourrait se nouer entre son parti et le principal parti de l’opposition en sont une autre. Toute chose ayant produit comme effet l’accélération de la machine judiciaire jusque-là grippée. Ce qui prouve davantage que l’Exécutif a toujours eu les mains et les pieds sur cette affaire du 28 septembre 2009, et qui sous-tend que la tranquillité de Dadis à Ouaga jusqu’aujourd’hui dépendait du président Alpha Condé. Car, l’opinion se rend compte désormais que les dossiers étaient là, prêts. Mais pour des calculs politiques, l’on n’a pas voulu inquiéter le capitaine Moussa Dadis Camara. Or, aucune loi ne lui interdit de se porter candidat pour aspirer à un quelconque statut. Parce qu’aucune juridiction n’a pour l’instant établi sa culpabilité dans un quelconque dossier. Pour preuve, il y a des inculpés  de longue date dans cette affaire qui travaillent avec le président de la République, qui sont honorés, qui sont perchés à la haute sphère de l’Etat.

Papa Koly Kourouma déçu du pouvoir

L’allié politique du candidat Alpha Condé dans l’entre deux tours de la présidentielle de 2010, Papa Koly Kourouma déçu du président de la République pour n’avoir pas honoré son engagement consigné dans l’alliance qui a engagé son parti avec le Rpg Arc-en-ciel dans la conquête du pouvoir. Le ministre d’Etat, ministre conseiller à la Présidence l’a fait savoir jeudi 9 juillet au cours d’une émission radiophonique face à l’inculpation de son mentor du CNDD, le capitaine Moussa Dadis Camara.

Papa Koly, alors leader du Rassemblement pour le développement et le renouveau (Rdr), qui a monnayé la voix de ses militants avec le retour au pays en « toute tranquillité » du capitaine Dadis, se dit frustré et affligé par cette nouvelle qui inculpe son ami, loin de son pays, à Ouaga où il est déclaré observer sa convalescence depuis la tentative d’assassinat perpétrée contre lui par son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidiki Dikité, alias Toumba. « Je ne suis pas de l’opposition, mais je suis un frustré de la mouvance », avoue sans ambages le conseiller d’Alpha Condé.

A la question de savoir si l’opinion publique pourrait, dans les prochains jours, s’attendre à une démission de l’ex ministre de l’Environnement sous la transition entamée par Dadis, l’actuel président de la Génération pour la réconciliation et l’unité pour le progrès (Grup) soutient que le terme « démission » n’existe pas dans sa culture, tout en assimilant sa frustration à des guéguerres qui peuvent survenir au sein d’une famille. « Ceci est comme une mésentente qu’il peut y avoir dans une famille. Ce n’est pas parce que vous ne partagez pas un avis que vous cessez d’être membre de cette famille », relativise l’invité de nos confrères de la radio Espace FM dans leur émission Espace Expression.

Après l’inculpation de Dadis, Nzérékoré ne votera pas Alpha Condé

La réaction de la présidente  du Mouvement des femmes forestières pour le retour de Dadis, Madame Hélène Zogbélémou ne s’est pas fait attendre après l’inculpation mercredi 8 juillet de l’ancien chef de la junte dans le dossier du massacre du 28 septembre. Celle qui s’attendait au retour du capitaine Dadis après la marche pacifique du 8 mai accuse le régime d’être derrière cette inculpation.

« Le mouvement des femmes forestières pour le retour des Dadis juge son inculpation de manière très négative. Imaginez quand nous étions sorties le 8 mai dernier, nous avons cherché à savoir qu’est-ce qui l’empêche de revenir. Mais aujourd’hui, nous sommes convaincues que c’est le professeur Alpha Condé qui est dernière tout ça », fustige-t-elle.

Les évènements du 28 septembre se sont déroulés à Conakry. Alors, Mme Zogbélémou se demande « pourquoi envoyer des juges interroger Dadis à Ouaga en lieu et place de  Conakry? ».

Dans l’entre deux tours de la présidentielle de 2010, le candidat Alpha Condé sollicite l’électorat de la Forêt en contrepartie du retour à Conakry de Dadis Camara.  « Il disait qu’il fallait qu’on vote pour lui pour que notre fils revienne. Donc il nous avait menti », regrette Mme Hélène. « C’est pourquoi, soutient la présidente, nous n’allons pas voter pour lui ».

Les femmes marcheuses de Nzérékoré victimes d’intimidations

Dans un entretien qu’elle vient d’accorder à nos confrères de Guineenews.org, la présidente du mouvement des femmes pour le retour de Dadis se dit, ainsi que ses compagnonnes, être victimes d’intimidations et de menaces de la part de certains hauts cadres vivant à Conakry.

« Nous sommes victimes d’intimidations et de menaces de la part de certains hauts cadres vivant à Conakry. Aussi, on nous dit qu’il y a un contingent de militaires qui doit arriver pour exterminer l’ethnie Kpèlè, parce qu’ils disent que nous sommes qui pour nous imposer. Pour le moment, je me réserve de dire leur nom. Mais nous les attendons pour nous arroser ou ouvrir le feu sur nous », se montre-t-elle sereine face à toutes éventualités de répression militaire comme ça a été le cas à Saoro, Zogota et Womey.

De sources locales nous rapportent que plusieurs cadres de l’administration publique issus de la région forestière séjournent actuellement au chef-lieu de la région, à Nzérékoré pour, dit-on, dissuader les populations locales réputées violentes même dans les moindres conflits.

Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info

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1 commentaire
  1. Kourouma ahmed dit

    Merci pour votre analyse objective de la mains mise de l’exécutif sur le judiciaire – je suis fier de ce journalisme là!!!!!!

    Ahmed kourouma
    Conseiller politique

    Moussa Dadis Camara

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