Drame de Nzérékoré : Aliou Bah assure que ‘’le gouvernement tente de minimiser le nombre de victimes’’
Le président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), Aliou Bah, pointe du doigt les dirigeants de la transition en Guinée comme responsables du drame de Nzérékoré. Bien qu’il appelle à des sanctions contre les organisateurs du tournoi de football dédié aux actions du CNRD et au général Doumbouya, il exprime des doutes sur les enquêtes annoncées pour élucider cette tragédie.
Depuis le mardi 3 décembre, la Guinée observe trois jours de deuil national, en hommage aux victimes de la bousculade meurtrière survenue lors de la finale d’un tournoi de football à Nzérékoré. Ce drame, qui a coûté la vie à plus de 50 personnes, selon le gouvernement, suscite l’indignation et des interrogations sur la responsabilité des autorités.
‘’Les événements au stade de Nzérékoré se sont passés à l’occasion d’une campagne de propagande qui a été entamée, depuis quelques mois, par la junte militaire pour promouvoir la candidature, à travers les matches de football, les événements culturels et tout ce qu’il y a autour’’, indique Aliou Bah sur TV5 Monde.
Cet acteur politique guinéen assure que le stade de Nzérékoré n’était pas approprié pour recevoir autant de personnes, d’autant plus que les manifestations et tout autre mouvement sont interdits depuis des mois par le CNRD.
‘’Les témoignages l’attestent suffisamment que, en fait, l’objectif de la junte, c’était tout le temps de mobiliser des foules pour faire croire à l’opinion publique nationale et internationale qu’il y a une adhésion populaire à une candidature du chef de la junte. Ce qui n’est pas le cas, parce que la Guinée n’est pas son premier exemple de manipulation de cette nature. Ils ne se sont pas préoccupés de ce qui pourrait arriver, alors qu’une autorité est censée pouvoir anticiper’’, dénonce-t-il.
‘’La Guinée, dans son ensemble, n’a pas un stade actuellement homologué pour abriter une compétition de football. Même le championnat national en est affecté. Et ce n’était pas le moment idéal pour réunir des gens dans un stade et sans prendre les dispositions. Et ce qui est aussi écœurant, selon les témoignages, il y a eu des autorités, avec des ministres qui étaient là et d’autres qui étaient là, qui se sont mis à l’abri. Et malheureusement, les jeunes étaient exposés à eux-mêmes avec une seule voie d’accès pour le stade’’, ajoute M. Bah.
Alors que le gouvernement annonce un bilan provisoire de 56 morts, des organisations de défense des droits humains évoquent au moins 136 victimes. Aliou Bah accuse les autorités de minimiser l’ampleur de la tragédie.
‘’Au lieu de mener des investigations et faire des évaluations exhaustives, le gouvernement tente de minimiser le nombre de victimes. Aujourd’hui, ce n’est pas évident de savoir combien de personnes il y a eu. Mais on espère que des enquêtes indépendantes seront menées pour que cela soit ainsi’’, martèle-t-il.
Pour ce qui est des enquêtes annoncées par le gouvernement, Aliou Bah pense que les premières mesures qui devraient être prises les autorités sont des sanctions administratives à titre conservatoire contre ceux qui ont organisé cet événement dramatique.
‘’Le chef de la junte et le Premier ministre devraient prendre des dispositions contre ceux-là dès le lendemain de l’événement. Parce que ceux-ci doivent d’abord répondre puisqu’ils s’assument. C’est à visages découverts qu’ils ont organisé. Mais ce qu’ils cherchent à faire, c’est plutôt avoir une communication qui consiste à détourner le regard sur le fait que c’est une organisation et non un mouvement de propagande. On cherche à dissocier l’image du chef de la junte, qui a toujours été assumé, pour faire croire que c’est un tournoi de football ordinaire, étant donné que ce n’est pas le cas’’, regrette M. Bah.
‘’J’ai des raisons de douter qu’il n’y a pas beaucoup à attendre d’une éventuelle enquête qui aboutirait à des conclusions dans le sens d’établir la vérité et, bien naturellement, de rendre justice. Parce que, simplement, ce qui préoccupe aujourd’hui la junte, et le ministre de la Justice en a fait une communication, c’est de chercher à mettre la pression sur l’opinion pour que les gens ne s’expriment pas sur le sujet, dans le sens de dire que tous ceux qui vont se hasarder d’en parler, bien naturellement, peuvent s’exposer à des poursuites’’, ajoute-t-il.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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