[dropcap]C[/dropcap]omme il y a un an, le sort semble avoir choisi le mois de février pour l’empoignade des combinards. Sans grande surprise, on se dirige vers une autre manche de ce poker menteur dont la mise reste l’avenir de nos enfants.
Face à l’intrépidité nourrie d’égocentrisme des syndicalistes, le gouvernement recourt, encore et toujours, à ses vieilles méthodes d’intimidations et de roublardise. Le résultat sera-t-il différent cette fois-ci ?
‘’Il vaut mieux avoir une méthode mauvaise plutôt que de n’en avoir aucune’’, disait le Général De Gaule. Ici, celle de notre gouvernement face aux crisse est connue depuis assez longtemps.
D’abord, que ce soit face à des revendications politiques ou d’ordre social, elle commence toujours par la dénégation et la victimisation. Ainsi les contestataires sont présentés comme ceux qui veulent rompre les équilibres, et exigent beaucoup trop quand tout le monde fait des sacrifices.
Souvent, on n’oublie que les seuls qui ne serrent pas la ceinture sont nichés au gouvernement et dans d’autres postes juteux de l’administration publique. Et ce sont précisément eux qui tentent de convaincre le président qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer, que tout est sous contrôle.
Ensuite, viennent les négociations. Elles ont lieu souvent tard, quand des victimes innocentes commencent à joncher les rues et des images macabres circuler dans quelques médias internationaux. Alors les pourparlers ont lieu, souvent pour la forme ; puisque les vrais accords sont obtenus contre des promesses de postes juteux quand ce n’est pas tout simplement contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Les entremetteurs sont presque toujours les mêmes : de richissimes hommes d’affaires proches du Palais, et quelques coursiers-lobbyistes qui ne sont jamais loin. C’est à ce stade que les institutions républicaines et les religieux sont sollicités. Les accords obtenus alors ne semblent satisfaire que les seuls négociateurs, et rarement la grande masse.
Enfin, un autre appel à la manifestation ou à la grève est lancé. Pour cause, la partie gouvernementale n’a pas tenu ses engagements et argue comme toujours des difficultés conjoncturelles. La masse y adhère, faute de mieux. Elle pardonne encore une fois la traitrise de ses représentants, qui auront réussi une fois de plus de nouveaux griefs contre le gouvernement. Et on entre dans un autre cycle de crises et de négociations.
Qu’on se le dise, les grèves et autres crises politiques profitent à un beau monde dans ce pays, mais à la population. Ce sont des périodes où un business sordide et immoral rapporte gros à une petite catégorie de combinards dispatchés dans les deux camps. Mais la donne a changé pour quelque peu et l’Etat devrait s’en apercevoir. En prenant la tête des négociations et en décrédibilisant les uns après les autres tous les intervenants en face, le chef de l’Etat a vicié une méthode qui faisait la part belle à la partie gouvernementale.
Désormais, la base semble avoir pris le contrôle du syndicat des enseignants. Il a renvoyé sans aucune forme de procès ceux qui étaient devenus en réalité les facilitateurs gouvernementaux à la tête du SLECG. Les autres fusibles ayant tous sauté au fil du temps, les menaces de radiation et de poursuites judiciaires risquent le même sort que l’eau de pluie sur le plumage d’un canard. Surtout que les nouveaux patrons du syndicat des enseignants semblent avoir aussi appris l’art de la roublardise, comme le prouve leur dernier congrès nocturne.
Face au péril insidieux qui guette la cité, la raison et le pragmatisme doivent être de mise chef les décideurs. Comme l’année dernière, février verra-t-il sacrifier un ministre maladroit et aux méthodes approximatives ou une nouvelle chienlit aux conséquences imprévisibles ? Bien malin qui saura le dire.
Par Mohamed MARA, sur radio Espace