Elle est belle cette Guinée plurielle, pas seulement (2) de ses richesses encore moins « de sa pauvreté », pour paraphraser Houphouët parlant de Mamadou Coulibaly (riche de sa pauvreté), géniale dans ses sauts, soubresauts, se projetant jusque dans les étoiles, retombant sans filet, tantôt cueillie par les donzos, criblées de balles forgées par le père de « l’Enfant noir (3) », tantôt jetée sur le macadam pour recevoir encore des balles fabriquée à la Sorbonne ou à Trafalgar.
L’’Oncle Sam se contentant de tout scruter depuis ses nombreux satellites qui ne sont pas du tout dans le ciel, mais rue de Villiers (où n’habite pas Gérard de Villiers !) pour la DST française, obscur sentier quelque part en haute banlieue, au QG de James Bond (à Scotland Yard ?) ou dans le sombre bureau de Derrick, qu’on vient de virer des locaux de la tévé française pour accointances avec suivez mon regard ou l’actualité « piple » du PAV (paysage audio visuel) de l’hexagone.. Quant au MOSSAD, cousin de la CIA, on sait que son QG se trouve en virginie, siège de la CIA…donc la communauté internationale n’intervient plus dans ces boucheries de « tirailleurs sénégalais, surtout pas dans les rues. Bon il y a Hollande, mais lui, c’est un président normal..
Où ai-je perdue ma Guinée plurielle ?
Ah oui :
La Guinée, ce prétendu scandale géologique, puisque cet arbre qui ressemble à une figure de Nagasaki, figé par l’éblouissement nucléaire, ce pays de souffrance (« prophétie » de Cheick Ahmadou Bamba, saint patron des Mourides du Sénégal en partance pour son exil gabonnaisn, 1900), cette ex perle coloniale de l’Afrique cache mal la forêt d’une terre promise à la malédiction. De fait, il n’y a que scandales humanitaires dans ce pays d’où partent presque tous les fleuves qui arrosent le Sahel jusqu’aux confins du Tékrour, aux bords du Sahara, ce pays sur lequel s’abattent six mois durant, 6000 mètres cubes d’eau, mais se trouve dans les ténèbres 12 mois depuis le départ De Gaule et de la civilisation : pas d’eau dans les robinets, pas d’électricité ; tous les deux jours, les bougies importées par conteneurs entiers d’Asie tuent plus que la route, et pourtant les motos asiatiques font des ravages sur ces pistes de tous les rallyes..
Qu’il est difficile de finir une phrase quand on écrit sur la Guinée !
L’Opposition vient de renoncer à la marche qu’elle avait projetée pour ce jeudi 9 mai. La Guinée, qui comme toutes les républiques bananières au sud du Sahara est gouvernée par un dictateur, ne connaît que des élections frauduleuses, « tribalistes », aussitôt « certifiées » par « la communauté internationale » qui a hâte de passer aux choses sérieuses. La paix, même injuste (n’est-ce pas entre la justice et ma mère.. Camus ?), pourvu que le bras financier des Institutions de Brettons Wood, la SFI (Société financière internationale » rassure ainsi les grands « miniers », grands « pétroliers » et autres mastodontes qui trônent sur la mondialisation. Ils auront depuis quelques petites décennies, relevé « Le défi mondial » et brisé les frontières mesquines de petites nations que ne connaissent pas les grandes places boursières où règnent le CAQ 40, le Dow Jones et autres cotations, quarterons des côtes autrefois écumées par les avisos des boucaniers de la Reine des mers. Les ex colonies de la Reine des mers, la « perfides Albion connaissent moins ces turpitudes et ces tripatouillages de la démocratie. Il en va tout autrement des quarterons ‘’libérées’’ des petites entités latines pas encore vraiment des nations d’où étaient originaires Diogo Cao, René Caillé, maîtresses des grandes oubliées de « la controverse de Vailladolid » qui avait épargné des durs travaux des champs aux « natifs » des « Indes » de Christophe Colomb.
Que c’est loin tout cela !
C’est justement ce trou de mémoire, cette incapacité de nos héritiers politiques des « Pères des indépendances » à qui il manque ce chaînon sans lequel on ne comprendra rein à « L’accumulation à l’échelle mondiale » (Samir Amin, éd. Anthropos), ni rien à la pérennité du « Pillage du tiers-monde » (Pierre Jalée éd. Maspero), amnésie qui fait qu’on ne se rappelle même pas l’avertissement « scandaleux » de René Dumont dès l’aube des années soixante avec son « Afrique noire est mal partie ». Ce sont eux qui veulent en découdre avec l’ancien président maoïste de la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France) qui demandait l’indépendance des territoires coloniaux déjà en 1950, alors que « les Noirs ne savaient même pas fabriquer une aiguille », disait le futur grand « révolutionnaire », Ahmed Sékou Touré qui avait osé demander l’indépendance à de Gaulle ! Pas étonnant qu’une décennie plus tard, sa « révolution » allait cannibaliser 50 000 Guinéens, pendus, fusillés, après avoir été torturés dans des « cabines techniques » de moins de 2m2, enterrés vivants, etc., etc.
Eh bien l’Opposition guinéenne d’aujourd’hui a en face d’elle quelqu’un qui a affirmé dès son intronisation :
Je reprends la Guinée là où Sékou Touré l’avait laissée.
Et c’est celui-là que « la communauté internationale » aide à se maintenir en selle, alors que depuis deux mois, le peuple révolté, qui sort massivement toutes les deux semaines pour dire son ras-le-bol, l’a plusieurs fois fait reculer, même si avant, il fera tuer de jeunes innocents, toujours choisis parmi l’ethnie majoritaire qui se trouve aussi être celle qui au plan politique, se retrouve dans le Parti qui avait eu 44% à la dernière élection présidentielle où « miraculeusement il l’avait emporté, partant de 18% à 52% !
Ce qui avait fait dire à Sarkozy alors président, à Kouchner (encore ministre pour trois mois), qui se dit frère jumeau du « premier président démocratiquement élu.. », comme continue à le marteler la télévision publique d’Alpha Condé):
« Mon cher Bernard, tu devrais t’acheter une calculette, pour que tu crois encore que ton.. ami puisse remonter un handicap de plus de 30% ! »
Et c’est le frère jumeau qui a eu raison.
Alpha Condé, avec la complicité de « la communauté internationale », avait réussi à faire repousser les deux semaines qui constitutionnellement devaient séparer les deux tours, à 5 mois d’intervalle pour lui permettre d’être prêt. Et après la publication de ces faux résultats, c’est la même communauté internationale qui a « convaincu » le vrai gagnant Cellou Dalein Diallo et l’autre perdant, Sidya Touré qui était venu deuxième avant Alpha Condé, de « calmer leurs troupes ».
Ils l’ont accepté.
Ce sont les mêmes qui viennent d’être convaincus par la communauté internationale de renoncer aux marches.
Ils ne leur reste plus qu’à se coucher à plat-ventre pour que « l’Empereur des mines » (La lettre du Continent) brade à la SFI tapie derrière Rio Tinto (anglo australien), Vale (brésilien), et autres grands « miniers », les richesses des Monts Simandou et Nimba, les plus grands et plus riches minerais de fer au monde, avant le Brésil. On savait que la Guinée était le premier pays pour les réserves de Bauxite (ou deuxième après le Canada ?)
A suivre..
Par Saïdou Bokoum
Lu sur Le Club de Mediapart
Note 1): Donzos, chasseurs traditionnels transformés en commandos venus en renfort des agents des forces publiques pour réprimer les manifestants
2) D’après titre du blog d’un jeune Guinéen ( Ma Guinée plurielle), Alimou Sow qui vient de remporter le ‘’Prix du meilleur blog français’’
3) Un classique de la littérature africaine dont le père du héros était un forgeron.