[dropcap]U[/dropcap]ne initiative présidentielle dévoyée de son objectif premier, celui de permettre, à tour de rôle, aux villes de la Guinée, de se doter d’infrastructures de base de qualité. Comme à Boké, comme à Nzérékoré, c’est le bal des pompiers qui continue à Mamou. Mamou, où au-delà du gros retard accusé, l’attribution des marchés, a laissé exhaler de fortes odeurs corrodantes.

La transparence, voici la pièce qui a toujours et diablement manqué au puzzle, qui dit mieux au patchwork fichtrement ragoûtant de l’attribution des marchés des festivités tournantes de la date anniversaire de notre indépendance.

Vous avez dit, notre indépendance, proclamée le 02 Octobre 1958 ! Rien que par la symbolique, la charge émotionnelle qui s’attache à sa simple évocation, et toute l’histoire de la bravoure et de l’héroïsme de ceux qui l’ont arrachée de haute lutte, elle mérite tout le respect de nous. Autrement, nous aurons craché sur la mémoire de tous nos illustres disparus, morts au champ d’honneur, nous aurons profané leur sacrifice, leur sang versé pour tirer la patrie du joug d’une domination, d’un avilissement, déshumanisants.

Oui, le grand timonier, a beau jeu de déclamer que le guinéen est faux, c’est d’ailleurs le boulet handicapant qu’il traine au pied depuis qu’il est au pouvoir, il s’est profusément pris des gamelles, en pêchant dans le choix des hommes, à commencer par son entourage fait de petits laudateurs ramant à contre-courant de son ambitieux programme de changement, donc les premiers à le poignarder dans le dos.

Oui, on ne peut pas dénier au professeur président d’avoir nourri de grandes ambitions pour son peuple, d’avoir manqué de volonté, mais en face, il y a toujours cette forteresse inexpugnable bâtie du sang des forces réactionnaires, des forces du mal, des ennemis de la république, les mêmes qui ont agenouillé notre pays et qui continuent de sucer son sang jusqu’au trognon de sa dernière goutte.

Mais si je dis qu’au nombre des ambitions noblissimes à lui concéder, il y a bien et forcément celle de la célébration tournante des festivités de la date anniversaire de notre indépendance, et tout le rosaire d’implications, d’incidences qui s’y attachent, mais je dois dire que si depuis trois ans que de là a été donné à Boké, les festivités se suivent et se ressemblent, et qu’on ne réussit pas à faire mieux de manière graduée, c’est parce que les mêmes pratiques se perpétuent aussi cyniquement et sordidement que cela est, le même bal de pompiers se poursuit, ce sont les mêmes qu’on prend et on recommence, c’est le même constat amer comme du chicotin, de Boké à Nzérékoré, et à l’allure d’un démarrage pour le moins poussif et en catastrophe, Mamou n’augure point d’un tableau plus reluisant.

A contrario ! Oui, je crains pour la ville-carrefour, je crains pour Dalaba, la Suisse de l’Afrique, je crains pour Pita, qui ont toutes, grand besoin d’infrastructures, mais qui risquent d’en rester le bec dans l’eau. Dites-moi que peut-on réaliser de qualité en 4 petits mois ? De l’inachevé, comme à Boké et à Nzérékoré, mais surtout des réalisations à l’as de pique. Oui, les mêmes auxquels on a tout donné depuis toujours, peuvent se le permettre, puisque de compte, on ne leur a jamais demandé.

Encore cette année, les cris d’écorché-vif, poussés par les PME, ne les ont guère émus, les règles du jeu ont été une nouvelle fois faussées, foulées au pied, les dés pipés à l’avance, les DAO, puis quels résultats de quelle commission nationale d’attribution des marchés, mon œil, disons tout net, quel gros miroir aux alouettes ? Vous avez vu quel pays, où le moindre marché ne dégage une seule once d’odeur de transparence ? Oui, ce pays, c’est bien la Guinée d’Alpha Condé, pays où on se permet tout, en toute impunité !!!

Par Aboubacar DIALLO

Chronique quotidienne diffusée sur radio Espace