[dropcap]A[/dropcap] Bruxelles, VisionGuinee a rencontré un guinéen de la diaspora. Son nom, Elhadj Moussa Diallo, gestionnaire de profession et activiste du Centre démocrate humaniste (CDH), un parti belge sous la bannière duquel il a pris part aux élections fédérales de 2014. Loin de son pays natal, il suit de près l’actualité et lance un appel à la diaspora pour une Guinée nouvelle. Entretien !
VisionGuinee : Bonjour M. Diallo, pour nos compatriotes qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous ?
Elhadj Moussa Diallo : Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez de m’exprimer au micro de VisionGuinee. Je suis né à N’diouria, un village relevant de la préfecture de Gaoual. Je suis titulaire d’un diplôme en Gestion économique et en Gestion des finances publiques. Je travaille actuellement à Bruxelles où je m’occupe de la gestion du budget au sein du département de la prévention et de la sécurité. Par ailleurs, j’ai une casquette politique et je suis très engagé tant sur le plan associatif en Belgique. Je suis membre du parti centriste dénommé « Centre démocrate humaniste ». J’ai d’ailleurs eu la chance d’être porté sur la liste nationale de ce parti lors des dernières élections fédérales de 2014 où j’occupais la 12ème. Bien que n’ayant pas été élu, nous continuons à nous battre avec toutes les communautés pour que nous puissions porter nos projets sur le débat national belge. En somme, voilà qui je suis : un belgo-guinéen installé en Belgique depuis une quinzaine d’années qui a fait une partie de ses études ici et l’autre en Guinée.
Plus d’une quinzaine d’années à Bruxelles, vous semblez bien intégré en Belgique. Cela n’a pas dû être facile…
Disons que c’est le parcours commun de toute personne qui quitte son pays d’origine. Quand on décide à un moment ou un autre, pour une raison ou pour une autre, de quitter ses racines, son pays pour des horizons inconnus, évidement c’est un parcours difficile, complexe et plein d’embuches mais il faut se battre. A l’instar de nombreux guinéens, je suis né et j’ai été éduqué dans une famille où il y a une multitude d’enfants avec des valeurs traditionnelles basées sur le respect, la tolérance mais surtout sur l’engagement de soi pour essayer de gagner sa vie de manière saine et être au service des autres.
Avec cette motivation, une fois arrivé en Belgique, j’ai repris mes études. En Guinée, j’ai obtenu un diplôme en Biochimie en 1999 à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Arrivé ici pour des raisons de repositionnement professionnel, j’ai décidé de tout abandonner pour reprendre des études en sciences économiques. A l’issue de cette formation, par la ténacité et la persévérance, on faisait de petits jobs par-ci et par -là pour s’en sortir. C’est simplement une détermination, un engagement pour montrer qu’on a les mêmes chances que les autres. Il y a certes pleins d’embuches, pleins d’obstacles, des problèmes ethniques et racistes ne sont pas plus à occulter, mais il faut être fonceur.
Et comment avez-vous réussi à intégrer un parti politique Belge jusqu’à occuper le 12ème rang sur la liste nationale ?
Disons c’est la sincérité, l’engagement et la volonté permanente d’être au service des autres. La politique, la manière dont je la conçois, c’est cet engagement désintéressé pour servir des causes nobles et justes. Dès mon arrivée en Belgique, j’ai occupé le poste du vice-président de l’association des étudiants Guinéens. A partir de là, le mouvement associatif a vu le jour et je me suis forgé un chemin dans le choix, le combat, le traitement et pour la régularisation de nos compatriotes.
De 2000 à 2008, certains de nos compatriotes qui étaient dans des situations difficiles ont dû occuper des immeubles désaffectés, des églises jusqu’à ce que leurs situations soient revues par les autorités. C’est l’occasion de remercier celle qui m’a permis d’être sur cette liste nationale : Mme Joëlle Milquet qui était présidente de notre parti et qui était en même temps dans le gouvernement fédéral. C’est grâce à cette dame que de milliers de guinéens et d’africains sans papiers ont pu être régularisés. Donc, du combat associatif que je menais, le chemin politique n’était pas très loin parce que j’ai toujours tendance à dire que le pourvoir change fondamentalement les choses. Il faut être là où les choses se décident. Dans les états démocratiques, les décisions se prennent dans les assemblées. Le sénateur Bertin Mampaka Mankamba, congolais d’origine, qui est dans le même parti politique que moi s’était investi pour être élu. Retrouver des hommes de ce calibre à l’intérieur d’un même parti, ce n’était que motivant et excitant.
Parlez-nous de la situation des sans-papiers ici en Belgique.
Il n’y a pas un traitement spécifique pour la Guinée ou d’autres pays. En ce qui concerne la situation de nos compatriotes, il y a une première vague d’immigrés en Belgique. Vous savez que la Guinée a été dirigée pendant 26 ans par un dictateur communiste, feu Ahmed Sékou Touré, puis pendant plus de 24 ans par un régime militaire. Durant ces périodes-là, il y a des guinéens qui ont fui. Ils sont partis dans différents pays pour demander la protection.
Beaucoup de dossiers à l’époque ont été acceptés puisque les conditions économiques des pays hôtes le permettaient. Mais de nos jours, vous ne pouvez faire une demande de regroupement familial que lorsque vous disposez d’un travail avec un revenu suffisant. Ce sont les conditions financières qui dictent désormais la politique migratoire. Avant, vous pouviez faire venir votre maman sans souci par le canal du regroupement familial, mais de nos jours, ce n’est pas possible. Les conditions se durcissent de plus en plus.
Quand on parle d’immigration, on met souvent l’accent sur les sans-papiers. Mais moi je connais des guinéens qui ont réussi ici avec des parcours exceptionnels. Des jeunes guinéens qui sont venus à Bruxelles quand ils n’avaient qu’entre 17 et 18 ans sans aucune assistance financière, sans aide, mais ils s’en sont sortis pour devenir plus tard des médecins, des avocats. Des guinéens qui ne sont pas nés ici, de parents venus de cette vague migratoire, sont devenus directeurs généraux adjoints de banque.
Pour mon cas par exemple, je suis venu avec un visa étudiant. Au terme de mes études, je devrais rentrer en Guinée. Mais je suis resté en Belgique, mais je n’ai pas croisé les bras. Je me suis battu et aujourd’hui j’ai accès à des institutions belges, à des parlements belges via mon engagement politique. Je crois que ceci doit être mis en exergue.
Loin de la Guinée, quelle analyse faites-vous de la situation sociopolitique dans notre pays ?
Nous avons une observation très lucide de ce qui se passe en Guinée. Nous avons une déception terrible de la gouvernance actuelle, pour la simple raison que nous avions estimé qu’une personne comme Alpha Condé devrait rassembler, orienter son peuple pour développer la Guinée. Parce qu’il se dit professeur de droit, qu’il a côtoyé, dit-on, des institutions comme la Sorbonne et qu’il a vécu pendant 50 ans au berceau de la démocratie, ce pays qui a vu naitre la révolution française, qui a consolidé le droit et la liberté de son peuple.
Que reprochez-vous concrètement au président Condé ?
Nous avons constaté qu’il fait de la manipulation. Au lieu de rassembler, sa gouvernance actuelle accentue la division et l’exclusion. Or, il est évident qu’on ne peut pas construire une nation comme ça. La déception est nette. Il a obtenu un second mandat de la manière dont nous savons tous. Qu’il puisse maintenant partir et laisser le peuple de Guinée le libre choix de son avenir. Cela lui grandira, apaisera les tensions et permettra à la Guinée d’avoir un nouveau départ.
Vous critiquez la gouvernance d’Alpha Condé, mais face à lui il y a une opposition. Pensez-vous qu’elle joue véritablement son rôle de contre-pouvoir ?
J’ai été un militant des premières heures du PRP de Siradio Diallo. J’y suis resté jusqu’à sa transformation en Union pour le progrès et le renouveau (UPR). J’ai quitté parce que ce parti ne correspondait plus aux aspirations qui étaient les miennes. Nous savons pertinemment qu’en face d’une dictature qui ne dit pas son nom, une opposition qui est désarmée, qui n’a que la force de l’argument et ses militants, elle est à féliciter dans l’ensemble et en particulier le chef de file Elhadj Cellou Dalein Diallo, président de la principale formation politique de l’opposition guinéenne. Il lui a fallu, en 2010, avaler une pullule amère, sinon nous ne serions pas là aujourd’hui.
Cette opposition, disons-le haut et fort, s’est battue en 2013, ne l’oubliez pas, il a fallu que plus 67 personnes tombent sous les balles des forces de l’ordre pour qu’on parle d’élections législatives. C’est seulement en Guinée qu’on se permet d’accuser une victime d’avoir été victime tout en laissant le meurtrier vaquer librement à ses occupations. On ne doit pas accuser l’opposition d’avoir utilisé un droit que la loi lui confère. En Guinée, vous avez en face de l’opposition un pouvoir qui tue des jeunes à la fleur de l’âge sans aucune poursuite judiciaire. Contrairement à l’Occident où il suffit d’un petit truc au niveau d’une administration pour que la justice ouvre des enquêtes sur un élu du peuple ou un ministre qui prend d’ailleurs le soin de démissionner pour se mettre à la disposition de la justice et que celle-ci fasse son travail.
On vous sent un peu flatteur à l’égard de l’opposition et critique vis-à-vis du régime d’Alpha Condé, seriez-vous prêt à vous mettre au service du pouvoir central de Conakry ?
Je suis patriote et disposé à servir mon pays, mais pas à tout sacrifice. Pour moi, ce gouvernement d’Alpha Condé n’a pas été à la hauteur des attentes des guinéens. Je m’investis autrement pour servir mon pays, mais pas en m’associant à ce régime. A titre d’exemples, j’œuvre pour un rapprochement entre la Guinée et la Belgique. Mes relations politiques m’ont permis, sur la base d’un projet que j’ai monté, de venir en aide à des populations à la base. J’ai pu obtenir un financement pour pouvoir réaliser dans les quatre sous-préfectures de Gaoual des toilettes publiques dans l’enceinte des centres de santé.
Je suis disposé à aider ceux qui se battent pour la démocratie. Je suis disposé à aider Elhadj Cellou Dalein Diallo parce que pour moi aujourd’hui c’est cette personne qui incarne cela. Alpha Condé ne peut pas se regarder dans un miroir et se dire ‘sous mon règne 67 guinéens ont été tués. Jusqu’à ce jour les auteurs de ces meurtres ne sont pas punis’. C’est irresponsable pour le gouvernement qui paie des agents pour assurer la sécurité des personnes et leurs biens de dire que c’est l’opposition qui est responsable.
Pour finir, un message à l’endroit de nos compatriotes ?
Je lance un appel aux guinéens de la diaspora partout où ils se trouvent, qu’ils se disent qu’ils ont une responsabilité déterminante pour l’avenir de notre pays. Ils ont sur eux la responsabilité de s’engager que ça soit sur le terrain associatif, coopératif, de l’entraide mutuelle. Il est de leur devoir de monter et d’amener des projets pour la Guinée afin que les populations puissent en profiter directement. Par ailleurs, je lance un appel à l’ensemble des guinéens pour qu’ils se regardent les yeux dans les yeux et disent que ce n’est pas une puissance étrangère qui viendra développer notre pays, y instaurer la démocratie et faire respecter la loi. Si nous le voulons, la Guinée de demain sera meilleure. De 1958 à nos jours, en Guinée, une des premières nations indépendantes de l’Afrique de l’Ouest, nous parlons d’eau et d’électricité. Il faut qu’on s’arrête à un moment donné pour faire le point de la situation, regarder dans le rétroviseur et se poser la question de savoir pourquoi certaines choses n’ont pas marché. En le faisant, on pourra s’orienter vers une nouvelle dynamique sincère de rassemblement de tous les guinéens sans exclusion aucune.
Je demande à la jeunesse de refuser d’être instrumentalisée. Qu’on accepte d’être une jeunesse responsable et consciente, qui doit pour être un rempart contre toute forme de dictature dans notre pays
Réalisé à Bruxelles par Amadou Aliou BARRY, pour VisionGuinee.Info
Il faudra dire à koto Moussa de la ferme,politiquement ,il n’est rien ici (Belgique)même sa propre communauté ne la respect pas,alors gare à lui,je te pardonne pour ne pas dévoilée tous sur toi…….stop. Stop
Il faudra dire à koto Moussa de la ferme,politiquement ,il n’est rien ici (Belgique)même sa propre communauté ne la respect pas,alors gare à lui,je te pardonne pour ne pas dévoilée tous sur toi.lèche botte de Celou Dalein à Bruxelles,
Hi!. Me ha alucinado observar tu sección. Me ha semejado una lectura muy seductora, pese a que, en algunos trazos difiero un poco
de su criterio. He corregido que tiene más manifestaciones, juro tomarme
un momento para estudiarlas. Ten por fiable que escoltaré todas tus divulgaciones.
Te congratulo por tu sitio web. Un amable saludo.