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Du miel dans des bouteilles fermées: La ruse des dirigeants syndicaux

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Mouvement syndical, patronat et Gouvernement  en parfait accord de servir aux travailleurs du miel dans des bouteilles hermétiquement fermées. Les travailleurs de Guinée sont encore une fois bien servis. Les négociateurs mandatés pour réduire leurs souffrances ont signé ce 12 mai un accord hermétique qui impose aux travailleurs du miel dans des bouteilles hermétiquement fermées. En contrepartie de la suspension de leur préavis de grève. Une véritable stratégie d’éleveurs de chats qui, pour faire manger du riz fade à leurs petits mammifères, leur mettent au nez du beurre de vache.Amadou-Diallo-cntg

On ne sait pourquoi ce pléthore de syndicalistes congratule tant le gouvernement dans cette entente touffue qui, lue entre les lignes, ne comporte que des menaces et des illusions.

Les menaces sont très faciles à compter car elles sont adressées à trois groupes de travailleurs bien distingués dans l’accord: tout d’abord, des fonctionnaires « malins » qui auraient précocement bénéficié de primes et/ou indemnités ; au lieu de négocier à élargir la surface des bénéficiaires de tels avantages marginaux, les trois parties ont décidé de supprimer les bénéfices avec la menace d’un remboursement quasi impossible pour les pauvres hères. Une sorte d’égoïsme syndical arrosé de hargne patronale pour la mort subite d’un acquis que les négociateurs ont effacé parce qu’ils ne l’ont pas négocié.

En deuxième position, les vieux enseignants doivent se taire au risque de faire les frais d’un recrutement de jeunes pétris d’expérience, qui viendraient hâter par un rajeunissement massif, le départ de ces personnes âgées et usées dont on n’a plus besoin et pour lesquelles la retraite serait pourtant une redoutable torture.

En troisième position, ceux de tous âges dans la plèbe enseignante qui douteraient de leurs compétences sont intimés à renoncer à leurs revendications salariales pour être à l’abri « d’examens professionnels selon le calendrier et les échéances prévues au statut particulier ». Sinon on va faire ce qui devrait être fait et tant pis pour ceux auxquels l’exercice de sélection ferait le malheur d’être sur la liste d’identification des perturbateurs de la quiétude gouvernementale. Et tant pis pour tout ce monde qui a omis de revendiquer des stages de perfectionnement scientifique, technique et pédagogique.

On a quand même salué « l’initiative du Président d’attribuer des domaines constructibles aux enseignants pour la construction de logements sociaux ».

Pour une fois cette catégorie professionnelle aura, en rémunération de son assiduité au travail, la faveur d’être la première à être servie dans la distribution des rares avantages étatiques. Les autres travailleurs ne sont pas oubliés dans ce vaste programme de logements sociaux dont « le Gouvernement s’engage à étudier les modalités de financement dès que « les actes administratifs seront pris par les autorités et services administratifs compétents ». Il reste à savoir quand ce processus non encore déclenché finira? Il finira quand les vieux enseignants seront partis à la retraite et lorsque les enseignants « incompétents » céderont leurs places et leurs classes aux enseignants que le Gouvernement a l’intention de recruter. Un véritable rêve !

C’est une façon élégante de penser aux générations futures dans les négociations salariales présentes. Une autre question spécifique se pose de toutes les façons : où sont les terrains promis par le Président qui vient de déclarer que toutes les parcelles qui s’étendent au-delà de Coyah sont destinées à la construction d’usines.

A moins que par cohérence politique les enseignants occupent les futures cités ouvrières comme jadis des marchands ont occupé les logements sociaux au détriment des travailleurs de l’Etat. Il semble qu’un dirigeant d’une puissance communiste aurait demandé à des passagers avec lesquels il voyageait dans un train qui tomba en panne de fermer les yeux et de rêver que leur train marche. Enseignants de toutes générations prenez les clés de vos appartements! Mais s’il vous plaît, restez solidaires des autres travailleurs. Travailleurs de tout le pays, Unissez-vous !

En attendant le Ministre de l’Enseignement Supérieur et tous ses enseignants devraient porter plainte contre les négociateurs pour offense publique à leur secteur. En effet ceux-ci ont osé dire qu’après tant d’années de réforme éducative et de projets dédiés à la qualité de l’éducation, leur administration n’a toujours pas mis en place une politique de recrutement. Une véritable dénonciation ! Ceci n’est peut-être pas une menace contre les professeurs mais un petit reproche de rappel à Monsieur le Ministre. De quoi assurer le remplissage thématique d’un accord en mal de problèmes intéressants à résoudre !

Ces syndicats se mêlent trop de ce qui ne les regarde pas. Par exemple ils félicitent le Gouvernement d’avoir fait son travail en créant des structures à rendre fonctionnelles et en transférant la tutelle de la CNSS au Ministre en charge du Travail. De quoi s’assurer probablement un cadeau de participation aux prochaines délégations tripartites des conférences du Bureau International du Travail. Est-ce lui qui fait la liste ? Oui !« A moins qu’on ne se trompe sous le cocotier ». Une sollicitation introduite malicieusement dans une revendication globale des masses travailleuses. Travailleurs avez-vous compris la ruse syndicale de vos dirigeants ?

Par ailleurs il y a trop d’échéances et de délais de grâce dans cet accord. Le plus facile à dire est que les travailleurs doivent noter les dates des 19, 31 mai et 30 juin 2014 répétées, chacune, au moins deux fois dans l’accord. Ils ont eu droit à trois commissions techniques d’examen et une commission d’étude que les parties ont convenues de mettre en place pour commencer à réfléchir à ces dates, sur les intentions gouvernementales et patronales d’améliorer leur sort. Heureusement que les travailleurs de Ferralux avaient quant à eux prié pour que la justice leur évite de faire partie des cas à traiter dans cet accord. Le machin judiciaire s’était prononcé depuis le 31 mars dernier comme il le fit le 29 avril pour les travailleurs de Sotelgui. Cela arrive rarement en Guinée que la justice soit en avance dans les bonnes décisions. C’est l’une des surprises révélées par inadvertance dans cet accord. Il reste à distinguer dans le dossier Sotelgui ce que cache l’expression «  conformément à la Loi ». On le saura le 30 juin 2014 quand les intéressés seront désintéressés.

Ceux de Friguia doivent compter sur « les possibilités de reprise des activités de l’usine ». Ils ne doivent quand même pas refuser des denrées en cas d’autres généreux sacrifices en attendant cet heureux évènement. Néanmoins « le Gouvernement s’engage à faire respecter les dispositions de l’accord de janvier de Paris sur le paiement des travailleurs ». Un peu de patience et puis ça ira. Ventre vide aura-t-il enfin des oreilles ?

En Guinée, « attendre » est le métier le plus sûr. Souvent les syndicalistes négocient pour être contents du Gouvernement dans l’attente renouvelée des travailleurs. Et cette fois-ci ils étaient vraiment très contents ! On ne sait pourquoi. La réponse viendra dans le futur accord. A présent c’est parti pour de nouveaux espoirs de voir tous ces accords dans l’accord mis en œuvre : certains à la fin du recensement biométrique, d’autres quand les commissions  à mettre en place auront reçu l’ordre de se réunir, d’autres encore quand les ministres auront donné l’ordre de préparer les projets d’arrêtés et de lettres circulaires.

Les « travailleurs » en service aux barrages routiers seraient heureux que ces actes soient pris dans une infinie lenteur. Leurs mandants aussi. En tout cas « le SMIG sera applicable dans tous les secteurs d’activités à compter de sa date de signature ». Après un certain PPTE, les élections législatives, l’installation du parlement, le retour du Gouvernement de mission et la fin de la fièvre Ebola, ce protocole d’accord n’interdit pas de rêver à des lendemains meilleurs pour le panier de la ménagère et le bien-être des travailleurs syndiqués de Guinée.

A une transition politique en perpétuel recommencement, l’intelligentsia syndicale vient d’ajouter les incertitudes et reports d’une  négociation interminable dans un contexte où le parlement est en dispute infinie sur le règlement intérieur qui devrait faciliter le fonctionnement de l’institution. Va-t-on vers une nouvelle situation de pays sans Etat ? La diffusion des documents d’audits longtemps cachés aux guinéens contribuera à donner la réponse quand tous les suspects auront été aux arrêts.

Par Lamarana DIALLO

Le Pop

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