[dropcap]D[/dropcap]eux braconniers et trafiquants de grands singes ont été arrêtés samedi à Tiro, au bord de la rive du fleuve Niger en Guinée Conakry lors d’une opération conjointe du Ministère de l’Environnement, de la Gendarmerie et du projet GALF (Guinée-Application de la Loi Faunique), sous la supervision du procureur de la République de Faranah.
Après avoir abattu la mère de ce jeune chimpanzé le 31 mars dernier, Mamady Cissé et Daouda Condé ont été interpellés en flagrant délit de détention, circulation et commercialisation illégale. Pour l’heure, ces deux trafiquants sont détenus dans la prison civile de Faranah et seront jugés le 28 avril 2015 au Tribunal de Premier Instance de Faranah.
Le petit chimpanzé saisi a maintenant une deuxième chance. Il a été recueilli par le Centre de Conservation des Chimpanzés, un sanctuaire situé dans la zone qui recueille des chimpanzés issus du trafic pour les réintroduire dans la nature à l’issue d’un processus de réhabilitation. Grâce à l’appui du GALF, de nombreux trafiquants ont été arrêtés et condamnés en Guinée, le changement s’opère peu à peu.
Le projet appuie le Gouvernement Guinéen depuis 4 ans afin d’établir l’application de la loi faunique en facilitant l’arrestation et la condamnation des trafiquants fauniques. Il cible essentiellement la poursuite des grands trafiquants.
Son objectif est de lutter contre l’obstacle majeur à l’application de la loi : la corruption. Ce modèle de projet est appliqué dans 10 pays et forme le réseau EAGLE (Eco Activistes for Governance et Law Enforcement).
Dans un contexte de corruption massive et de défaillance de la Justice, le pays est une plaque tournante du trafic de faune à l’échelle internationale. Grands singes, ivoire, peaux, reptiles, perroquets, ailerons de requins et lamantins sont exportés illicitement par des réseaux criminels organisés.
Le pays a une histoire relativement longue de commerce illégal d’espèces inscrites aux annexes de la Convention CITES. Depuis 2007, plus de 130 chimpanzés et 10 gorilles ont été exportés de la Guinée à la Chine avec des permis CITES valides qui déclaraient les animaux comme élevés en captivité, code « C », alors qu’aucune installation d’élevage en captivité n’existe en Guinée. L’ampleur de ce trafic est sans précédent, il s’agit des plus importantes exportations illégales de grands singes dans le monde. Ces chimpanzés ont tous étés capturés dans la nature.
Selon les estimations du GRAS, il faut tuer 10 chimpanzés pour obtenir 1 bébé vivant, ce qui signifie que si 130 chimpanzés sont passés en contrebande, 1300 sont morts. Un crime qui a impacté considérablement sur les populations sauvages.
Mamadou Saidou Deba Barry