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Évènements de Timbo : A qui la faute ?

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Timbo[dropcap]C[/dropcap]e qui s’est passé ce vendredi 27 mai 2016 à l’inauguration de la mosquée de Timbo pose un certain nombre de questions. Tout le monde, j’allais dire tout guinéen, devrait se poser quelques questions élémentaires avant de se lancer dans des affirmations, sinon accusations, qui pullulent déjà sur les réseaux sociaux.

Ce préalable devrait être de mise et devrait porter en quelque sorte sur ce que les linguistes et littéraires appellent la situation d’énonciation. Les journalistes le « QQOQCP ». Que les Anglais dénomment : « Who, where, whay, what, whose » pour identifier les éléments en jeu dans une situation ou des circonstances données.

Il s’impose donc que nous nous interrogions tous pour savoir « Qui a fait quoi ? Avec quels moyens ? Quelle expertise ou expériences ont été mises en œuvre pour l’inauguration de la mosquée de Timbo ?

Dès lors, nous pourrions tenter de savoir ou comprendre les questions fondamentales : « Comment ou de quelle manière ? Dans quel but ou pour quelle finalité les choses ont été faites ? Une telle approche permettrait d’éluder les tenants et les aboutissants de la quasi-tragédie de ce vendredi à Timbo.

Nous pourrions alors prolonger la réflexion pour éviter que ne se reproduisent de nouvelles tragédies pour d’éventuels évènements similaires ou d’autres regroupements de masse. Tels les cas des plages de Conakry ces dernières années.

Qui a préparé et organisé la rencontre de Timbo

Sûrement des comités locaux, des pouvoirs sous-préfectoraux, des groupements de jeunes, des représentants de la Ligue islamique locale, etc.

Si des comités d’organisation ont été mis en place, avaient-ils la formation minimale pour accueillir tout le monde que nous avons vu sur les images du Net ?

A part la capacité de désigner des lieux d’hébergement temporaires, c’est-à-dire repartir les différentes délégations dans les concessions, maisons ou autres lieux, avaient-ils la capacité de gérer l’arrivée des délégations, leur départ pour la mosquée et le flux humain que motive l’appel à la prière, en prélude à l’inauguration ?

La rencontre avait-elle été quantifiée ? Par qui ? Combien de personnes étaient-elles attendues ? La probabilité de débordement avait-elle été évaluée ? Par qui ?  Avec quelle expertise ou logiciel ?

J’imagine que si ces critères avaient été satisfaits, ce qui est arrivé aurait pu être évité.

Du lieu de la rencontre, rendez-vous de l’inauguration

Qui connait Timbo sait qu’il s’agit d’une localité très moyenne démographiquement et topographiquement. Une centaine de maisons. Tout au plus entre deux cents et trois cents. Au-delà, ce serait fort étonnant. Cependant, l’histoire de Timbo supplée et dépasse cette réalité.

A cela s’ajoutent le goût des festivités, des rassemblements et la ferveur religieuse liée à l’évènement : assister à l’inauguration d’une des plus anciennes mosquées de la Guinée. Soit dit en passant, une mosquée construite vers 1725 et non 1625 comme on peut le lire chez certains.

Mais ce zèle qui n’a presque rien de religieux justifie-t-il que les pouvoirs publics à tous les niveaux, gouvernement compris acceptent ou tolèrent des rassemblements de masse qui mettent en danger la sécurité et la vie des participants ?

A mon avis, aucune raison n’explique qu’on tolère un rassemblement sans garantie sécuritaire, infrastructurelle, humaine, organisationnelle, etc.

La mosquée, lieu de rendez-vous, est certes impressionnante par sa dimension et son architecture. Mais qui a prévu que cet endroit fermé et solidifié par des portiques et barreaux métalliques n’allait pas devenir une source d’évènements imprévus : bousculades, conflits entre organisateurs d’abord, entre organisateurs et masse, entre agents de sécurité officieux ou de circonstance et agents officiels, et de tous ordres. Par exemple, les agents chargés d’assurer la sécurité des délégations officielles : étatiques, religieuses, associatives et autres.

L’Etat guinéen tout en gardant son caractère laïc (sic), doit mettre en place des garde-fous en légiférant sur les rassemblements de masse comme les inaugurations d’édifices religieux ou autres.

La raison est toute simple. Ce qui s’est produit à Timbo aurait pu se produire à Fatako, à l’inauguration de la mosquée construite par Elhadj Ousmane Baldé plus connu sous le nom de Sanloi.

A mon avis, la situation de la localité, très loin de la capitale, pas nécessairement accessible car un peu enclavée, a réduit les risques de bousculades que nous avons vécues à Timbo et leurs conséquences.

La tragédie et le comportement incivique de certains concitoyens.

Certains soi-disant croyants de chez nous ont troqué leur Dieu en faveur du dieu-Google et au détriment de leur humanisme.

Il est effarent de voir des gens qui, pour envoyer des images, s’affairent à prendre des photos sur leur portable ou tablette au lieu d’essayer d’assister les personnes étendues par terre et qui sont en train de mourir.

Ces gens-là, je le dis et répète, ont oublié leur Dieu : celui pour lequel ils prétendent être venus honorer la Maison pour adopter le dieu-Google ! Ils ne croient plus. En tout cas, ont cessé de croire, selon moi.

Qu’est-ce qui est plus important entre tirer des photos d’un mourant et lui apporter assistance ?  Que sont-ils venus faire à Timbo ? Distribuer des larmes, des pleurs, de la division ?

Quant aux agents de sécurité, de quel droit se sont-ils permis de lancer des bombes lacrymogènes sur des gens qui suffoquent déjà ? Qui leur a donné ces armes ? Qui leur a ordonné de les lancer à la masse ? Pourquoi l’ont-ils fait ? Ces questions et bien d’autres doivent-être tirées au clair. Il en va de la justice et du droit des victimes !

Dans cette affaire, l’une des plus grandes failles réside au niveau de l’assistance et du secours apporté aux victimes. A voir le peu de personnel de la Croix Rouge qui s’affaire à courir de toutes parts, à extirper une victime agonisante au milieu des badauds qui les en empêchent car obstruant le passage en prenant des photos, on se dit dans quel monde vit-on ? Dans quel pays est-on ?

A voir des personnes, les rares personnes, essayer de faire un massage cardiaque d’une main, d’appeler au secours en même temps en lâchant la victime, à voir ces gens, les rares gens dis-je, se faire bousculer par des soi-disant musulmans pour distribuer des photos de la discorde, on se dit qu’il y a encore beaucoup à faire chez nous.

Je conclurais en appelant les uns et les autres à mettre de côté les invectives pour éviter qu’un Timbo bis ne se répète ailleurs. Ce qui s’est passé le 27 mai 2016 aurait pu être infiniment plus grave. On aurait pu ramasser des centaines et des centaines de morts et de victimes blessées ou estropiées.

Ce qui s’est passé à Timbo transcende les barrières pouvoir-opposition et comme tel doit être pris en charge par ceux qui exercent actuellement le pouvoir et ceux qui comptent le faire demain.

A mon avis, ce n’est ni Alpha condé, ni Cellou Dalein, ni un autre qu’il faut mettre dans la balance. C’est nous tous qu’il faudrait accuser dans cet évènement.

C’est une faute commune, humaine certes, mais surtout organisationnelle.

Un y a eu un certain laisser-aller ou laisser-faire doublé d’un évident manque d’anticipation dans les préparatifs de l’inauguration de la mosquée de Timbo. Cela doit être retenu et corrigé.

Je dis : Inaugurons certes des mosquées à défaut d’usines mais ne remplissons pas les cimetières. Inaugurons des mosquées mais loin de la politique politicienne comme on voit cela se pointer dans certaines prises de position. Inaugurons des mosquées en ayant assuré la sécurité des citoyens.

Sinon, une mosquée construite depuis des siècles est déjà inaugurée. S’il n’y a pas de sécurité assurée qu’on se contente des inaugurations antérieures et séculaires. Mais rien n’empêche l’État de légiférer.

C’est très certainement la seule voie juste qui concilierait croyance et paix sociale !

Par Lamarana Petty Diallo

E-mail : lamaranapetty@yahoo.fr

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