[dropcap]L'[/dropcap]épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola en Afrique de l’Ouest a des répercussions à travers le monde, notamment en Asie.
Certes la FAO a averti mardi que les perturbations de la commercialisation et des échanges de produits alimentaires dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par l’Ebola ont entrainé une flambée des prix des denrées, alors même que les pénuries de main-d’œuvre risquent de compromettre les prochaines récoltes.
Mais au-delà de la région, l’inquiétude croit également. Notamment en Thaïlande, pays exportateur de riz, qui profitait jusqu’à récemment du fait que l’Afrique importe les deux-tiers des neuf millions de tonnes de riz qu’elle consomme chaque année.
Difficile aujourd’hui de rejoindre les ports d’Afrique de l’Ouest, les armateurs ne trouvant plus d’équipages disposés à décharger des cargaisons de riz thaïlandais dans la région, par crainte de contracter le virus à Ebola, note Vichai Sriprasert, président honoraire de l’Association des exportateurs de riz thaïlandais.
« Les commerçants en Afrique de l’Ouest tentent de constituer des stocks pour répondre aux besoins pendant les fêtes de Noël. Ils doivent acheter maintenant afin d’avoir assez de stocks. Mais si nous ne pouvons pas trouver suffisamment de navires pour s’y rendre, cela pourrait compromettre tout le commerce », explique M. Vichai.
En Thaïlande, les entrepôts regorgent de riz. Impossible pour les grossistes d’en acheter davantage aux agriculteurs, faute de place. Ce qui affecte les prix.
Toujours selon la FAO, la campagne de la récolte du riz et du maïs approche en Afrique de l’Ouest. Mais les pénuries de main-d’œuvre dues aux restrictions de mouvements et aux migrations vers d’autres zones pourraient mettre en péril la sécurité alimentaire.
D’autres responsables pensent que le commerce entre l’Asie et l’Afrique de l’Ouest se poursuivra, mais que les coûts des importations augmenteront, alors même que l’activité économique est largement compromise dans la région et que le chômage augmente.
Par ailleurs, des analystes s’inquiètent des entraves qui pèsent aujourd’hui sur les exportations de bauxite, d’aluminium et de fer en provenance d’Afrique de l’Ouest. Selon le journal nigérian Shipping Position Daily, les armateurs européens ont déjà augmenté leurs prix pour tenir compte de la crise suscitée par l’épidémie de virus à Ebola.