Face au manque d’électricité, les guinéens tirent le diable par la queue : ‘’On retourne à une autre époque…’’
A Conakry, le courant est devenu une denrée rare. Les habitants de la capitale passent des journées entières sans avoir de l’électricité. Une situation qui paralyse les activités dans plusieurs secteurs.
Dans les quartiers, les débats tournent de plus en plus autour du manque de courant électrique. Conakry et ses environs où l’électricité etait stable durant le règne d’Alpha Condé, les citoyens broient le noir en raison de la reprise des délestages électriques.
Dans les ménages, le manque d’électricité pousse les citoyens à s’adapter à la nouvelle donne. C’est le cas de Dalanda Sow, habitante en haute banlieue de Conakry qui travaille au centre-ville de Kaloum. ‘’Avec la disponibilité du courant électrique, j’avais pu me planifier. Je vais à Matoto les samedis pour m’approvisionner en condiments pour toute la semaine. Le weekend, je profite pour préparer au moins 4 sauces différentes. Après, je mets tout dans le frigo. A notre retour le soir, ça me prend moins de 2 heures pour réchauffer la sauce et préparer du riz. Cela diminuait la charge en termes de dépenses, mais aussi c’est moins fatiguant’’, explique-t-elle.
A Koloma Soloprimo, le manque d’électricité est au cœur des debats. Dame Fatou dit avoir perdu tout le contenu de son frigo. ‘’On retourne à une autre époque. On avait une tendance à oublier le manque du courant électrique en Guinée. Maintenant, on n’en a le droit que 2h sur 24. C’est vraiment déplorable’’, s’alarme-t-elle.
Même son de cloche dans les prestations de services. Mohamed nous confie qu’il est obligé de travailler la nuit pour ne pas perdre sa clientèle. ‘’Chez nous, le courant revient vers 18h. Du coup, je fais le design pour des maillots de foot, des t-shirts, des affiches et autres dans la journée et j’attends le retour du courant pour travailler. Désormais, il m’arrive de travailler jusque tard la nuit. On suit le rythme du courant. Le matin, je me repose’’, dit-il.
Pendant que les guinéens continuent à tirer le diable, les autorités de la transition peinent à satisfaire à leurs besoins en électricité. Le porte-parole du gouvernement, après l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, avait prévenu que la desserte en électricité allait connaître une dégradation.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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