Dimanche soir, les religieux ont demandé aux forces vives de surseoir aux manifestations du 17 au 18 mai. Une requête rejetée par les acteurs sociopolitiques opposés à la gestion de la transition. Ils estiment qu’aucun résultat probant a été obtenu autour de la table sur toutes les questions préjudiciables.

Au micro de VisionGuinee, le vice-président de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) estime que la solution pour une crise se trouve entre les mains du colonel Mamadi Doumbouya. Entretien…

VisionGuinee : Comment analysez-vous la demande des religieux de surseoir aux prochaines manifestations des forces vives ?

Édouard Zotomou : Nous trouvons que la démarche est louable. Mais nous pensons que la demande vient un peu en retard. Parce que toutes les occasions ont été données aux religieux de pouvoir trouver la solution. Il y a eu pratiquement deux mois sans que rien ne se passe sur le terrain. Nous pensions que cette période aurait dû être mise à profit pour rapprocher davantage les positions. Nous nous sommes rendu compte que ce sont les promesses qui venaient. Les démarches n’ont pas abouti et il se trouve que les manifestations ont été déjà programmées. Elles avaient été annulées pour donner la chance aux uns et autres de discuter autour de la table pour la mise en place d’un cadre de dialogue consensuel, pas un cadre imposé. Car nous sommes dans une transition qui se gère par un consensus. Donc il faut qu’on s’entende. Maintenant, ça va être très compliqué. Je ne vois pas comment les forces vives vont surseoir à des manifestations déjà programmées.

Que préconisez-vous pour une sortie de crise ?

Il faut convaincre les autorités en vue de créer un cadre de dialogue qui soit inclusif conformément aux recommandations de la Cedeao. Les négociations doivent avoir lieu sous le parrainage de la Cedeao et le G5. C’est regrettable. S’il y a un cadre de dialogue inclusif qui tient compte de toutes les préoccupations qui ont été déjà portées à la connaissance des autorités, ça peut résoudre les problèmes.

Pensez-vous que les religieux sont écoutés en Guinée ou il y a une crise de confiance qui plane ?

Avant, on y pensait. Mais depuis un certain temps, il y a quand des doutes qui avaient commencé à planer sur l’effectivité de démarches entreprises par les religieux. Quand on est hommes de Dieu, il faut qu’on soit à équidistance des protagonistes ou des parties en conflit. Quand les religieux font semblant de jouer le jeu, ça rend quand même difficile les efforts de rapprochement. Je ne pense qu’à l’heure actuelle, les religieux soient investis de la confiance de tout le monde. Beaucoup pensent que les religieux ne sont plus à même de pouvoir conduire cette mission.

Dans ce cas, peut-on s’attendre à un rapport de force entre les autorités de la transition et les acteurs sociopolitiques ?

Non ! Ce n’est pas totalement là où on peut aller. Puisque le colonel [Doumbouya] se rend compte qu’on est en train de le tromper et il a le dernier mot de cette affaire. Il peut prendre toutes les dispositions pour trouver la solution à ce problème. Tout est entre ses mains. S’il prend ses responsabilités et se rend compte qu’on le trompe en disant que les politiques sont contre lui, peut-être qu’il va prendre des dispositions. Tout est à son niveau.

Face à cette situation, quel message avez-vous à l’endroit du chef de l’Etat ?

Nous avons toujours dit que le colonel Mamadi Doumbouya est victime de son entourage. Il peut être de bonne foi. Au départ, ça se sentait à travers les discours de prise du pouvoir. Mais peu de temps après, on a commencé à voir des déviations. Donc, à un  moment donné, on l’a désorienté complétement de la trajectoire qu’il aurait dû prendre.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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