[dropcap]A[/dropcap] quelques semaines de l’ouverture officielle de Noom Hôtel Conakry, le directeur général de ce nouveau complexe hôtelier, situé en plein cœur de Kaloum, Jean François Rémy a accordé un entretien à VisionGuinee. L’ancien directeur général du Radisson Blu Hotel Dakar présente son établissement et accepte volontiers de parler des conditions de vie et de travail de ses employés.
VisionGuinee : Monsieur le directeur, vous vous apprêtez à ouvrir les portes de votre hôtel, dites-nous que signifie Noom ?
Jean François Rémy : Noom, on l’a écrit avec l’alphabet que tout le monde sait lire et comprendre. En arabe, ça veut dire dormir. Un hôtel c’est en quelque sorte un endroit où on vend le sommeil. Nous sommes un hôtel open, ouvert à la clientèle.
Combien de chambres dispose votre établissement hôtelier ?
Nous disposons de 187 chambres et suites qui sont conçues pour être agréables, confortables et dynamiques, offrant à nos clients des espaces bien étudiés, dans un environnement entièrement connecté afin de faciliter le travail et la relaxation.
Comment s’est fait le recrutement de vos employés ?
A l’époque, l’hôtel était en construction. Je n’étais pas en situation de recevoir du public dans un chantier. On a reçu les gens dans un show qu’on a organisé au Mariador. On les a fait faire du speed dating. On leur a donné à chacun 10 minutes pour convaincre. Ce n’est pas un entretien d’embauche. On avait un formulaire avec une dizaine de questions à tous les candidats. Ça nous permettait de voir comment la personne parlait et se comportait. A l’issue de ce speed dating, on a gardé 400 candidats. Puis, on est rentré dans la période Ebola, on a mis notre chantier en sommeil. Moi j’étais là encore. Pendant ce temps, les CV ont continué à tomber. De 400 candidats, on est monté à 2000.
De 400, vous vous retrouvez avec 2000 CV, avez-vous une nouvelle sélection ?
Il y a eu un entretien d’embauche soit avec la directrice des ressources humaines ou moi. En fonction des profils des candidats, on a ouvert plusieurs dossiers. Pour le restaurant par exemple, nous avions un dossier de 300 candidats potentiels pour 50 places. Quand les cadres sont venus. Je veux parler du directeur de la restauration, la gouvernante générale, le chef de réception, le chef de cuisine et de la directrice commerciale, on leur a donné les dossiers de candidature. Nous, on avait fait que la présélection, les cadres ont réinterrogé les candidats, repassé un entretien technique sur leur métier. Quelqu’un qui veut être serveur a un entretien avec la DRH et le directeur. Le directeur de la restauration aussi a fait sa sélection pour faire rentrer les candidats retenus en formation. Elle dure 11 semaines, là nous sommes dans la dernière phase de formation qu’on appelle les testings.
Un contrat de travail vous lie-t-il à vos employés ?
J’ai énormément d’employés ici qui n’ont auparavant jamais fait ce métier d’hôtellerie. D’autres ont fait l’école hôtelière ou alors qu’ils ont travaillé dans de petits restaurants qui prennent comme stagiaires. Nous faisons une philosophie plutôt sociétale. Nos stagiaires habitent loin. On a donc décidé de les gratifier. Ils ont un vrai contrat de stage qui dure, selon certains, 2 à 3 mois. Pendant cette période, ils ont un salaire. On est parti sur la base du SMIG. Ils ont tous des salaires décents et des contrats de travail, mais ils commencent tous par des CDD afin qu’on puisse voir si la personne s’adapte bien. Ils ont tous des contrats déposés à l’AGUIPE (Agence guinéenne pour la promotion de l’emploi), une couverture santé à 80% auprès de la Saham, ils sont tous déclarés à la CNSS. Tout est vérifiable. On a des standards dans cet hôtel. Je n’ai pas un seul employé qui n’est pas déclaré. Je pèse mes mots, tout est en règle ici.
On apprend que vos employés ont été recrutés par un cabinet d’intérim
Avant que j’arrive à Conakry, notre groupe avait contacté un cabinet d’intérim pour recruter les superviseurs, sélectionner des CV pour ensuite me les donner. Quand je suis arrivé, je me suis débrouillé tout seul, sans aucun cabinet.
Quels sont les horaires de travail de vos employés ?
L’hôtel est ouvert 24h/24 et 7j/7. On fonctionne en shift. Il y a un groupe qui travaille de 7h à 15h, un second de 15h à 23h, et un dernier de 23h à 7h. Le shift nuit, il y a 5 à 6 personnes en plus des agents de la sécurité.
Parlons de l’installation des équipements de l’hôtel, le travail a été fait par vos employés locaux, apprend-on.
Dans le restaurant par exemple, nous avons un personnel. Il revient aux ouvriers chinois d’installer les tables et chaises ? Le matériel pour la cuisine, les louches, les casseroles et autres, c’est à des ouvriers chinois qui travaillent du béton de faire ou aux cuisiniers d’installer leurs outils de travail ? Nos employés sont professionnels en la matière. Il est important que chaque employé fasse son travail. J’ai des femmes de chambre, lorsqu’on réceptionne des draps, c’est aux chinois d’installer les serviettes, faire le lit et autres à la place des femmes de chambre ? Encore une fois, il revient aux employés de s’acclimater avec leurs matériels, se familiariser avec l’espace dans lequel ils doivent travailler.
L’ouverture de l’hôtel est prévue quand ?
Ça sera à la fin du mois d’août. On débute notre activité avec une délégation belge qui arrive avec deux ministres. La délégation vient pour des partenariats avec des acteurs économiques. Ils vont occuper 75 chambres à l’hôtel et la salle de conférence où il y aura des colloques avec des entreprises guinéennes.
Réalisé par Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info
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