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Guerre de succession, querelles de légitimité…: Libérez Alpha

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Alpha conde[dropcap]L[/dropcap]e professeur Alpha Condé ne supporte pas la pression des lendemains incertains et du quotidien difficile. Il ne se plaît pas non plus dans la monotonie politique des jours tranquilles et des victoires acquises. C’est à croire que pour lui la politique est plus une histoire de cœur que de raison, sans cesse, enclin à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Habitué dans son passé, pas si lointain que ça, d’opposant à ne pas prendre de précaution pour exprimer ses convictions, il a du mal encore à s’accommoder du silence des grandes douleurs et des blessures personnelles ainsi que des limites imposées par son statut de Chef de l’État. Une réserve d’autant difficile que le professeur Alpha Condé, chaque fois qu’il se sent attaqué, accusé, trahi, ne peut s’empêcher de réagir constamment sur le qui-vive.

Si, pour le premier mandat, il a souffert du procès en légitimité que l’opposition lui a fait, pour le second en cours, c’est l’impatience de tous à lui succéder qui est son principal écueil. L’homme qui est débordé par ses partisans et épié par l’opposition est confronté à un choix cornélien susceptible de réveiller ses vieux instincts politiques et de provoquer bientôt des duels impitoyables : Annoncer son départ pour lever toute équivoque à propos d’ un autre mandat, le deuxième à peine entamé au risque de diviser la majorité qui ne pense qu’à sa succession ? Envisager de rempiler comporte aussi le risque de rapprocher tous ceux qui veulent être Khalife à la place du Khalif dans la majorité et l’opposition pour la plupart menacés de prendre une retraite forcée à la date buttoir de 2020 ?

Quoi qu’il en soit, le climat politique et social aujourd’hui dans notre pays pourrait distraire des défis nombreux et complexes du second mandat et compliquer la tâche à un Président qui ne s’avoue jamais vaincu face à des adversaires coriaces et de plus en plus nombreux. De qui Alpha Condé devrait se méfier le plus ? Ses alliés qui, si en 2010, l’ont peut-être aidé, pour beaucoup aujourd’hui, surtout les nouveaux rallies ne lui apportent pas tant que ça, mais voudraient cependant profiter de sa Présidence et de son ultime mandat pour préparer l’avenir qui ne le concernerait plus ? Ou devrait-il redouter l’opposition déterminée à arracher l’alternance en 2020 ?

En attendant, pour les autres et lui de savoir de quoi demain qui dépendrait de Dieu et du peuple sera fait, il a sans doute et malgré lui suscité une polémique à propos de ses intentions et une autre par rapport à l’histoire très particulière et méconnue du RPG.

Le professeur Alpha Condé qui a voulu certainement reprendre la main pour ne pas paraître affaibli et isolé, a provoqué une vague de réactions dont le mérite est d’avoir révélé la sourde colère au sein de ses partisans et les frustrations jusqu’alors contenues. Si le Chef de l’État peut être encore craint à cause du pouvoir qu’il détient toujours, ne doute pas qu’il soit écouté et respecté par des militants tout acquis à sa cause, il devra affronter de plus en plus et désormais des compagnons contrariés dans leurs ambitions, des militants déçus dans leurs attentes, une majorité bigarrée que tout divise et oppose.

Les historiques contre les légitimes

Dans l’entourage proche et politique du professeur Alpha Condé se querellent deux groupes qui se disputent ses faveurs et revendiquent chacun une certaine légitimité : les historiques qui ont été de tous les combats à ses cotés et ont attendu pendant longtemps leur heure pour subir dans le silence et la résignation leur marginalisation et sous-représentativité.

Il y a aussi ceux qui pensent que sans eux le professeur Alpha Condé ne serait pas au pouvoir et ne pourra pas gouverner et donc n’entendent pas jouer les seconds rôles. Pour les uns, le professeur Alpha Condé ne doit pas oublier d’où il vient et à qui il doit sa longue et éprouvante carrière politique d’opposant couronnée de succès ? Pour les autres, seul compte maintenant où il va et son destin présidentiel.

Le chef de l’État, malheureusement à son détriment, parce que c’est son tempérament de ne pas se taire ou subir lorsqu’ il est interpellé ou agressé, est impliqué dans ce conflit naturel et sans merci de préséance et de légitimité qui oppose depuis son avènement au pouvoir ses nouveaux et anciens compagnons déterminés tous à compter et préoccupés chacun par l’après-Alpha, une véritable hantise.

« le professeur Alpha Condé est loin d’avoir dit son dernier mot aussi bien pour son avenir que sa succession… »

Pour chacun et tous : l’avenir, c’est maintenant. Au lieu donc que la préoccupation ne soit comment réussir le second mandat, tous les esprits sont tournés vers l’avenir comme en toute fin de règne ou lorsque le président est vers la sortie. Ainsi, le Président Alpha Condé perd une part considérable de son autorité et de son influence dès lors que pour la plupart de ses concitoyens, il n’incarne plus l’avenir pour lequel pour  quelques-uns, il est l’obstacle à franchir, ici et maintenant.

Si, pendant le premier mandat avec la perspective du second, il n’a pas souffert dans son camp, en particulier, de crise d’autorité et n’a pas été confronté à des actes de dissidence et de bravade, bien au contraire, au fur et à mesure que l’on se rapprochera de la fin fatidique du deuxième et ultime mandat pour beaucoup, il sera victime de défections, de trahisons de la part de personnes apparemment au-dessus de tout soupçon. Et, pourtant, le professeur Alpha Condé est loin d’avoir dit son dernier mot aussi bien pour son avenir que sa succession. La décision lui appartient tout seul dans la solitude du pouvoir et le secret de sa conscience.

Jamais un homme au pouvoir ne sera libre. Le professeur Alpha Condé moins encore aujourd’hui balloté qu’il est entre ceux pour lesquels seul l’avenir compte et d’autres qui sont les gardiens de sa mémoire et se préoccupent de sa place dans l’histoire. L’enjeu pour lui, sera toujours de ne pas se couper de la réalité, de ses racines anciennes et profondes et aussi quelque soit l’issue des grandes manœuvres qui ont commencé de ne pas se retrouver opposé à sa propre histoire qui est son présent et son avenir.

Par Tibou Kamara, ancien ministre

 

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