Entretien avec M. Kain Fatou Camara, directeur adjoint des affaires juridiques et du contentieux à la CNSS
Dans un monde basé sur le savoir, ce sont les compétences, le talent, la réputation, le rayonnement et les relations qui produisent le plus de valeur. Plus que jamais, ces cinq composants demandent à toute société de maintenir ses collaborateurs motivés, engagés, adaptés au marché et d’assurer autant que possible leur stabilité dans ses effectifs. C’est dans cette optique que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) décerne chaque année des prix aux employés. Cette année M. Kain Fatou Camara, directeur adjoint des affaires juridiques et du contentieux est l’heureux récipiendaire du prix d’encouragement. C’était dans la journée du vendredi 04 janvier à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation des meilleurs voeux au personnel de la caisse nationale de sécurité sociale. Notre rédaction l’a rencontré pour parler de ce prix. Entretien.
Vision Guinée: Bonsoir M. Camara et merci de nous recevoir chez vous. Présentez-vous à nos chers lecteurs…
Kain Fatou Camara : Bonsoir. Je tiens d’abord à vous dire combien je suis honoré de recevoir votre rédaction. J’ai accepté cet entretien en toute humilité. Ce n’est pas à ma personne que votre site rend hommage, mais plutôt à toute la jeunesse guinéenne.
Je suis Kain Fatou Camara, titulaire d’une maîtrise en Droit privé et d’un certificat de spécialisation en contentieux dans le domaine de la sécurité sociale, actuellement directeur adjoint des affaires juridiques et du contentieux de la CNSS, et professeur chargé des cours de droit pénal et des procédures pénales à l’université de Sonfonia.
Selon vous quel est le facteur déterminant qui a pesé pour que vous receviez cette distinction ?
Je profite de cette occasion pour rendre grâce à Dieu, pour m’avoir accordé la chance de vivre cet instant significatif de ma vie. C’est une grande chose pour moi.
Pour la petite histoire j’ai intégré la CNSS en octobre 2011 dans le cadre de redynamisation des différentes directions, notamment celle des affaires juridiques et du contentieux. La nouvelle direction qui a été mise en place, appelée la direction du changement, a sollicité l’appui d’un juriste pour redynamiser le cabinet des affaires juridiques et du contentieux.
J’ai eu l’occasion de rencontrer en 2011 le directeur général de la CNSS, M. Malick Sankhon. Avec lui, j’ai eu un entretien fructueux. Il m’a expliqué son souci de redynamiser et de raffermir cette direction. Je n’ai pas manqué de l’exprimer ma disponibilité et toute ma volonté d’apporter à la caisse mon apport pour raffermir son cabinet juridique. C’est ainsi que j’ai été mis à l’œuvre en 2011. Après un mois d’exercice, vu les résultats qui ont été obtenus, j’avoue que le directeur général de la CNSS a pris l’une des décisions la plus courageuse de son histoire, celle de nommer un jeune sortant de l’université, inexpérimenté dans le domaine de sécurité sociale, en tant que directeur adjoint chargé des affaires juridiques et du contentieux, un poste noble et stratégique. J’adresse mes sincères remerciements et toute ma reconnaissance à M. Malick Sankhon pour le caractère ferme de sa conviction et son engagement auprès de la jeunesse. Je me suis dit qu’il a placé sa confiance non pas à ma personne, mais plutôt à toute la jeunesse guinéenne. C’est dans ce cadre que j’ai intégré la CNSS.
Dès après la passation de service en janvier 2012, je me suis investi en mettant à la disposition de la caisse toute ma compétence, tout mon savoir et mon savoir-faire pour atteindre les objectifs fixés par la caisse. J’ai été recruté pour un objectif bien déterminé, celui de recouvrer les créances de cotisation sociale de la CNSS.
Avant mon arrivée, la caisse avait une créance de près de 30 milliards de Francs guinéens. Il y avait un nombre assez important de sociétés qui ne se sont jamais soumises à la législation sociale. Il fallait donc mettre en place une politique pour faire venir ces entreprises à se faire immatriculer conformément au code de la sécurité sociale et amener les débiteurs de la caisse à payer les cotisations pour assurer la couverture sociale des travailleurs. C’était mon objectif.
Avec l’appui de mon directeur M. Bangaly Leno, pour qui d’ailleurs j’ai beaucoup de respect pour son expérience dans le domaine de sécurité sociale; j’ai mis en place mon cabinet avec lequel j’ai travaillé durant l’année 2012.
Nous avons signé des conventions avec des cabinets d’Huissiers, de Notaires et d’Avocats. Ces conventions consistaient à appuyer la caisse nationale de sécurité sociale dans le cadre des recouvrements forcés. C’est ainsi que nous avons mis en place un système de recouvrement très dynamique pour aller à l’offensive contre toutes les sociétés débitrices de cotisations. Il faut dire que la plupart des entreprises présentes en Guinée ne payaient pas les cotisations sociales, ce qui est contraire à la législation sociale.
En tant que juriste, je me suis dis que ce n’était pas possible. Il fallait offrir mon apport à cette institution qu’est la CNSS. Durant l’année 2012, nous avons pu recouvrer 3 milliards de créances qui se volatilisaient de la CNSS. Nous avons amené la plupart des sociétés à payer les cotisations en engageant des procédures judiciaires. Nous sommes allés jusqu’à saisir les comptes bancaires de la plupart des entreprises débitrices de la caisse, cela conformément au code de sécurité sociale. J’avais engagé une procédure judiciaire contre une entreprise qui devait à la caisse. Après la saisie du compte bancaire de cette entreprise, son directeur général m’a dit qu’il ne savait pas que la CNSS avait une telle prérogative, maintenant qu’il le savait, il a sollicité un temps de payer toutes les créances de la caisse.
Parallèlement à ces travaux, il faut reconnaître que mon personnel et moi avons apporté beaucoup de choses à la caisse en 2012. Nous avons eu assez de conventions, de contrats avec les partenaires de la caisse. L’étude, l’examen et l’élaboration de ces conventions étaient confiés à notre direction. Il m’arrivait parfois de me lever à 4h du matin avec l’appel de mon Directeur Général, pour aller au bureau et élaborer des conventions qui devraient être signées avant 8h. J’avoue que j’ai mis à la disposition de la caisse tout mon talent, toute ma compétence.
Je n’ai pas accepté de croiser mes bras en longueur de journée comme un spectateur au bureau, je me suis donné à fond pour obtenir ce résultat.
A la fin de l’année, chaque département décerne des prix aux meilleurs employés. Le vendredi 4 janvier 2013, le personnel de la caisse a été invité par le syndicat à une assemblée générale au cours de laquelle les vœux de nouvel an devait être présentés et décerner des satisfécits et prix aux employés. Le Directeur Général a tenu son discours, et dévoilé le nom du récipiendaire du prix d’encouragement pour l’année 2012. Ça été ma personne.
J’étais très réconforté. Je ne suis pas le seul récipiendaire de prix, c’est tout le personnel de la CNSS qui est récipiendaire de ce prix, plus particulièrement celui de la direction des affaires juridiques et du contentieux. Ce prix est le résultat d’une série d’efforts fournis par tout le personnel du département.
Pour avoir ce prix, il vous a fallu assez d’effort, mais surtout le dépassement de soi et la transmission votre savoir-faire au personnel de votre direction. Vous êtes jeune et constituez aujourd’hui un exemple de réussite, quel message adressez-vous à la jeunesse?
C’est vrai la jeunesse guinéenne traverse une période difficile de son histoire, avec le chômage que nous connaissons. J’avoue que j’ai beaucoup d’espoir pour cette jeunesse. Je fais partie de ces milliers de jeunes formés par l’université guinéenne, ces jeunes qui ont des idées novatrices pour la Guinée, des ambitions pour notre cher pays, mais comment cette jeunesse peut développer cette ambition, cette compétence, si ces jeunes n’ont pas été mis à l’œuvre, et surtout s’ils n’ont pas le minimum vital.
Je demande à cette jeunesse de tenir ses armes inébranlables et indéfectibles que sont le courage et la détermination, car il n’est pas facile de débuter une carrière dans un pays comme le nôtre où l’administration est occupée en grande partie par les personnes du 3ème âge. Il y a tout un conflit de génération. C’est à nous jeunes de prouver que nous avons des compétences et que nous pouvons apporter quelque chose pour le développement de notre pays.
Etes-vous vraiment optimiste sur l’avenir de cette jeunesse?
Oui, je suis très optimiste! Si aujourd’hui la jeunesse est marginalisée, est-ce la faute à l’Etat, ou celle de la jeunesse elle-même? Je suis convaincu que les jeunes sont capables de sortir du cercle dans lequel ils se trouvent.
En faisant quoi?
Il faut que l’Etat guinéen accepte de mettre en place des mesures d’accompagnement. Il faut que l’Etat encourage l’entrepreneuriat, mettre les jeunes dans des situations où il faut trouver des solutions. Il faut également renforcer et développer le potentiel des jeunes. Ces jeunes mettront leurs potentiels à la disposition de leurs collectivités, promouvoir l’insertion socio-économique, l’aide à l’emploi et l’habilitation des partenaires locaux pour encadrer les jeunes.
Le dernier mot de notre entretien?
Pour finir, je demande à mes collaborateurs de la caisse nationale de sécurité sociale d’accepter d’aller dans le sens de la positivité. Je viens d’intégrer ce personnel de la CNSS, mais j’avoue qu’il me rassure. La direction générale a mis en place un système de gestion axé sur les résultats, ce système a permis à la caisse d’avoir un résultat probant et positif en 2012. Ensemble, nous devons soutenir les projets phares déjà mis en place en 2012 pour donner une couverture sociale à tous les travailleurs guinéens. Nos objectifs ne seront atteints que lorsque le dernier travailleur guinéen aura sa couverture sociale
Bravo M. Camara pour votre prix et merci de nous avoir reçu chez vous
C’est à moi de vous remercier!
Ciré BALDE, pour Visionguinee.info
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