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Gouvernement : l’opposition, pour quoi y faire ?

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opposiiton_0[dropcap]L’[/dropcap]idée fait son chemin. En interprétant certains propos et gestes du président Alpha Condé, nombreux sont ceux qui lui prêtent  l’intention de mettre en place, après sa reconduite au sommet de l’Etat guinéen, un gouvernement d’union nationale. Ou tout au moins un gouvernement d’ouverture vers d’autres chapelles politiques, y compris de l’opposition.

Par le biais des médias, l’on apprend que la « communauté internationale » serait favorable à un tel scénario. Mieux, qu’elle aiguillonnerait le pouvoir et l’opposition dans ce sens.

La trouvaille, qui en fait n’en est plus une, a été expérimentée un peu partout en Afrique. Souvent là où les tensions politiques et sociales étaient telles que la désarticulation de l’Etat semblait imminente. Parfois aussi, on y a fait recours à des fins de stratégie. Comme ce fut sans doute le cas avec le « gouvernement de majorité présidentielle élargie » du président sénégalais Abdou Diouf, à l’orée des années 90. Un gouvernement au sein duquel son principal opposant, Abdoulaye Wade, accaparé par un pompeux et vide titre de ministre d’Etat (sans portefeuille), cessera de lancer ses troupes dans la rue aux cris de « söpi » (changement en langue ouolof) ! Le vieil opposant ira jusqu’à interdire la mise en vente d’un numéro du journal de son parti (également appelé « Söpi), le PDS, où le gouvernement était attaqué dans certains articles. Au nom de la solidarité gouvernementale.

Evidemment, cette « complicité » ne résistera pas à l’épreuve du temps et des appétits politiques : dès l’échéance électorale suivante l’attelage se rompra.

En Guinée aussi, ce ne serait pas une première. Vers la fin du régime – et des jours – du président Lansana Conté, qui régnait mais ne gouvernait plus (ou à  peine), le Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré s’est retrouvé à la tête d’une équipe pléthorique comprenant presque tous les partis politiques significatifs de l’époque, excepté le RPG d’un certain Alpha Condé.

Si cela avait permis de contenir un moment l’agitation sociale, de calmer les syndicats, la quiétude de la cité et le sommeil des décideurs seront de nouveau troublés, fréquemment, par la grande muette qui se fera entendre à propos du fameux « bulletin rouge » (des revendications de primes).

Le problème avec ce genre d’hybridisme politique, c’est que l’on abouti souvent à l’une des situations suivantes. Soit que l’opposition qui entre dans le gouvernement adopte un profil bas, s’implique dans l’exécution d’un programme qui n’est pas le sien (et qu’elle a même combattu parfois), et contribue ainsi à instaurer de fait la pensée unique (et inique), et à creuser la tombe de l’opposition. Après son élection en 2010, Alpha Condé ne « prophétisait »-il pas la disparition de cette dernière ?

Ou alors, comme le loup dans la bergerie, l’opposition s’arc-boute sur ses principes et son rôle de contre-pouvoir, pour saper de l’intérieur l’action du gouvernement, avant de quitter le navire, surtout quand il commence à tanguer dangereusement, à l’approche des élections suivantes. A coups de déclarations et .de démissions fracassantes. « Le meilleur moyen de renverser un gouvernement, c’est d’en faire partie », disait Oscar Wilde.

Dans le contexte actuel, il faudrait de sérieuses garanties de la part du pouvoir en place, pour qu’un parti comme l’UFDG de Cellou Dalein Diallo prenne le risque de tenter une telle aventure. Criant sut tous les toits que la gouvernance du président Alpha Condé est calamiteuse, il risque d’être également comptable de la gestion de celui-ci à la fin de ce second mandat, si ce n’est à l’occasion des prochaines législatives en 2018.

En ce qui concerne les autres, l’on ne peut jurer de rien. Il s’agirait alors pour des partis qui ne se font plus d’illusions quant à leurs chances de gagner une élection présidentielle dans cinq ans, de trouver des points de chute juteux pour certains cadres et responsables. En attendant peut-être un miracle, …

N’ayant pas le pouvoir d’agiter le spectre des manifestations de rue, contrairement à l’UFDG, leur présence au sein du gouvernement ne saurait garantir la fin des affrontements entre militants surexcités  et policiers à la détente facile.

Top Sylla

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