[dropcap]L’[/dropcap]ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Louncény Camara est celui qui, vraisemblablement jouit des bonnes grâces de son mentor de président Alpha Condé durant les 5 années de la mandature de celui-ci.
Cette ancienne bête noire de l’opposition républicaine, après son départ à la tête de l’instance électorale, est passé dans les médias publics le 5 septembre 2013 pour annoncer sa démission de la Céni pour, disait-il, l’intérêt supérieur de la nation.
Le jeudi 8 novembre 2013, Louncény Camara est fait ministre du Tourisme, de l’hôtellerie et de l’artisanat. Ses détracteurs trouvent derrière cette nomination, une récompense ‘‘bien méritée’’.
Mais contre toutes ces piques, Louncény Camara résisté et s’est plutôt livré à l’accomplissement du travail tel que défini par la feuille de route d’un département agonisant, et auquel il a insufflé autant qu’il le pouvait jusqu’au mercredi 15 janvier 2014, date de démission du Premier ministre et de l’ensemble de son gouvernement.
Louncény Camara réussit à se distinguer parmi les ministres
A la demande du président Alpha Condé, le Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana et l’ensemble de son gouvernement ont annoncé leur démission le mercredi 15 janvier 2014. Celle-ci intervient au lendemain de l’élection d’un nouveau président à l’Assemblée nationale, désigné à la suite des législatives du 28 septembre 2013.
‘‘Je viens à l’instant de remettre la lettre de démission de mon gouvernement au président de la République. Ce matin déjà, le chef de l’Etat était venu à mon bureau, participer au Conseil interministériel qui avait été organisé pour la circonstance. Il a remercié les membres du gouvernement pour tous les efforts qui ont été abattus durant ces trois ans’’, a indiqué ce jour le chef du gouvernement au sortir d’une audience que lui avait accordée le chef de l’Etat, à Sèkhoutouréya.
Et d’ajouter : ‘‘Dans l’activité humaine, il y a toujours des actes qui réussissent et d’autres qui ne réussissent pas. Mais dans l’ensemble, il (le président Alpha Condé : Ndlr) est satisfait des efforts qui ont été fournis et il a pris l’engagement de continuer à œuvrer pour que ce pays sorte de la misère’’.
Alors, le chef de l’Exécutif a promis un gouvernement de mission pour réussir le véritable développement après s’être débarrassé d’un premier mis en place sur une base essentiellement de récompense.
Alpha Condé met en place un gouvernement ‘‘missionnaire’’
Au soir du lundi 20 janvier 2014, le décret nommant les membres du nouveau gouvernement est rendu public sur les ondes des médias publics. Si la précédente était composée de 44 membres, la nouvelle équipe dite de mission en compte 34 avec des permutants, des confirmés, dont le béni Louncény Camara, et des entrants.
Ce remaniement n’inspire pas confiance à certains analystes, avec la reconduction du Premier ministre Saïd Fofana et de certains de ses ministres du gouvernement démissionnaire. En fait, le retour de Saïd comme chef de gouvernement a surpris plus d’un. Puisque son magistère a été des plus médiocres qu’on ne l’imaginait avec l’avènement de l’opposant historique qui prônait le changement dans la manière de gérer le pouvoir. Mais bof !
Louncény Camara décroche son 3è décret
Louncény Camara exercera encore au ministère du Tourisme jusqu’au 31 mars 2014, avant que le Président de la République ne lui renouvèle sa confiance en le nommant ministre de la Pêche et de l’Aquaculture. A ce poste, l’ancien président de la Céni ‘‘relève’’ Moussa Condé Tata Vieux qui, à son tour, est nommé ministre du Tourisme.
Dans un décret lu mercredi 29 avril, le syndicaliste Louncény Camara s’est encore démarqué parmi ses pairs, en s’adjugeant le poste du ministre de la Ville et de l’aménagement, en remplacement d’Ibrahima Bangoura, un protégé du général Mathurin Bangoura, cet officier qui a monnayé son limogeage du gouvernement avec la nomination du ministre déchu.
Comme Mathurin, les généraux Mamadouba Toto Camara, ancien ministre de la Sécurité, et Mamadou Korka Diallo, ex ministre de l’Elevage avaient fait autant. Le premier a fait nommer sa femme Mimie Koumbassa promue ministre des Affaires sociales et le second, son proche Bailo Téliwel Diallo, actuel ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Le mal aimé de l’opposition est pourtant l’ami préféré d’Alpha Condé
Le controversé Louncény Camara qui a pris les rênes de la Céni après la présidentielle de 2010, a été pendant longtemps décrié par les acteurs politiques de l’opposition qui dénonçaient son appartenance au parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel.
Plusieurs manifestations ont été organisées à Conakry par les principaux leaders de l’opposition alors réunis au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et l’Alliance pour le développement et le progrès (ADP). Ils exigeaient le départ de la Céni du sieur Camara.
Mais il a fallu attendre jusqu’au 5 septembre 2013 pour voir le mis en cause annoncer sa démission dans une déclaration radiotélévisée, pour, disait-il, l’intérêt supérieur de la nation.
Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info
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