[dropcap]L[/dropcap]’habitude est une seconde nature », dit un adage. Ceci reste valable pour les services de police routiers en République de Guinée. Malgré les réformes engagées par les autorités dans le secteur des forces de défense et de sécurité depuis 2011, les tracasseries policières demeurent monnaie courante dans les rues de la capitale Conakry.
Des agents de la police routière se livrent à des pratiques qui n’honorent pas la corporation. Déployés pour réguler la circulation routière, certains agents s’éloignent de leur mission au profit des miettes, et deviennent parfois, les meilleurs perturbateurs dans la circulation. Le phénomène est récurent au niveau de presque tous les grands carrefours de la capitale.
Pour dénoncer ce phénomène, nous avons interrogé des conducteurs de véhicules, des taxis-motards, des acteurs de la société civile, de la police elle-même et un agent de l’agence nationale de la lutte contre la corruption.
Des chauffeurs interrogés déclarent que pour échapper à la rigueur de la loi, il suffit de glisser quelques billets de francs guinéens entre les mains de ces agents. Voir vidéo suivante.
Guinée: des scènes de rackets policiers filmées à Conakry
Mais la corruption, c’est quoi ?
C’est le fait d’abuser de ses fonctions pour un gain personnel, et elle revêt de nombreuses formes. Parfois, c’est le politicien qui se fait graisser la patte par une entreprise de travaux publics avant de lui accorder un contrat. C’est un responsable local qui se paie des biens personnels sur le dos du contribuable. C’est l’agent public qui oblige les citoyens à lui payer un pot-de-vin s’ils veulent avoir accès à l’eau propre ou à l’énergie, etc.
Et qui est affecté ?
La corruption affecte tout le monde, en particulier les populations vulnérables. Obstacle numéro 1 au développement économique et social, elle nuit à la société à de nombreux égards : elle sape la démocratie et les droits de l’Homme en affaiblissant les gouvernements. Elle détourne des fonds qui auraient dû être alloués à des services publics, comme la construction des postes de santé, des écoles, à l’assainissement, etc. Elle a un effet accablant sur les investissements étrangers, ce qui réduit la création d’emplois.
Et en Guinée ?
En Guinée, la corruption dans la circulation routière est la plus visible. On assiste en longueur de journée à des rackets policiers soit sur des véhicules ou sur des motards. L’explosion des taxis motos à Conakry sans une réglementaire claire en la matière a augmenté ce fléau.
Selon le rapport du baromètre mondial de la corruption – Afrique 2019, en Guinée, le niveau de corruption augmenté de 38 % (2015) à 62 % (2019). Au sein des forces de police, le phénomène a progressé de 38 % en 2015 contre 57 % en 2019. Cette évolution de 19% en quatre années soit 5% par an, démontre l’ampleur de la corruption au sein des forces de police. La même source indique que 61% de personnes interrogées affirment avoir versé un pot-de-vin pour obtenir des services de la police au cours des 12 derniers mois. Voir vidéo suivante
Guinée: Les impacts de la corruption routière dénoncés par le public
Nous avons jugé nécessaire de réaliser des vidéos de dénonciation et de sensibilisation dans le but de rehausser le civisme en Guinée et encourager les citoyens à dénoncer et à résister face aux actes de corruption.
Pour plus d’informations, nous vous invitons à visionner cette vidéo de plaidoyer.
Messages de plaidoyer pour dire #Stop à la #Corruption routière en Guinée
Par Mamadou Aliou Diallo