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Entretien avec Adjim Danngar, dessinateur de presse et auteur de bande dessinée

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Présent au festival ‘’Bulles d’Encre 2013’’, Adjim Danngar, est un jeune tchadien dessinateur de presse et auteur de bande dessinée. A cause de son crayon, il vit aujourd’hui exilé en France. La rédaction de Vision Guinée l’a rencontré dans les couloirs de ce festival.  «Mon cœur est toujours au Tchad  même si je vis ailleurs. Y retourner un jour, est mon plus grand souhait » nous confie-t-il. Lisez !

Vision Guinée : Ça vous fait quoi de participer au festival ‘’Bulles d’Encre’’ ?

Adjim : Ce qui se passe ici est super, il y a Bingo qui donne  suffisamment  de l’espace aux dessins, il y a le   journal satirique  Le lynx et j’espère qu’il y aura d’autres sur la liste. Je trouve du professionnalisme dans le travail car, à travers les caricatures, on reconnait les personnages politiques sans oublier le côté humoristique. Nous sommes heureux lorsqu’on se rencontre entre dessinateurs, c’est un vrai brassage de nationalités, de cultures etc. Cela enrichit notre expérience.

Comment vous vous êtes retrouvés dans le dessin ?

Je crois que je suis arrivé dans le dessin de presse en découvrant un espace de liberté dans la spontanéité. Ce que je dirai contre vents et marées. Il faut absolument vivre de sa passion. Les gens qui aiment bien le dessin, l’actualité, l’information, il y aura toujours des obstacles qui pourront à un moment donné semer des doutes ; soit matériellement ça peut être décourageant. On peut également avoir d’énormes pressions. Tous ceux-ci accumulés peuvent facilement dissuader pour la passion. La vie c’est des parcours des hauts et des bas alternativement. Les difficultés c’est partout. Les dessinateurs de presse doivent s’armer de beaucoup de courage, de passion, de curiosité.

Parlez-nous de vos débuts…

J’ai commencé par la bande dessinée d’abord, j’ai été formé à l’atelier rue de Chari. Malheureusement, il n’y avait pas de support donc pas de maison d’édition spécialisée dans ce domaine ce qui pouvait en tout cas me permettre de continuer à dessiner. C’était les dessins de presse, il y avait des journaux qui étaient en demande. J’ai commencé par le journal destiné aux jeunes lycéens et collégiens, qui parle de culture ‘’Rafidi’’.   Puis, j’ai intégré Le Miroir, un journal satirique qui ouvre plus d’espace aux dessins.

Pourquoi êtes-vous en asile en France ?

A cause de mon crayon j’ai demandé l’asile en France. Tout a commencé quand j’étais au journal Le Miroir, j’ai commencé à faire illustrer des sujets sensibles tels que : la guerre au Darfour, le commerce frauduleux détenu par la famille proche de Idriss Déby… Cette famille a le monopole parce qu’elle se permet de faire le trafic du pétrole entre le Nigéria et le Tchad sans payer les taxes. Ce qui m’indignait dans cette affaire de trafic, ce qu’en fait des pauvres handicapés qui voulaient se débrouiller, faire la même chose, on les arrête, tabasse, on leur arrache leurs marchandises. Mais les gros caïds qui vont ramener des citernes de pétrole passent sans payer les taxes. Donc, j’ai fait beaucoup de dessins là-dessus.

Et par la suite…

J’ai reçu de menaces de mort jusqu’à des agressions physiques. J’ai failli être arrêté. Le 23 novembre 2004, je devrais partir pour le salon de livre de Montreuil en France où j’étais invité. Il y avait une dizaine de paramilitaires qui était en pick-up, les voitures de la police donc un peu en turban, ils ont débarqué, ils nous ont tabassés. J’étais avec des amis et deux journalistes qui étaient proches qui voulaient m’accompagner à l’aéroport. A cause de ça, il y a eu des amis qui ont été blessés. J’ai raté mon vol du 23.

Qu’aviez-vous fait après ?

Le lendemain matin, les amis scandalisés, et disaient : « Mais voilà tu essayais de voyager et ils t’ont agressé, ils te privent tes droits… » Ils voulaient faire un scandale, un peu de bruit dans les radios en m’accordant des interviews. Je leur ai dit que j’ai déjà assez d’ennuis et que tout ce que je souhaite, c’est sortir tranquillement et si je réussissais à faire une autre  réservation. Parce que ma situation commençait déjà à pourrir. Qu’à même, je n’étais pas encore au niveau où il fallait me mettre une arme et m’abattre comme un chien dans une rue. Mais la pression était là, l’intimidation, agression physique. Ma famille était menacée, intimidée. Heureusement le lendemain, il y avait un autre vol, je me suis fait accompagner par des amis journalistes. J’ai réussi à quitter Ndjamena sans problème particulier par un réseau d’amis à l’aéroport. Arrivé en France, j’ai déposé immédiatement une demande d’asile qui m’a été accordée au bout d’une année et demie.

Le Tchad vous manque-t-il aujourd’hui ?

En fait, j’ai quitté mon pays parce que je ne pouvais plus y travailler. Tant qu’un régime politique stable n’existe pas au Tchad, je ne peux pas y retourner. Pour moi, c’est triste,  j’aime mon pays. Mes frères vivent là-bas. Mon cœur est toujours au Tchad  même si je vis ailleurs. Y retourner un jour, est mon plus grand souhait.

Ciré BALDE

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