La Guinée n’a pas besoin d’un sauveur éternel, mais d’un bâtisseur lucide. Et la lucidité commande aujourd’hui de repousser l’élection présidentielle. Non pas pour prolonger votre pouvoir, mais pour permettre à la Guinée de se reconstruire solidement, du bas vers le haut : d’abord les élections locales, ensuite les législatives, et enfin la présidentielle.
Nelson Mandela disait :« L’histoire jugera notre courage non pas à nos paroles, mais à nos choix. » (Discours devant le Parlement sud-africain, 24 mai 1994.)
Mon Général,
L’histoire vous regarde. Elle se souviendra du moment où vous aurez choisi entre la précipitation politique et la sagesse républicaine. Ce dont la Guinée a besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’une course contre le temps, mais d’un retour à l’ordre républicain fondé sur la légitimité populaire.
La Constitution et le nouveau code électoral que votre gouvernement a fait adopter reposent sur un principe clair : bâtir la démocratie du bas vers le haut. Cet ordre, locales, législatives, puis présidentielle, n’est pas un détail technique, mais le socle de la refondation nationale.
Inverser ce processus serait une erreur historique. Cela fragilise les institutions et rend impossible une compétition équitable, notamment pour les candidats indépendants confrontés au parrainage.
Le pays n’est pas encore prêt : les institutions locales sont inachevées, le fichier électoral contesté, et les fractures sociales encore à vif. Dans ce contexte, une présidentielle hâtive ne ferait qu’aggraver la méfiance et ouvrir la voie à de nouvelles tensions.
Repousser la présidentielle du 28 décembre n’est donc pas un recul. C’est un acte de responsabilité, un choix de stabilité. Rousseau disait : « La patience est amère, mais son fruit est doux. » La Guinée mérite une élection crédible, inclusive et transparente, pas une course précipitée vers le chaos.
Mon Général, résistez aux pressions des opportunistes qui prétendent parler au nom du peuple, mais ne défendent que leurs privilèges. Ces hommes n’aiment ni la vérité, ni la République. L’histoire de l’Afrique regorge de leaders trahis par leur entourage. Ne leur laissez pas ce pouvoir sur votre destin ni sur celui de la Nation.
L’honneur d’un chef ne réside pas dans la durée de son règne, mais dans la noblesse de ses décisions.
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah
Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments.

