Le changement est une constante. Que nous le voulions ou pas, il continuera son bonhomme de chemin. La question essentielle à se poser est de savoir quel changement voulons-nous ? 

La démocratie est un système d’amélioration continue, puisqu’elle est un idéal à atteindre. Elle est en même temps le chemin et la destination. On lutte pour des causes justes, des principes fondamentaux, des valeurs ou encore des aspirations communes. On y arrive parfois et on lutte très souvent. Les libertés de la presse et d’opinion, la liberté de mouvement, d’association ou de manifestation continuent à occuper une place centrale dans nos préoccupations quotidiennes. 

Les avancées notables sont enregistrées dans plusieurs domaines, notamment les droits des femmes, des enfants ou des personnes vulnérables mais il reste énormément à faire dans les domaines de la justice, de la liberté d’opinion ou encore la liberté d’expression.

La presse en général reste encore bâillonnée à plusieurs égards et beaucoup de journalistes travaillent toujours avec la peur au ventre tout en menant des luttes internes non pas à cause de la légalité mais de l’acceptabilité dans l’exercice de leurs professions. Les pouvoirs politiques ne céderont toujours pas de bon gré. La lutte doit continuer et c’est seulement dans cette lutte que se trouve le salut des peuples. 

La tendance à diaboliser et étouffer la lutte au nom de la paix et de la cohésion ressemble plutôt à une machine de manipulation savamment montée pour saper les libertés fondamentales et maintenir les peuples dans la soumission, la peur et la dépendance. Dans le domaine judicaire par exemple, des vices de procédure pourraient remettre des gros efforts de moralisation en question. 

La paix ne se trouve nullement dans les tentatives d’étouffement des libertés mais dans leur expression totale et par toutes les composantes sociales, notamment les couches juvéniles, les couches défavorisées ou qui s’estiment lésés et les travailleurs. C’est la libre l’expression des droits fondamentaux qui favorise les échanges nécessaires à l’élaboration des démarches à entreprendre pour la résolution des problèmes auxquelles sont confrontés les peuples pendant ces moments de grands défis globaux et régionaux. 

Le monde de libre esprit, de pensée et d’exercice que nous sommes contraints à vivre ne tolère pas l’oppression. Les oppresseurs peuvent dominer un moment mais les opprimés ont toujours eu raison des premiers et cela partout dans le monde. Des régimes jadis légitimes et populaires ont créé des fortes oppositions contre eux-mêmes en privant une partie de leurs peuple de leurs libertés fondamentales ou en utilisant de manière inadéquate la force ou des instruments judicaires contre ces derniers. Pour réussir toute réforme ou changement notable, l’adhésion populaire est nécessaire, même au prix de concessions impopulaires. 

Pour nous qui avons vécu les douloureux évènements de Janvier–Février 2007 et du 28 septembre, il est difficile d’accepter les grands mouvements de masses pendant une période aussi sensible qu’une transition. Les eaux du paysage politique sont encore sombres mais cela ne peut justifier une main de fer qui à la longue pourrait justifier des comportements subversifs justifiables.  

Les bonnes intentions ne doivent pas servir d’alibi pour mettre le peuple contre soi. Il serait préférable et plus salutaire d’ailleurs de se mettre à l’écoute du peuple et l’accompagner vers le changement qu’il souhaite et pour lequel il s’est battu depuis très longtemps. Un dialogue ouvert, franc et sincère contribuerait largement à créer les conditions favorables à l’épanouissement dans la stabilité. Toute tentative de gestion solitaire et musclée des problèmes communs risquerait de réveiller les attitudes bellicistes et compromettre la stabilité pourtant indispensable pour le retour à l’ordre constitutionnel.  

Boubacar DIENG