[dropcap]S[/dropcap]on intronisation en grande pompe à Kindia du 14 au 16 mai dernier n’aura duré que deux semaines. Elhadj Sékhouna Soumah n’est plus le kountigui (patriarche) de la Basse Guinée. Un intérimaire a été désigné à sa place ce mercredi 1er juin jusqu’à l’organisation d’une nouvelle cérémonie.

La décision a été prise cet après-midi lors d’une réunion à Dabondy au domicile de l’ancien patriarche de la Basse Guinée, Elhadj Sékou Ismaël Soumah.

Après le décès de ce dernier, dans le souci de préserver et de pérenniser l’atmosphère conviviale et de fraternité, le conseil des sages et le collectif des patriarches des 8 préfectures et des 5 communes de Conakry ont décidé de sursoir à toute désignation du kountigui de la Basse Guinée jusqu’à la fin de la période de veuvage.

Dans une déclaration faite à la presse, Elhadj Cheick Mouctar Sylla, désigné patriarche par intérim, a expliqué que la désignation de tout kountigui repose sur un certain de nombre de critères.

“Il doit être un homme indépendant et libre de tout engagement administratif et politique, être d’une grande sagesse, constant dans ses déclarations et prises de décisions, être de bonne moralité et avoir eu dans le passé une conduite remarquable exempte de toute attitude qui puisse ternir l’image de la communauté”, énumère-t-il.

Ce n’est pas tout. Pour être kountigui, il faut être un homme dont l’humilité, l’impartialité et le sens de la dignité sont valeurs d’exemple, et doit être désigné par consensus au cours d’une assemblée générale sous l’autorité des patriarches.

S’exprimant au nom du conseil des sages des 5 communes de Conakry et du collectif des kountiguis des 8 préfectures de la Basse Guinée, Elhadj Cheick Mouctar Sylla a désapprouvé la cérémonie d’intronisation d’Elhadj Sékhouna Soumah à Kindia. Une cérémonie, martèle-t-il, qui met à nul l’esprit de division des filles et fils de la Basse Guinée.

Présent à la rencontre, le général Facinet Touré, médiateur de la République a déclaré qu’Elhadj Sékhouna Soumah ne peut pas être le kountigui de la Basse Guinée. “On ne peut pas parler de kountigui alors que le corps du défunt (Elhadj Sékou Ismaël Soumah) ne s’est même pas décomposé dans sa tombe. Ils ont marché sur la pointe des pieds pour aller à Tanènè installer un soi-disant kountigui de la Basse Côte alors qu’ils ne sont pas plus basse-guinéens que nous’’.

Et de poursuivre : ‘’Les sages ne souhaitent pas qu’il y ait deux kountiguis. Ceux qui sont allés l’installer là-bas sont des rebelles, on ne peut les appeler pour qu’ils se joignent à nous. C’est la population de la Basse Guinée qui doit nous aider en refusant de les suivre. Si on ne les suit pas, évidemment, ils ne sont plus rien. Ils seront obligés de se joindre à nous’’.

Mamadou Sylla, député à l’Assemblée nationale, enfoncle le clou et dénonce les conditions dans lesquelles Elhadj Sékhouna Soumah a été intronisé. “Celui qui était kountigui est décédé il y a juste deux mois. Humainement, on ne peut pas laisser ça pour aller installer quelqu’un comme kountigui’’.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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