Face aux changements anticonstitutionnels, l’idée de la mise en place d’une force militaire fait son chemin dans l’espace Cedeao
Les transitions en cours au Mali, au Burkina et en Guinée avancent-elles suffisamment vite vers le retour à l’ordre constitutionnel ? La Guinée-Bissau accueille ce dimanche 9 juillet un sommet de la Cédéao qui sera largement consacré à ces trois pays, dont les dirigeants sont issus de coups d’État militaires et qui ont tous promis d’organiser des élections devant mettre un terme aux régimes actuels de transition.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée, à Bissau, en présence d’une dizaine de chefs d’État, pour cette 63e session de la conférence des chefs d’État de la Cédéao. Le président sortant de l’organisation, Umaro Sissoco Embalo, qui n’est pas candidat à sa réélection, a pris la parole pour appeler à plus de solidarité dans l’espace de la Cédéao mais aussi à plus d’unité au sein de ce même espace.
Le nom du président nigérian, Bola Tinubu, est cité pour prendre la tête de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao. Il est arrivé ici à Bissau avec une très forte délégation, rapporte notre envoyé spécial, Serge Daniel.
Ses pairs et lui vont étudier plusieurs dossiers, par exemple les inquiétudes de plusieurs pays de la sous-région après l’annonce du retrait du Mali de la Minusma. « Il y a un risque d’aggravation de l’insécurité dans le Sahel et nous devons prendre des mesures », peut-on lire dans un document de la 63ème session de l’institution sous-régionale. Des ONG insistent, de leur côté, sur le sort de nombreux civils déplacés et réfugiés.
Autre sujet qui sera débattu ce dimanche ici : la situation des juntes au pouvoir au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Ce sont des cailloux dans la chaussure de l’institution sous-régionale, explique un diplomate. Le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, ont été suspendus des organes décisionnels de la Cédéao, après les prises de pouvoir par des militaires respectivement en 2020, 2021 et 2022. Ils ont demandé, en vain, le 10 février la levée de leur suspension de la Cédéao et de l’Union africaine (UA). Le Mali et la Guinée avaient en outre été soumis à d’autres sanctions, en partie levées l’an dernier à Accra.
Dans ces trois pays, des chronogrammes pour l’organisation de scrutins ont déjà été fixés par la Cédéao et par les autorités de transition. Les chefs d’Etat ouest-africains devront donc juger des avancées réelles vers l’organisation de ces élections. Au Mali, même si le scrutin référendaire s’est tenu, la Cédéao attend impatiemment la suite. La transition guinéenne tâtonne, constate avec amertume un délégué à la rencontre. Au Burkina Faso, l’insécurité gagne du terrain malgré les efforts consentis, commente un autre interlocuteur.
Création éventuelle d’une force d’intervention
RFI a pu se procurer le document de travail de ce sommet de la Cédéao et, face au terrorisme et aux changements anticonstitutionnels, la conférence des chefs d’État doit réfléchir à la mise en place d’une force militaire.
Le dossier avance. Les experts ont travaillé pour lutter contre le terrorisme dans la sous-région et les coups d’État anticonstitutionnels. On va en principe vers la mise sur pied d’une force d’intervention. L’objectif est d’atteindre 5 000 hommes mais dans l’immédiat, parce que pour les experts et pour les pays membres de la Cédéao, il faut aller vite, on veut compter sur une brigade de 1 650 hommes – un peu moins de 2 000 hommes dans l’immédiat – pour aller sur le terrain combattre le terrorisme et, en cas de nécessité, intervenir contre les coups d’État anticonstitutionnels.
Par RFI