Alors que les Guinéens se battent pour une meilleure gouvernance, cherchant à créer un climat favorable aux investissements en vue d’un décollage économique, à travers la transformation des ressources du sol et du sous-sol, il est nécessaire que l’éducation soit adaptée aux nouvelles donnes.

L’école guinéenne doit pouvoir répondre aux besoins de formation et d’orientation pour que les Guinéens puissent occuper une place de premier plan dans la marche du pays vers le progrès.

Notre système éducatif connait une crise aigüe, comme c’est le cas de la plupart des pays du monde aujourd’hui, à mesure que les enjeux politiques, économiques et surtout technologiques se multiplient. Il est facile de remarquer que certains programmes d’enseignement ne répondent plus aux besoins du moment. Ce qui nécessite un réajustement urgent afin de créer une adéquation entre le contenu de nos formations et les besoins sur le marché de l’emploi pour les jeunes et ceux stratégiques pour les employeurs que sont l’Etat et les entreprises.

Les décideurs doivent agir assez vite dans le cadre de cette réorientation de nos programmes à travers un réajustement fonctionnel, stratégique et ambitieux. L’exploitation minière, l’agriculture, la construction, la gestion des infrastructures l’énergie, les NTIC etc. sont autant de secteurs qui méritent une attention soutenue pour de meilleures perspectives.

Cela nécessite la formation et le renforcement des capacités des acteurs de l’éducation et particulièrement les formateurs à tous les niveaux pour une meilleure appropriation de ces nouveaux programmes et leur vulgarisation. Ce qui pourrait constituer une seconde étape de cette indispensable réforme du système éducatif guinéen.

Il est assez dur de remarquer que la plupart des postes techniques et stratégiques dans les multinationales qui opèrent chez nous sont occupés par des étrangers (Ghanéens, indiens, indonésiens, philippins, sud-africains, sénégalais etc.), alors que le chômage devient préoccupant et les besoins en main d’œuvre qualifiée augmentent de jour en jour. Plusieurs formations dispensées dans les écoles ne sont plus adaptées aux besoins des entreprises. Il serait salutaire de corriger cette défaillance très vite si nous voulons que les ressources disponibles profitent aux filles et fils du pays.

L’apprentissage de certaines langues étrangères, notamment l’anglais et le chinois doit faire partie de ces programmes de formation et de perfectionnement, car ce manque constitue un facteur qui maintient de nombreux compatriotes à des postes subalternes alors qu’ils ont les compétences techniques et intellectuelles nécessaires pour occuper des postes à responsabilité dans les industries. Ce constat est plus remarquable dans le secteur minier où les Guinéens peinent à s’imposer dans la gestion des grandes structures dans un environnement multinational complexe où la compétition est assez rude.

Ensuite, vient la question de la méthode d’enseignement dans les classes, salles et amphithéâtres où la passivité et certaines méthodes classiques contribuent à démotiver les apprenants et à forger des mentalités de soumis, de suiveurs et tuent systématiquement la créativité. Cette philosophie de ‘’l’unique bonne réponse’’, celle du maitre, de l’enseignant, du formateur a montré ses limites.

En conclusion, il est urgent que le transfert de compétences et de technologies soit une réalité au sein de notre système éducatif. Nouer des partenariats stratégiques avec des institutions d’enseignement techniques et technologiques de bonne réputation à l’international, l’identification et le rapatriement de nos ressortissants compétents qui sont éparpillés à travers le monde, améliorer les conditions de travail afin de fixer les compétences et circonscrire la fuite des cerveaux, instaurer la culture du mérite etc. sont autant d’approches favorisant une transformation de nos mentalités et la révolution technique et technologique dont nos jeunes doivent désormais être des pionniers.

Boubacar DIENG