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Guinée : coup d’Etat ou pas ?

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[dropcap]L[/dropcap]e débat est posé. Chacun y va de sa réflexion et de son commentaire dans la cité. Arrivé au pouvoir en 2010 par une gymnastique des plus rocambolesques, Alpha Condé a dit avoir hérité d’un pays, mais pas d’un État.

En vérité oui ! On en était arrivé à l’époque à une situation de déliquescence poussée de l’Etat. Le ‘’Mandela’’ investi a promis à la Guinée de lui faire rattraper en 5 ans son ‘’retard’’ de 50 ans.

Hélas ! 11 années de gestion chaotique ! Que de cauchemars à la place des monts et merveilles promis ! Et vint le 5 septembre 2021.

En réalité la Guinée disposait encore d’un reste d’Etat en 2010 fut-il failli. Alpha, par une démarche d’exercice personnel du pouvoir, par sa volonté d’écraser l’opposition, de caporaliser l’ensemble des institutions, de contrôler la société civile, d’étouffer toutes voix dissonantes même dans son propre camp, bref de régenter tous les secteurs de la vie politique, sociale et même économique du pays, Alpha a fini par anéantir le peu d’Etat qu’il a trouvé. On en est arrivé à une situation de non Etat, avec une justice instrumentalisée, l’impunité garantie aux tortionnaires, l’immoralité et la corruption légitimées.

Ne soyons pas amnésiques. C’était juste hier. Alpha a procédé à un braquage à ciel ouvert de la Constitution de 2010. Après avoir fait voter une nouvelle constitution, il en a fait promulguer une autre. Ce faisant il a perpétré un coup d’Etat. Juridiquement, le pays n’avait plus de Constitution, plus d’Etat. Tout partait du président prodige, tout lui revenait. Le pays respirait par ses poumons.

Oui, l’intervention du 5 septembre peut être considérée comme un coup d’Etat dans le sens classique de l’expression. Mais au-delà de la sémantique, il y a ce que les mots veulent dire, il y a ce qu’on veut leur faire dire. Le 5 septembre 2021 jette les bases du rassemblement pour la refondation de la nation guinéenne, en vue de la construction d’un véritable Etat de droit.

La communauté internationale a été un témoin privilégié du cauchemar guinéen avec son lot de morts, de blessés graves, d’handicapés à vie, de privation de liberté et pertes de biens. Bien lui sera de s’en tenir à sa condamnation hypocrite de principe et de laisser le peuple martyr de Guinée gérer ses affaires comme il l’entend.

Dieu le Tout Puissant est loué pour la baraka dont il couvert le Comité National pour le Rassemblement et le Développement le 5 septembre. Il est imploré pour Son accompagnement miséricordieux au processus de changement amorcé jusqu’à son terme. Aameen !!!

Sény Facinet Sylla
Ancien Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses

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