[dropcap]F[/dropcap]ace au président Alpha Condé, mieux vaut éviter certaines questions. La journaliste Virginie Matter de la Radiotélévision suisse (RTS) l’a appris à ses dépens. En séjour à Conakry le mois dernier, elle a rencontré le chef de l’Etat dans sa résidence pour parler de l’épidémie d’Ebola.

Notre consœur, au cours de l’interview, a souhaité en savoir plus sur les aides que la communauté internationale a apportées aux trois pays touchés par le virus Ebola, dont la Guinée.

‘’Il y a eu beaucoup de promesses. Il faut vérifier entre ce qui a été promis et ce qui est effectivement arrivé. Tout ce qui a promis [pour la relance économique post-Ebola] à Bruxelles, à Washington, à New York, pour le moment, on n’a rien vu’’, répond le président Condé.

Et de poursuivre : ‘’Demandez au président sierra-léonais et à la présidente du Libéria (rires), vous pouvez faire des vérifications. Je n’ai pas dit qu’il n’y a rien eu, on nous a accompagnés, mais les sommes qui ont été promises pendant Ebola, et post-Ebola, on [les] attend. Peut-être que ça viendra’’.

Virginie Matter de reformuler sa question : ‘’Il y a eu tout de même beaucoup d’argent qui est arrivé, énormément de moyens financiers, matériels et humains qui ont été apportés de la part de la communauté internationale, est-ce qu’il en reste quelque chose pour les guinéens ?’’

Alpha Condé de répondre que l’épidémie d’Ebola a apporté deux choses à la Guinée. ‘’Premièrement, Il y a transmission de connaissances. Aujourd’hui, beaucoup de guinéens maitrisent la maladie Ebola. Deuxièmement, on a eu quand même du matériel’’, coupe-t-il court, avant de mettre un terme à l’entretien : ‘’C’est tout ce que je peux vous dire. Vous n’avez qu’à vérifier entre l’argent promis et ce qui est venu hein. C’est très simple’’.

‘’Il s’est levé là, il en a eu marre’’, indique un journaliste dans le studio de la RTS. ‘’Oui disons qu’il a mis un terme à l’interview’’, précise Virginie Matter. ‘’Inutile de vous dire que ce n’est pas si simple à vérifier ces histoires d’argent, d’aides humanitaires. Ce qui est certain, c’est qu’il a fallu des milliards de dollars ou d’euros, choisissez la devise qui vous importe, pour mettre KO le virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Mais parler d’argent, c’est évoquer le vrai mal de la Guinée, celui qui empêche le pays de jouir de ses richesses minières : la corruption’’, conclut-elle à l’antenne.

Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info

00224 664 93 14 04/cire.balde@visionguinee.info