[dropcap]U[/dropcap]ne trentaine de politiciens, activistes des droits de l’homme et citoyens ont entamé, lundi 10 novembre, une grève de la faim. Ces manifestants ont élu domicile au Palais du peuple, où ils ont passé leur première nuit à la belle étoile. Ils réclament la démilitarisation de la sous-préfecture de Womey et le retour à la vie normale dans cette localité peuplée de plus de 5000 personnes, actuellement refugiées en brousse, selon le comité de crise.
Faya Millimono, contacté lundi par VisionGuinee, a déclaré que cette grève de la faim qui durera quatre jours est une façon de témoigner leur solidarité envers les populations de Womey qui sont en train ‘’ de mourir dans la forêt‘’. Pour lui, ‘’il y a comme un effort de légitimation de la violence, de désengagement de la morale, des valeurs pour faire de la Guinée un pays de valeurs. Et, nous devons tous nous arrêter pour combattre cela’’, a réitéré mardi le porte-parole du comité de crise, chez nos confrères de radio Espace.
‘’Nous nous battons pour que les militaires s’en aillent de Womey. Les policiers et les gendarmes sont formés pour faire le maintien d’ordre. Pas les militaires’’, s’est exclamé Faya Millimono qui pense que ‘’la présence de militaires au Palais du Peuple dans la soirée du lundi pour déloger les grévistes est un signe éloquent que le message a été entendu là il devrait être entendu’’.
‘’Quand on nous a envoyés les bérets rouges pour nous déguerpir, nous avons signifié aux militaires qu’en Guinée, selon les lois, nul n’est censé obéir à un ordre manifestement illégal et qu’ils usaient de la violence sur nous, ils répondraient pour les actes qu’ils allaient poser’’, a expliqué le manifestant, au bout du fil, précisant que la Guinée est ‘’en train de s’installer confortablement dans le caractère de non-droit’’.
‘’Déçu du ministre de la justice…’’
Faya Millimono a confirmé dans l’émission les Grandes Gueules qu’un membre du comité de crise a rencontré le ministre de la justice pour parler de la situation de Womey. Ce dernier, selon ses dires, a déploré la présence de militaires, ‘’sans pourtant prendre des actions’’. ‘’J’ai été déçu de lui quand j’ai lu un communiqué de ce ministre dans lequel, il a parlé de violation des dispositions légales du pays. Surtout le fait d’être resté muet par rapport à la souffrance de près de 6000 personnes qui sont condamnés à mourir actuellement dans la forêt de Womey. Il y a au moins plus d’une dizaine qui ont trouvé la mort’’, a-t-il martelé
Les échos de la grève
Lundi soir, le ministre des droits de l’homme a rendu public une déclaration. Kalifa Gassama Diaby appelle, tout comme les grévistes, à la démilitarisation de Womey. Une telle déclaration, d’après Faya Millimono, est un espoir. Mais lorsque, a-t-il renchéri, ‘’un gouvernement se permet de considérer toute une population d’être des barbares, sauvages ; ça déshumanise. Reconnaissons-le’’, a-t-il intimé à l’antenne de radio Espace.
Il ajoute que la grève de la faim entamée lundi durera quatre jours. En attendant, des informations, encore non confirmées, font état d’un début de retrait des militaires dans la sous-préfecture de Womey. Mais, l’heure n’est pas à la réjouissance chez Faya Millimono qui indique que ‘’le jour nous allons être convaincus que les militaires ont quitté Womey, que les policiers et gendarmes ont pris place pour assurer la sécurité de tout le monde. Que ceux qui ont tué soient recherchés et punis conformément à la loi. Que tous ceux ont été responsables de la mort de plus d’une dizaine de personnes en brousse ne restent pas impunis, ce jour-là, notre grève de la faim n’aura plus de raison d’être’’, a-t-il couronné.
Sidy BAH, pour VisionGuinee.Info
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