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Guinée : attention, l’hydre n’est pas morte !

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[dropcap]L[/dropcap]e système qui a gangrené toute la sphère socio-économique du pays est toujours en place. Il va étouffer toute disposition susceptible de redonner à la Guinée sa splendeur d’antan.

Il ne suffit pas de changer les hommes, il faut changer la façon de gouverner car notre pays est un grand malade. Malade de son refus de faire face à son histoire, à son passé douloureux dont nous continuons à subir les conséquences.

La situation dramatique que vit actuellement notre société est la résultante directe de la déformation de la vérité historique à des fins politiques. Évitons de souiller notre patrimoine commun en ignorant. D’où nous venons. Un pays qui oublie son passé est condamné à mourir.

On ne peut pas continuer à mépriser notre histoire, ignorer ce qu’ont fait en bien ou en mal ceux qui nous ont gouvernés depuis plus de 60 ans. Toute l’élite civile et militaire a été décimée. Les têtes qui sont tombées n’ont jamais repoussé. C’est bien là notre drame. Le fossé qui a été creusé n’a jamais pu être comblé. Il ne fera que s’élargir tant qu’on refusera de remettre en place toutes les pièces du puzzle.

Notre pays est malade également d’une corruption endémique voulue, entretenue et développée depuis des années par nos gouvernants. Les détournements de deniers publics, Le népotisme, les rétro commissions sont autant de maux qui ont rythmé la vie quotidienne de la Guinée.

La classe politique n’est, sans nul doute, pas étrangère aux facteurs qui ont entraîné la déchéance du pays. Il suffit d’écouter certains de leurs discours pour se rendre compte de la tragédie qui se joue. Un jeune leader disait récemment au cours d’une interview (Je le paraphrase) : « Les aînés ont fait leurs preuves et comme l’appétit vient en mangeant, il faut laisser les jeunes aussi affûter leurs armes. Les parents ne peuvent pas “manger” leur temps et celui de leurs enfants ».

Je ne vais pas condamner ces jeunes leaders qui n’ont eu pour exemple que la gestion des administrations qui se sont succédé depuis les années 80 et qui, au lieu d’amorcer de vrais changements dans la société, jeter les bases d’un développement harmonieux et durable, se sont éloignées des préoccupations du peuple pour créer une bourgeoise comprador.

Le pouvoir n’est pas fait pour “manger’’, mais pour faire manger, pas pour se servir, mais pour servir. C’est Le peuple qui a faim ! On crie sur tous les toits « Place aux jeunes ! ». On oublie souvent que le président Sékou Toure avait 25 ans, Saïfoulaye et Lansana Béavogui 24 ans, Madéira Kéita 30 ans quand la section guinéenne du Rassemblement Démocratique Africain a été créée en 1947. Ils avaient respectivement 36 ans, 35 ans et 41 ans quand, (dans l’unité de pensée et d’action avec Barry Diawadou et Kéita Koumandian qui avaient 42 ans chacun en 1958, Karim Bangoura qui entrait dans sa 32 ème année, et Barry Ibrahima dit Barry III âgé de 35 ans), ils ont mené notre pays à l’indépendance en 1958, sans effusion inutile de sang.

Lansana Conte avait presque 50 ans en 1984, mais beaucoup de ses ministres avaient à peine 30ans. Tout près de nous, 518 jeunes gens (qu’il ne faut en aucun cas comparer à nos vaillants combattants de l’indépendance qui eux n’ont pas succombé au démon “argent” et avaient affûté leurs armes avant de prendre le pouvoir), ont été recrutés par Alpha Condé pour en faire des DAF. Ils ont tous été sélectionnés sur la base de leur âge entre autres.

La gabegie financière instaurée en un temps record nous laisse pantois. A chaque changement de régime, on met l’accent sur le rajeunissement de la classe dirigeante. Mais de même qu’il ne faut pas juger un livre par sa couverture, il ne faut pas juger l’homme par son âge. Il existe une grande différence entre l’âge biologique et l’âge moral. C’est cet âge moral qui devrait être la clé de voûte de la transition ! Nous avons besoin de personnes dotées d’une déontologie irréprochable pour la conduite de cette transition qui comme son nom l’indique est temporaire.

Son but est d’engager le pays sur la voie du développement en mettant en place des institutions fortes et inamovibles. Il faudrait noter que l’un des secrets de la réussite de l’empire du soleil levant réside dans l’utilisation du savoir-faire des personnes âgées qui, même après leurs retraites sont employées de façon méthodique et ponctuelle dans les entreprises.

Il faut également attirer l’attention des dirigeants actuels sur le fait que ce n’est pas la fonction publique qui recrute mais le privé. Une fonction publique ne doit pas être pléthorique. Il faut encourager et attirer le secteur privé qui est un puissant moteur de création d’emploi et de croissance économique durable.

Le problème de la Guinée n’est pas un problème générationnel. C’est un système qui est là et qui a été mis en place pour faire main basse sur les richesses guinéennes. L’objectif principal est de piller systématiquement les ressources du pays avec la complicité d’investisseurs étrangers véreux dépourvus de tout sens moral. Malheureusement pour nous, nous sommes tombés dans un engrenage qu’il sera très difficile de maîtriser sans l’apport de toutes les composantes du pays.

Pour guérir des maux qui nous assaillent nous avons besoin du concours de tous les “bons médecins “à notre chevet. Ceux qui ont en eux le sens du partage, ceux qui n’ont pas encore perdu le sens de l’honneur. Les vrais patriotes ! Il en existe ! Mais ceux-là n’iront jamais faire le pied de grue devant les portes.

Il serait judicieux de créer au niveau des départements ministériels des conseils composés de personnes ressources pour aider à refonder l’Etat et mettre sur pied une administration viable qui serait en mesure de préparer des élections libres, transparentes et crédibles. Cette transition est un moment unique pour jeter les jalons d’une démocratie vraie. Il faut saisir l’occasion comme si notre vie et celui de nos enfants et petits-enfants en dépendait. Pour bien la réussir, profitons de l’expérience des meilleurs d’entre nous.

Adama Doukouré

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