Je ne crois pas au pseudo panafricanisme des sieurs Ibrahim Traoré, Assimi Goita et du Général Tiani.
Ils utilisent le CFA comme monnaie, ils ont la nationalité française et le passeport français, ils parlent dans la langue du colon français et le programme d’éducation élaboré par le même colonisateur, mais ils clament haut qu’ils sont panafricains et anti système français.
Ils ne peuvent pas faire le coup d’Etat dans leurs pays et brandir le drapeau russe tout en sollicitant les faveurs de Vladimir Poutine afin de s’assurer une protection contre toute opération militaire ou diplomatique visant à rétablir l’ordre constitutionnel.
Hier, le tête-à-tête entre le jeune putschiste Burkinabé et le Président Russe avec toute la théâtralisation à relent nationaliste et isolationniste traduit la volonté de la prochaine instauration de l’autoritarisme et la bureaucratie militaire.
En effet, la rhétorique est la même en Guinée, au Mali, au Burkinabé et récemment au Niger. C’est bien dommage pour l’Afrique et pour les peuples africains.
Au même titre que nous réprimons et rejetons avec notre dernière énergie la politique africaine de la France, il faut en faire autant pour la Russie qui, à bien des égards, n’est pas aussi pieuse dans tous les domaines comme on semble nous faire croire.
Je suis opposé à la pensée unique de l’Occident. Je suis d’accord qu’il faut repenser le modèle de démocratie à l’occidental, je suis convaincu que les données en matière de gouvernance économique, sociale et politique de nos pays respectifs ont profondément changé. Il est impératif que nous nous adoptions aux nouvelles données du nouvel ordre mondial mais à condition de le faire avec intelligence, sincérité et intégrité.
Par ailleurs, il faut observer une certaine cohérence dans nos démarches visant à rendre notre système politique plus indépendant et plus productif. Les problèmes de l’Afrique aujourd’hui étaient les mêmes 60 ans auparavant. Rien à changé. Le pré carré à juste changé de dénomination et de dominateur, les réalités sont identiques.
À l’évidence, la sécurisation de nos frontières et nos populations civiles face à la menace du terrorisme islamiste, la lutte contre la pauvreté et le chômage accru de la jeunesse ne sont pas des luttes essentiellement et uniquement géopolitique ou géostratégique. C’est bien sûr des luttes qui doivent être menées en Afrique et par les africains et selon les réalités spécifiques africaines.
Nous avons suffisamment de ressources qui nous permettent de redéfinir le pacte avec la France, l’Amérique et la Russie, bref, avec n’importe quel partenaire. Faisons-le sans chercher à nous victimiser éternellement.
Mais que les putschistes arrêtent de nous infantiliser et nous ridiculiser non seulement à l’échelle du continent, mais aussi aux yeux du monde entier : – « Ah c’est encore l’Afrique ! ». Qu’ils arrêtent de faire de l’Afrique la risée du monde.
Je ne crois pas à la sincérité de leur combat. Qu’ils fassent le bordel comme ils sont en train de le faire aujourd’hui puisqu’ils n’ont pas en face d’eux : une force sociale et politique bien structurée et bien opérationnelle capable de résister et de lutter contre toute volonté de confiscation du pouvoir du peuple.
Aly Souleymane Camara
Analyste politique