[dropcap]J[/dropcap]e l’ai toujours écrit que le président Alpha Condé est d’une inintelligence assez marquée. Ma position ne change pas, elle se conforte d’ailleurs par ce nouveau discours du président, à l’occasion de la fête des travailleurs de ce 1er mai 2015. Le président affirme qu’ « il ne connaissait pas les cadres guinéens quand il est arrivé aux affaires ». Est-il possible d’être opposant politique sans savoir les raisons de son opposition ?
La campagne électorale commence bien à la présidence de la république. Alpha Condé tente une nouvelle stratégie politique. Il s’agit de reconnaître d’une part, que « les choses n’ont pas marché comme elles devraient être durant les quatre années au pouvoir. D’autre part, c’est d’admettre que les coupables, ce sont les autres. Ce n’est pas le président. Lui, il ne connaissait pas les gens avec lesquels il travaillait. S’il les connaissait, les choses auraient évolué autrement, dans le bon sens ».
La caractéristique commune des fausses personnes, c’est la prétention qu’elles connaissent tout quand elles ne connaissent absolument rien. Pour avoir passé beaucoup d’années en France, Alpha Condé trouve cela une grande valeur pour dire qu’il est supérieur aux guinéens. Il pense que les guinéens sont des analphabètes. Des ignorants. Des gens de très peu d’éducation et d’information. Des gens incapables de raisonner. Des ‘ventre plein n’à point d’oreille’.
Le président méprise tellement le guinéen qu’il ose tenir un discours aussi honteux qu’insultant. Il affirme : « j’ai eu le malheur de ne pas connaître les cadres guinéens. Mon frère qui les connaissait est décédé quelques jours seulement avant mon investiture à la présidence. Je n’avais plus d’autre choix que d’agir à tâtons, au hasard, comme un aveugle. Si mon frère Malick était vivant, la moitié des gens dans le gouvernement ne serait pas ministre ».
Argumentation abracadabrante et bidon, et dire que notre président de la république est professeur en sciences économiques, docteur en droit public à la Sorbonne de Paris, c’est une honte absolue.
Trente ans dans l’opposition politique, Alpha Condé ignorait les raisons pour lesquelles il a combattu les régimes autoritaires dans son pays. Trente ans dans l’opposition politique, et même détenu prisonnier pour ses prises de position très radicales face à Lansana Conté, le leader du RPG ignore tout de l’administration guinéenne.
Pourtant, s’opposer, c’est alléguer une raison qui fait obstacle à ce qu’une personne a dit ou fait (Dictionnaire Le Robert Pratique). Autrement dit, lorsqu’on s’oppose à une idée, un fait, ou comportement, il y a toujours une raison, une explication.
Je ne peux pas détester manger le riz sans raison. Le riz me donne les maux de ventre. Je ne peux pas détester suivre les cours du professeur de mathématiques sans raison. Le professeur à un niveau très bas. Je ne peux pas refuser les cours de religion sans raison. La religion m’ennuie. Je ne peux pas détester voyager à l’intérieur du pays sans raison. L’état des routes est chaotique. Toute opposition est explicable par une raison.
En politique, la Droite et la Gauche sont opposées par leurs idéologies. Les valeurs d’autorité et de conservatisme sont défendues par la droite politique. Les valeurs du progrès et de solidarité sont défendues par la gauche politique. Il est inconcevable pour un politicien de droite qu’il ne sache pas les raisons pour lesquelles il se bat pour le pouvoir, et contre la gauche politique. Un politicien de gauche préférerait quitter définitivement sa carrière politique s’il devait être obligé de gouverner avec l’idéologie de la droite politique.
Cela dit, c’est une insulte à la nation guinéenne qu’Alpha Condé fanfaronne qu’il était opposant sans connaitre les raisons de son opposition. Il est inconcevable que le président Alpha Condé raconte de la foutaise qu’il n’avait aucune idée des causes du mauvais fonctionnement de l’administration guinéenne. Alpha Condé insulte la conscience des guinéens quand il affirme « n’avoir aucune idée des cadres guinéens quand il est arrivé aux affaires. Que le seul guide qui pouvait l’aider dans ce sens, c’était son frère qui est décédé ».
L’opposant devenu président de la république est totalement décontenancé sans son guide. C’est une suite de la politique politicienne qui a planté ses racines dans la capacité d’analyse de cet homme. Son mensonge n’est pas seulement grand, il est surtout suicidaire.
C’est que le chef de l’Etat n’a aucune idée que la question de gouvernance politique obéit à un critère fondamental: le respect des principes. La politique étant le processus par lequel les hommes poursuivent des objectifs communs et abordent leurs conflits dans un cadre strict des lois, la compétence des personnes est nécessaire, mais l’application et le respect des lois sont déterminants dans le succès, ou la réalisation des objectifs de la communauté.
D’ailleurs la citation du président « j’ai trouvé un pays, pas un Etat », résume clairement le problème fondamental de la Guinée. La Guinée n’a pratiquement pas de problème de compétence au niveau de ses cadres. Le pays souffre de la faiblesse de l’Etat. L’Etat, la superstructure, cet ensemble des institutions qui réalisent des fonctions spécifiques en accord avec les lois, les règles, directives, et d’autres procédures et pratiques établies. C’est cette superstructure qui ne fonctionne pas jusqu’à nos jours.
La nouvelle stratégie du président Alpha Condé ne doit pas endormir les guinéens. Si le chef de l’Etat a eu la piètre idée pour déclarer que certains cadres ne seraient pas ministres si son guide Malick vivait, alors aux guinéens de répliquer que s’ils avaient su qui il était, ils n’auraient jamais voté pour lui, et que dans le futur, ils ne lui renouvèleront plus jamais la faveur de leurs votes.
Naby Laye Camara
Bruxelles
Mr Naby Laye, vous ne croyez donc pas les preuves que mr Alpha Condé n’est pas Professeur? Contactez donc les service des archives de l’université La Sorbonne qui vont vous le confirmer. Mr Alpha Condé n’est pas professeur ! En France le titre de Professeur est très compétitif, surtout pour la Sorbonne.