[dropcap]I[/dropcap]ls ont pourtant bien de choses en commun, ces grands hiérarques de notre haute administration publique. D’abord cette propension à plus servir la cause du locataire du palais que de gérer les portefeuilles dont ils ont la charge. Mais c’est aussi cette volonté de positionnement aux premières loges pour se tailler le titre de meilleur serviteur de la cause, toujours politique celle-là. A la fin, c’est sur ces deux paramètres que réside leur ligne de division qui, comme on le voit ces derniers temps est devenue une véritable ligne de fracture.
Et la première conséquence en est que toute cette faune qui était apparemment au service d’une même cause, disons carrément d’un homme en est arrivée à se constituer en clans. Et les affrontements qui se faisaient à fleuret moucheté éclatent au grand jour et se traduisent par un bras de fer médiatique. En cela, d’à peine voilées qu’elles fussent au départ, les attaques sont de plus en plus violentes et soulignent s’il en fallait encore les turbulences que traverse le sérail à moins d’en diagnostiquer une certaine déliquescence.
Dans ce jeu de coulisse, l’on fait flèche de tous bois entre crocs en jambes, dénigrement, blocage, délation, coups de Jarnac, peaux de banane etc. Et la sentence, ne serait ni plus ni moins que la mort…politique de l’adversaire dont l’unique pêché est d’être là, aussi aux ordres et à la corde pour servir le Professeur.
Ainsi, dans l’ordre de bataille qui met en ligne le camp de ceux qui sont dans le viseur et qui compterait Kiridi Bangoura, Oyé Guilavogui, Malick Sankhon, Jonas Mukamba Diallo et François Louncény Fall.
Pour ce dernier, c’est comme du déjà vu et même du déjà vécu. Et les autres n’y verraient certainement pas les choses autrement en se rappelant l’atmosphère des années 2006-2007 et toute sa charge caractérielle. Et parce qu’il s’agit de M. Fall, son éphémère passage à la Primature et sa démission est encore dans les esprits de ses compatriotes. Et à ce qui se lit et se dit, le grand diplomate est désormais dans le viseur de son homologue de la Coopération internationale. Et ne cherchez surtout pas à en savoir les raisons pour ne pas couvrir la République d’une honte certaine.
Quant au Directeur général de la Caisse nationale de Sécurité sociale, son traitement de la part du Premier ministre prêterait à rire pour un bon opposant au RPG arc-en-ciel. En effet, aux yeux de Mohamed Saïd Fofana, Malick Sankhon est allé trop fort en créant le collectif pour la réélection d’Alpha Condé (CRAC) et de ratisser large à cet effet. Ce qui serait une sorte de crime de lèse majesté pour le premier qui se targuerait d’avoir des fiefs entre autres dans son Forécariah natal. Il n’est que de se souvenir de la sortie du leader de l’UFDG dans ce coin pour s’en faire une idée sans oublier l’influence de GPT, de l’autre Morianais qu’est Ibrahima Kassory Fofana. De la sorte, il est donc infligé à Malick Sankhon une sanction pour le moins absurde dont seul le Premier ministre détient le secret en admettant d’ailleurs qu’ils roulent pour une cause commune.
Dans le même ordre d’idées, Malick Sankhon se retrouve dans le même sac que Kiridi Bangoura, ce dernier ayant commis le tort d’avoir été présumé Premier ministre au lendemain des législatives. C’est à ce titre donc que l’ancien ministre de l’Administration territoriale est soumis aux foudres de l’actuel chef du gouvernement.
Qu’en dire d’Oyé Guilavogui en charge d’un Département ministériel stratégique, sinon qu’il n’échappe aussi pas à la géhenne. Loin s’en faut. En tout cas, avec un certain Moustapha Mamy Diaby sur son flanc, dire que le ministre des Télécommunications a les coudées franches dans son service serait un doux euphémisme.
Dernier sur la liste des suppliciés potentiels, le directeur général du patrimoine bâti public Jonas Mukamba Diallo n’est pourtant pas le moins malmené. Quoi qu’il advienne, son cas est le plus retentissant ces derniers jours a eu l’effet d’exposer au grand jour les commanditaires de cette redoutable chasse aux cadres.
Dès lors, se dessine et se précise le clan de ceux qui se sont investis au rôle d’écraser les cinq personnalités citées plus haut (en attendant d’autres encore) avec pour seul but d’éclaircir les rangs du sérail pour s’imposer comme les serviteurs incontournables du palais présidentiel. De toute évidence, il s’agirait de Mohamed Saïd Fofana, de Koutoubou Sano, de Dr Mamady Diané et de Moustapha Naité, d’Albert Damantang Camara, de Kalifa Gassama Diaby et compagnie. Mais à leur déplaisir, un autre clan monté majoritairement par d’autres ministres est en embuscade et ne tardera visiblement pas à investir la scène.
Mais dans cette bataille de positionnement qui s’apparente à combat à mort qui ne se passe pas sous silence, le plus surprenant, c’est encore et toujours ce mutisme que continue d’observer le chef de l’Etat. L’homme dont le désir de rempiler en 2015 n’est un secret pour personne alors que ceux qui prétendent se battre à ses cotés pour lui permettre d’accomplir ce dessein n’en finissent pas de s’entre déchirer.
Après tout, de lui qui n’est certainement pas le dernier à être au bain de cette fronde malencontreuse, il faudrait évidemment s’attendre à une réaction conséquente. Quand et comment le fera-t-il ? C’est toute la question.
Mais en attendant, le grand risque qu’il court serait de laisser pourrir une situation déjà délétère au point qu’elle ne soit irrécupérable. Tout recul pris, c’est du moins une situation quasi ubuesque qui lui est ainsi posée et qui place le président Alpha Condé devant un choix cornélien. Reste alors qu’un jour ou l’autre, il devra faire des arbitrages entre ceux que les analystes cataloguent comme ses pires amis ou ses meilleurs ennemis.
In Le Diplomate
On comprends rien dans cet article.