[dropcap]D[/dropcap]e nombreux médecins guinéens sont morts depuis le depuis de l’épidémie Ebola. Le personnel travaille dans des conditions difficiles. Depuis qu’Ebola a été déclarée en Guinée, le virus a emporté au moins 24 membres du personnel médical guinéen (officiel).
Aujourd’hui, dans les structures sanitaires du pays, notamment à Conakry la capitale, la peur, la panique et la stigmatisation, s’emparent du personnel de santé et des citoyens.
‘’On n’a pas de sécurité au travail ! En Guinée, ça n’existe pas. Notre problème ici, c’est notre santé à nous, avant celle de la population, parce que si en tant que guérisseur, tu n’es pas toi-même protégé, il y aura forcément des problèmes’’, s’emporte une infirmière aux urgences de l’hôpital national Donka, rencontrée par afriqueactualite.com.
Les médecins, fidèles au sermon d’Hypocrate, se retrouvent en première ligne. ‘’Tu es en blouse, un malade vient vers toi, tu ne peux pas le fuir. Tu t’occupes de lui. C’est ainsi que beaucoup de médecins ont été victimes. Nous, nous sommes comme des soldats sur le terrain de combat : on ne peut plus reculer. On a choisi ce métier et c’est pour ça qu’on est là. Sinon, l’hôpital n’a plus qu’à fermer’’.
Inquiétudes et peur
‘’Le problème d’Ebola nous inquiète à plus d’un titre. Parce que le problème, c’est notre santé d’abord avant celle de la population. Si tu es guérisseur et tu n’es pas protégé, c’est un autre problème. Mais on est obligé de faire avec’’, ajoute une sage-femme, en poste à la surveillance médicale dans le plus grand centre hospitalier du pays.
Une autre maman sage-femme affirme à voix basse: ‘’nos enfants, nos maris ont peur pour nous. Nous sommes mères de famille, mais nous risquons. Nos enfants ne veulent même pas qu’on vienne ici (à l’hôpital, NDLR). Pour eux, on vient pour contracter cette maladie.’’
La population reste terrorisée par la propagation de l’épidémie dans les différents foyers. ‘’Tout le monde est tourmenté par cette maladie. Nous sommes stigmatisés à la maison. Parce que tout ce qu’ils entendent à la radio, ça les effraie’’.
Conditions de travail difficile
Vêtues de blouses blanches, trois infirmières sont assises dans un bureau contigu aux urgences de l’hôpital Donka. Un seul ordinateur leur sert pour la saisie de documents. Faute d’électricité et d’eau, parfois, le travail du personnel est compromis.
Sous équipé en matière de médicaments et de matériels de protection, le personnel se débrouille avec les moyens de bord. Mais les risques sont ‘’grands’’.
‘’On ne peut pas faire de diagnostics différentiels. Parce que les symptômes d’Ebola ressemblent beaucoup à ceux d’un palu grave. Les vomissements, la fièvre, les céphalées, les saignements par voie anale ou buccale’’.
Le travail se complique au fil du temps dans le centre hospitalier, explique un jeune stagiaire.
‘’Ici, parfois l’eau même nous manque. On est obligés de laver les mains après chaque consultation. Il n’y a pas de courant dans nos hôpitaux. Et la Société des Eaux de Guinée (SEG) ne ravitaille pas Donka. Ce sont les forages qui nous ravitaillent, et ils ne marchent qu’avec le courant. Il y a des semaines, on peut avoir le courant ici que deux ou trois jours. S’il n’y a pas de courant, il n’y a pas d’eau. Les points de lavage des mains n’existent pas dans les salles. Le groupe électrogène manque de carburant’’, révèle un médecin.
Pour avoir des résultats efficients de la part du personnel soignant, les médecins exhortent le comité interministériel à bien utiliser l’argent octroyé à la Guinée afin de sauver des vies humaines.
‘’Parce qu’Ebola ou pas Ebola, à l’hôpital, on est exposés. Personne ne sait combien des personnes sont mortes du sida par les infections. L’hôpital est un lieu de rencontres de tous les microbes. Il est impératif qu’ils (les autorités, NDLR) mettent tout en œuvre pour nous mettre dans des conditions de travail idoines’’, conclut un médecin sexagénaire.