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Guinée : Désinfecter la vie politique pour un nouveau départ

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[dropcap]L[/dropcap]e 29 janvier dernier, Alpha Condé promettait la création de 100 000 entreprises pour les jeunes. C’était l’une des mesures phares de son nouveau slogan “Gouverner autrement”.

Mais dans ce pays appelé par dérision Tortueland (« les Guinéens sont des tortues, il faut les chauffer pour qu’ils sortent la tête », disait Alpha Condé), nous savions tous que cette annonce allait finir au cimetière comme les précédentes.

Mais en regardant de près le spectacle désolant des files d’attente et des bousculades au Palais du peuple au premier jour des concertations avec la junte militaire, je me suis rendu compte que cette promesse était à moitié tenue.

En 10 ans, à défaut de création d’entreprises, Alpha Condé a transformé tout un peuple en 12 millions d’auto-entrepreneurs de la politique sur fond de guerre d’Ego et de conflits d’intérêts.

Le tissu social est segmenté et compartimenté en clans :

  • La diaspora contre les Guinéens de l’intérieur
  • les intellectuels contre les analphabètes
  • les jeunes contre les vieux
  • la société civile contre les partis politiques
  • la mouvance présidentielle contre l’opposition
  • les opposants contre d’autres opposants
  • les alanmané (oui au 3ème mandat) contre les amoulanfé (non au 3ème mandat).

Évidemment, pour couronner le tout, les ethnies les unes contre les autres, etc…

Comme nous les appelons familièrement, les partis cabines téléphoniques ou boîtes de sardines ont pris en otage le débat politique, le transformant en combat de personnes et en concours de volatilité partisane.

Je défie quiconque de me donner le nombre exact de partis politiques guinéens capables de réaliser un score de 1% lors d’une consultation électorale dans chacune des 8 régions administratives du pays.

Quand on sait qu’en 2010 sur les 24 candidats en lice au premier tour de la présidentielle, seuls 4 d’entre eux ont dépassé la barre des 5%, on voit bien la représentativité réelle des formations politiques qu’ils représentent.

Des personnalités bien connues comme Kassory Fofana, Mamadou Sylla, Ousmane Kaba ou Lounceny Fall étaient même en dessous de 1% des voix.

En 2015, rebelote : seuls trois candidats (Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré) dépassent les 5%.

Des ténors omniprésents dans les médias comme Lansana Kouyaté, Faya Millimono et Papa Koly Kourouma avaient réalisé le triste score de 1%.

Comme l’a rappelé le colonel Mamady Doumbouya, notre nouvel homme fort, nous sommes obligés de tout recommencer à zéro encore une fois. Et dans ce reset général, le challenge le plus important est l’assainissement de la classe politique par :

  • Une limitation du nombre de partis comme l’avait souhaité l’ancien président Lansana Conté en 1990 (qui voulait les limiter à deux grandes formations) avec des critères objectifs et inclusifs ;
  • Une dissolution pure et simple des partis cabines téléphoniques ;
  • Un contrôle strict du financement des activités politiques par une loi spécifique;
  • Une dépolitisation totale de l’administration publique.

Ce qui nous permettra de laisser participer sereinement les candidats sérieux à la compétition électorale :

  • De faire respecter le choix du peuple ;
  • De replacer le débat d’idées au cœur des campagnes électorales ;
  • De réduire l’ingérence des puissances extérieures dans la vie politique guinéenne ;
  • D’avoir une administration efficace au service du peuple.

Cet effort d’assainissement de la vie politique est inévitable si nous voulons éviter les erreurs du passé.

Mamadou Baba Thiam

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