Ultimate magazine theme for WordPress.

Etat bidon, Etat mamaya ! (Par Tierno Monénembo)

1

Quand le chef de la transition ne sait pas quoi faire de sa transition, il ordonne à ses ministres de ramasser les ordures. Quand le chef de l’Etat ne sait pas ce que «  Etat » veut dire, il place le Conseil des Ministres sous la gouverne des éboueurs. Mamadi Doumbouya est un président à part. 

Avec lui, le plumeau remplace la plume, les chiffons de papier, les archives, les aspirateurs, les photocopieuses et   les coups de balai, les coups de tampon. Ce n’est plus l’administration  publique, c’est l’administration sur la voie publique. Ce n’est pas l’Etat de droit que l’on espérait, c’est l’Etat dans le caniveau.

Il n’en est pas à sa première fois, notre beau légionnaire. Il nous avait déjà offert un gouvernement civil en… treillis s’exerçant sous son œil vigilant, aux pompes, aux squats, aux burpees et aux garde- à vous. Des hauts fonctionnaires menés à la baguette, préparés à nettoyer le parquet et à cirer les pompes sont bien sûr mieux prédisposés à gérer les affaires de l’Etat que ces experts surdiplômés, certes bourrés de talent mais intoxiqués par les mauvais principes de la rigueur et de l’esprit critique.

Il nous avait déjà fait cadeau du serment sur le Coran (dans une République laïque !!!!) lors des examens scolaires. Il nous avait déjà institué les conseils des ministres  itinérants. Bien que des conseils des ministres itinérants ne soient pas à priori une mauvaise idée. C’est l’improvisation, c’est  le côté esbroufe de la chose qui me paraît condamnable.  Des conseils de ministres ruraux (4 par an, une par région naturelle et non plus dans les chefs- lieu de région mais dans les sous-préfectures) seraient les bienvenus à condition qu’ils soient minutieusement préparés et à condition qu’ils produisent un impact décisif sur le développement local : route, pont, école professionnelle, décortiqueuse de grains, maternité, groupe électrogène, ambulance etc. Ça, ça aurait un sens. Dans l’Etat actuel des choses, le déplacement de nos excellences à Kankan, Labé, Kindia ou N’Zérékoré n’est rien d’autre que du tapage, un tapage qui coûte les yeux de la tête, malheureusement ! Comptons donc, si vous le voulez bien : l’essence, les nuits d’hôtel, les cuisses de poulet les gigots de mouton, le champagne, le vin de palm, la télé, la radio, les filles de protocoles…cela fait combien de milliers d’euros par jour ? Pour quel résultat ? Du bruit, du vent, des documents qui ne seront jamais lus, des projets qui ne seront jamais réalisés !

Alors que l’humanité hilare, a les yeux tournés vers les vestes fluo de nos ministres en ascension sur nos himalayas d’immondices,  je jette un rapide coup d’œil sur les pratiques folkloriques de notre Etat bidon. Je me souviens de Sékou Touré et de ses week-ends d’ « investissement humain », je me souviens de Moussa Camara et de ses « Dadis Show », je me souviens de Kassory Fofana et de ses « opérations d’assainissement »… 

Vous savez pourquoi, mes chers compatriotes, notre pays a le niveau de vie le plus élevé du monde ?  Parce que nous avons les dirigeants les plus sérieux du monde. Chez eux, tout est facétie et représentation au son des coras et des balafons, mais aussi  hélas,  au rythme de la gégène et des coups de fouets.

Sans blague, mon lieutenant-colonel, ce ne sont pas les rues qu’il faut balayer, c’est l’ensemble de votre système. Sinon, je vous assure que dans  10 ans, 15 ans, 20 ans au bureau comme au trottoir, ce sera exactement les mêmes ordures.

Tierno Monénembo, in Le Lynx

Place this code at the end of your tag:
1 commentaire
  1. Siriki dit

    Tierno Monénembo a toujours mentionné dans ses écrits, le grade de Mamady Doumbouya, en disant : lieutenant-colonel et non Colonel ; tout comme Siriki !!
    Aboubacary Siriki aimerait bien que cette histoire de grade du Chef d’Etat guinéen, soit tirée au clair, une bonne fois pour toute, par les journalistes enquêteurs guinéens !!
    Mamady Doumbouya est Colonel ou lieutenant-colonel ?
    Ce sont en effet, 2 grades différents dans toutes les armées du monde et dans les pays sérieux, il faut au moins 5 ans d’exercice au grade de lieutenant-colonel, pour être proposable au grade de Colonel, à la commission d’avancement !!
    J’ai vu des lieutenant-colonels en Côte d’Ivoire se plaindre auprès de moi, pour avoir passé 11 ans dans le grade de lieutenant-colonel ; et parmi eux, il y avait même un médecin militaire !!
    Sous Laurent Gbagbo, les ressources humaines de l’armée ivoirienne étaient mal gérées, entraînant un goulot d’étranglement.
    Les officiers supérieurs d’une armée ne peuvent pas tous devenir des généraux !!
    Pour Aboubacary Siriki, comme pour Tierno Monénembo, Mamady Doumbouya n’est pas Colonel ; mais, lieutenant-colonel et ceux qui ont les preuves du contraire ; nous publient le décret (le tableau d’avancement publié au journal officiel de la République de Guinée), signé par Alpha Condé et nommant Mamady Doumbouya au grade de Colonel.
    Comme Tierno et moi, résidons en Europe, peut-être que nous avons raté cet épisode important de la carrière fulgurante de l’ancien légionnaire français, dans l’armée guinéenne !!
    À moins qu’il ne se soit auto-promu au grade de Colonel et cela en catimini, le lendemain de son coup d’état !! Lol !!
    Si Doumbouya a usurpé le grade de Colonel ; c’est qu’il n’y a vraiment rien à espérer de lui en matière de justice et d’équité !!
    Que peut-on en effet espérer de quelqu’un qui triche sur son grade ?
    Vivement un éclairage sur cette affaire de grade de Mamady Doumbouya !!
    Merci.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Suivez nous sur les Réseaux sociaux !

Cliquez sur les boutons ci-dessous pour suivre les dernières actualités de VisionGuinee.info