[dropcap]E[/dropcap]bola, le virus responsable de la mort de plus de 4000 personnes dans le monde a existé en Guinée depuis 1982. C’est ce que révèle le Dr. Ben Youssouf Keita, médecin Guinéen à Paris. Député de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), il soutient, avec des documents à l’appui que le virus Ebola a bel et bien existé dans le pays au début des années 80.
La fièvre hémorragique a sévit en Guinée en 1982, selon le médecin Keita, membre de la commission Santé et Education du Parlement Guinéen. Le virus responsable de cette maladie figure parmi les plus contagieux et mortels chez l’homme et représente un grave problème de santé publique et un obstacle au développement économique. Au début des années 80, les virus Ebola et Lassa ont attiré l’attention de chercheurs Guinéens et Russes.
Des éléments de recherches clinico-épidémiologiques et de laboratoire sur les fièvres hémorragiques en Guinée publiés dans le volume 80 du Bulletin de la Société de Pathologie Exotique paru en 1987 établissent que le virus Ebola a fait des victimes dans la sous-préfecture de Madina-Oula (Kindia) en 1982.
Cette étude, selon nos enquêtes, a été réalisée par des chercheurs guinéens et russes à l’Institut Pasteur de Guinée basé à Kindia. Parmi eux, le Professeur Ibrahima Boiro, directeur du Laboratoire de virologie et de microbiologie dudit Institut, au moment des faits, et le docteur Cellou Baldé, actuel Secrétaire Scientifique dans le même Institut de recherche. Alphonse Péma Inapogui, le troisième Guinéen à avoir participé à cette étude est décédé, il y a quelques années.
Ce que dit le document
Le Bulletin de la Société de Pathologie Exotique, non des moindre, consacre plus de cinq pages à l’étude menée à Madina-Oula dans la période de mars à août 1982 et de janvier 1983. Au cours de cette période, des poussées de fièvres hémorragiques ont été enregistrées parmi les habitants de la sous-préfecture de Madina-Oula. Des recherches clinico-épidémiologiques et de laboratoire ont permis d’apprécier la gravité des virus Ebola et Lassa dans l’étiologie de ces maladies.
Au cours des expéditions dans cette sous-préfecture, les chercheurs ont fait des consultations clinico-épidémiologiques sur les populations de Madina-Oula, ainsi que des prélèvements sanguins et des captures de petits rongeurs sauvages et péri-domestiques. Dans leurs recherches, ces scientifiques ont effectué un prélèvement de 138 sérums sanguins de personnes non malades et 79 sérums sanguins de convalescents ont été prélevés. Les rongeurs quant eux ont été capturés à Madina-Oula et dans plusieurs autres secteurs des préfectures de Kindia et de Forécariah.
Cette étude qui date de 1982, une première sur le territoire guinéen, indique que les cas de maladies signalées à Madina-Oula étaient caractérisés par un tableau clinique : ‘’fièvre avec céphalées aux premiers jours de la maladie, toux et rhume, asthme, et fortes douleurs thoraciques aux muscles, aux reins, asthénie prononcée et dans certains cas du vertige, une anorexie, de l’amaigrissement’’. Chez d’autres malades, rapportent les chercheurs, ‘’des vomissements (quelques fois du sang), de la diarrhée et de l’hématurie ont été notées’’.
Les résultats des tests des 138 sérums sanguins effectués à l’Institut Pasteur de Guinée ont révélé la présence d’anticorps du virus Ebola dans 11 cas. Selon les données sur la mobilité due à des fièvres hémorragiques, sur 2168 habitants de Madina-Oula en 1982, 360 ont enregistré des cas de maladie, 137 d’entre eux ont succombé à l’infection.
L’étude montre également que tous les malades avaient eu des contacts suivis avec le milieu naturel environnant. Dans la majorité des cas, dès avant la maladie, ils avaient effectué des travaux champêtres au cours desquels ils avaient remarqué la présence d’un grand nombre de rats et de petits rongeurs. Selon les chercheurs, ces animaux pourraient constituer un réservoir naturel pour les agents responsables des fièvres hémorragiques. Parmi les animaux sauvages capturés lors des expéditions à Madina-Oula, les rats africains de l’espèce Mastomys natalensis étaient les plus nombreux. Ces rongeurs sont reconnus, par les scientifiques, comme étant réservoirs et des agents de transmission à l’homme du virus Lassa et éventuellement du virus Ebola dans d’autres pays.
Le virus a bien existé en Guinée avant décembre 2013
L’ancien ministre de l’environnement, Professeur Ibrahima Boiro, et directeur du Laboratoire de virologie, de microbiologie de l’Institut Pasteur de Kindia a piloté l’étude. Toutefois, il indique que le virus Ebola a peut-être existé en 1982. Ce qui est sûr, dit-il, l’équipe qu’il a dirigée a mis en évidence l’existence du virus Ebola à Madina-Oula.
‘’On a fait des tests sérologiques et nous avons détecté des anticorps d’Ebola dans les sérums sanguins’’, confirme-t-il. ‘’ Je dirigeais le laboratoire de l’Institut Pasteur. Entre temps, j’ai changé de profil, je travaille actuellement dans le domaine de l’environnement. Il ne faut pas que les gens racontent que le virus Ebola vient d’arriver en Guinée. Il est endémique.’’, précise Pr. Boiro.
Des chercheurs anglais ont récemment procédé au séquençage du génome du virus Ebola qui sévit actuellement en Sierra Léone, explique l’ancien ministre de l’environnement. Ces derniers ont constaté qu’il y a au moins 300 mutations entre le virus Ebola isolé en 1976 au Zaïre et celui qui fait ravage aujourd’hui. ‘’Je ne suis plus de ce domaine. Il y a longtemps que j’ai changé de profil. Je me suis totalement reconfiguré. Il y a une équipe à Kindia qui a travaillé sur le virus, ils peuvent servir à quelque chose dans la lutte contre la maladie’’, a-t-il coupé court.
Confirmation de l’Institut Pasteur
A l’Institut Pasteur de Kindia où il assume la fonction de Secrétaire scientifique, Dr. Cellou Baldé admet que des cas de malades d’Ebola ont été enregistrés en 1982 dans la sous-préfecture de Madina-Oula. Mais il se peut que le virus soit présent en Guinée plusieurs années avant, assure-t-il.
‘’Personne n’a pris contact avec nous depuis le début de la maladie’’, explique le Dr. Baldé. ‘’Nous sommes des chercheurs commis à une mission de l’Etat. Quand nous finissons les recherches, nous rendons compte à qui de droit. Il leur appartient d’utiliser à bon escient les résultats que nous leur avons donnés. Il ne nous revient pas de revenir sur les responsabilités d’un autre’’, analyse le chercheur.
Le virus Ebola est-il à sa première apparition en Guinée ?, lui relance-t-on. ‘’Je suis indigné par le fait qu’on raconte au peuple que le virus vient d’apparaitre dans notre pays. Le dire c’est comme si l’administration n’est pas une continuité. Nous l’avons décrit au moment où on ne pouvait même pas penser de choléra dans ce pays. Le Président Sékou Touré ne pouvait pas entendre d’épidémie en Guinée. Nous avons décrit le virus en 1983, soit un an avant sa mort. Nous avons publié les résultats en 1987, il revenait à qui de droit de les utiliser. Ce sont des résultats en santé publique. Il y a une structure à qui on a confié ces activités’’, souligne le Dr. Baldé.
La Coordination nationale de riposte contre Ebola ignore cette étude
‘’C’est une information que j’apprends de vous. J’ai même les cheveux qui se lèvent sur ma tête. Comment cette étude peut exister sans qu’on en parle’’, s’étonne Fodé Tass Sylla, chargé de communication de la coordination de riposte contre Ebola. Il nous donne aussitôt rendez-vous à son bureau pour parcourir le document. Là, il change de ton. ‘’La coordination va s’atteler sur le document et l’étudier scrupuleusement’’, a-t-il promis.
Si tel est le cas, le député Ben Youssouf Keita accuse les autorités de rétention d’informations. Il privilégie deux pistes : soit les gouvernants ont voulu ne pas en parler pour ne pas que la visite du Roi Mohamed VI ne soit reportée. Soit les ressources humaines du ministère de la santé sont incompétentes. Dans l’un comme dans l’autre, difficile de vérifier ces hypothèses auprès des autorités. Quoi qu’il en soit, le virus Ebola continue de faire des ravages et est loin d’être maîtrisé pour l’instant.
Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info
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A-t-on trouvé un remède à l’époque?Si non,qu’est-ce qui avait empèché la propagation du virus?Tant et tant de questions m’assaillent concernant ces révélations aussi …tardives,notamment à savoir quelles récommandations(mésures de protection)ont été proposées par l’Institut Pasteur de Guinée.
Ebola n’a pas fait que tu mal il à sus remplir les poches de pleins de responsable à commencer par le premier le prof Alpha Condé 🙂 #Ebola
Toi tu n’es pas intelligent et en plus de cela tu es vilain..sauvage….
[…] to investigate the 1982 outbreak at the time and subsequently a co-author of the 1987 paper, was interviewed by a Guinean newspaper. Baldé described how there had been considerable political pressure to downplay the 1982 outbreak. […]
[…] to investigate the 1982 outbreak at the time and subsequently a co-author of the 1987 paper, was interviewed by a Guinean newspaper. Baldé described how there had been considerable political pressure to downplay the 1982 outbreak. […]