‘’Fausses’’ promesses du ministre Kourouma : Les enseignants vacataires veulent passer à la vitesse supérieure
Relativement à leur grogne sans suite les mois passés, les enseignants vacataires de Guinée veulent désormais passer à la vitesse supérieure en boudant les cours jusqu’à leur prise en charge effective dans le fichier de la Fonction publique. C’est du moins l’essentiel d’une interview que le premier porte-parole de cette entité a bien voulu accorder à notre rédaction.
Vision Guinée : Présentez-vous à nos lecteurs.
Fodé Abass Camara : Je suis Monsieur Camara Fodé Abass, professeur d’histoire au lycée Titi 2 et premier porte-parole des jeunes enseignants vacataires de la République de Guinée.
Vision Guinée : Vous êtes le premier porte-parole de grand ensemble de jeunes vacataires qui se sont fait entendre trois fois de suite pour exiger leur engagement à la Fonction publique. Qu’en est-il de cette situation aujourd’hui ?
Fodé Abass Camara : Au fait, nous sommes des jeunes enseignants comme vous venez de le dire, vacataires. Nous avons servi pendant 3 ans sans salaire, parce qu’il y avait une convention entre le ministère de l’Education et nous ; comme quoi lorsque l’Etat allait demander un recrutement au compte de l’Education, qu’on allait être prioritaires. Et nous avons attendu pendant 2 ans pour qu’il y ait ce concours après les résultats duquel nous avons constaté qu’aucun enseignant vacataire du pays n’a été retenu. Lorsque nous avons décidé d’aller demander à notre ministre, le sort à nous réservé désormais par rapport à cette situation, il nous a toujours dit : ‘’Bon voila, nous allons vous prendre. Maintenant, au lieu que vous ne soyez des fonctionnaires d’Etat, vous allez devenir en un premier temps des contractuels d’Etat’’. Et après un bon moment de négociations, après un bon moment d’entretiens, nous sommes au regret de constater que cette autre promesse relative à notre intégration tarde à se concrétiser.
Vision Guinée : A vous entendre, on a comme l’impression que c’est un mouvement national. Dites-nous, cette situation concerne-t-elle vos collègues de l’intérieur du pays aussi ?
Fodé Abass Camara : Ce mouvement est national. Aujourd’hui, ces jeunes enseignants vacataires se retrouvent sur l’ensemble du territoire national, au niveau des DCE et des DPE (Directions communales de l’Education et Directions préfectorales de l’Education : Ndlr). Ce que vous devez comprendre, avec le système éducatif actuel, ils ont en place une politique assortie du constat que dans les salles de classe, il y avait un problème de pléthore. Ils ont donc décidé d’élargir ces établissements tout en créant n’est-ce pas, de nouvelles écoles. Et c’est à partir de là justement qu’ils ont compris qu’il fallait forcément avoir des enseignants qui, même si on ne recrutait pas au compte de la Fonction publique en qualité d’enseignants, mais on pouvait les utiliser en tant que volontaires. Et lorsqu’ils allaient avoir des moyens pour les entretenir, ils allaient passer par un concours. Mais à notre grande surprise, on a constaté qu’après ce concours, aucun de nous na été retenu non seulement à Conakry, mais aussi à l’intérieur du pays.
Vision Guinée : Avez-vous envisagé d’autres mesures coercitives pour amener ce gouvernement à prendre à bras le corps votre situation comme les précédents mouvements n’ont pas abouti aux résultats escomptés ?
Fodé Abass Camara : Effectivement, c’est vrai que nous avons essayé d’abord d’être un exemple, d’être un modèle dans tout ce que nous faisons en tant qu’enseignants. Et nous avons accepté de négocier avec le département de l’Education après trois manifestations. Mais après les trois mois de vacances, il n’y a pas eu de suite. Au jour d’aujourd’hui, nous avons constaté que lorsque le ministre Ibrahima Kourouma nous a dit que le budget de 2014 allait prendre en compte la situation des vacataires, et nous a même rassurés parce que moi en temps que premier porte-parole, je venais périodiquement le rencontrer, qu’il allait prendre un communiqué d’ici le 3 janvier. Mais qu’est ce que nous avons constaté ? Aujourd’hui, nous sommes le 3, donc bientôt le 5 et la rentrée effective, c’est le 6 ; pourtant que rien n’est fait ou dit par rapport à notre situation. C’est pourquoi s’il n’y a pas de communiqué, il n’y a pas de prise en charge ou d’un quelconque juridique, nous allons rester à la maison. Cette fois-ci, nous n’allons pas sortir dans la rue, on n’ira pas non plus au département pour manifester, on ne va pas insulter ; mais, on va rester à la maison. Et les enfants constater qu’il n’y a pas d’enseignants. Et lorsque ce sera le cas, ces élèves eux-mêmes vont essayer de résoudre notre problème, parce qu’ils iront demander à leurs DCE et DPE respectifs pourquoi il n’y a pas d’enseignants. Car, on a accepté d’accompagner le système, d’accompagner notre ministre de l’Education. Mais aujourd’hui, nous avons compris que franchement il n’a pas la volonté, parce qu’à chaque fois qu’il fait des promesses, celles-ci ne voient jamais jour. Nous avons donc compris que si nous continuons comme cela ; étant des pères de familles, nous tirons le diable par la queue pour faire face à nos responsabilités familiales et sociales respectives, avec des obligations de paiement de loyer et surtout du transport comme c’est ce qui arrive quotidiennement. S’il n’y a donc pas de communiqué d’ici dimanche, nous allons tous rester à la maison. Ça le plan B de notre stratégie qui, nous souhaitons, nous sera bénéfique.
Vision Guinée : Merci Monsieur Camara.
Fodé Abass Camara : Je vous en prie, c’est à nous de vous remercier.
Entretien réalisé par Mady Bangoura