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Guinée : où va la République ?

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DIALLO_Lamarana__Petty_8_01[dropcap]L[/dropcap]a  République de Guinée, née le 2 octobre 1958, ne cesse de s’effilocher depuis son glorieux avènement. A qui la faute ? Pourquoi cela ? Comment peut-on y remédier ?

Inutile de faire l’historique des conflits ou des crises sociales et politique que notre pays a connues depuis bientôt 60 ans. On s’y perdrait en probabilité à défaut de fondre en larmes tellement notre passé, d’une promesse glorieuse, a enfanté des lendemains douloureux. Disons les choses clairement : chez nous l’éléphant a réellement enfanté d’une souris !

Mais comment en est-on arrivé là ? Au point où, le samedi 15 avril 2017,  un citoyen ose ouvertement tenir des propos qui, en plus d’ébranler l’unité nationale mettent les fondements de notre République en cause ?

L’auteur des  propos, que nous avons tout guinéen a entendu et suivi en direct, n’est pas n’importe quel citoyen, comme le dit le langage populaire. Si son nom ou prénom importe peu, il s’arroge du titre de Kountigui : traduisez «  la tête de…, le chef de… ou le représentant de…»

C’est donc le Kountigui de la Basse-Guinée qui prétend parler au nom de toute une région qui s’exprime ainsi : « Personne ne doit mettre les pneus sur la route, insulter le chef de l’Etat, offenser la population de la Basse- Guinée et les sages de la Guinée. Si quelqu’un veut le faire, mieux vaut qu’il aille le faire dans sa région ».

Quelle relation existerait-il « entre mettre des pneus  sur la route » et ces menaces anti-démocratiques, régionalistes et ethnocentriques ? Qui est propriétaire d’une région en Guinée ou ailleurs ? Qui peut prétendre détenir des pouvoirs coercitifs en dehors de l’Etat ? Ce dernier devant, lui-même, respecter les droits des citoyens à manifester, à exprimer leur opinion politique ou croyance ?

Le contexte de la déclaration précédente et de celles qui vont suivre montre d’autant plus leur gravité. En effet, c’est, comme je l’ai dit, un soi-disant représentant d’une région qui, profitant d’une visite dite de courtoisie à d’autres représentants d’une autre région, qui se déchaine et se donne des droits  en menaçant les citoyens des deux autres régions sûrement absentes.

Nous savons tous, que ce monsieur est ébranlé dans son assise sociale, son titre est rudement disputé, son autorité et sa représentativité fortement remises en cause depuis un certain temps.

Surement acculé, il essaie de courtiser les courtisans du chef de l’Etat afin de sauver ce qui lui reste du pré-carré- qu’il semble s’être donné illégalement-. Voyant la menace grandir et le danger arriver à grands pas, il tente d’échapper à la destitution annoncée en barrant la route à ses adversaires. Qui ne sont pas des moindres, à ce qu’il semble.

Tout porte donc à croire, qu’en dépit de la gravité du discours, les mots proviennent de quelqu’un qui est pleine  panique.

Mais ce sentiment n’est qu’un élément parmi d’autres à incriminer. L’homme qui tient les propos évoqués est foncièrement ethnocentrique. Pire, il ne cache pas sa xénophobie. Par-dessus tout, il est un danger pour la nation et pour son unité. Il mérite d’être poursuivi et sanctionné du fait d’avoir remis en cause les fondements de notre république.

En effet, la constitution adoptée au lendemain de notre indépendance, le 10 novembre 1958 plus exactement, précise dans son préambule que: «Le peuple de guinée proclame l’égalité et la Solidarité de tous ses Nationaux sans distinction de race, de sexe ou de religion ». Plus loin l’article 45 stipule : « Tout acte de discrimination raciale, de même que toute propagande à caractère raciste ou régionaliste sont punis par la loi.

 Malheureusement, ce monsieur n’est pas le premier à se fendre sur les antennes et les tribunes de discours aussi incendiaires sans jamais être inquiété. Pourtant, ni la loi fondamentale du 23 décembre 1990 ni les révisions constitutionnelles  qui l’ont suivi ne sont revenues sur les fondements d’une Guinée, une et indivisible.

Ainsi, la constitution adoptée le 19 avril 2010 par le conseil national de la transition et promulguée le 7 mai   renforce le caractère « unitaire » de notre République : « La Guinée est une République  unitaire,  indivisible,  laïque, démocratique, et social ». Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction, d’origine, de race, d’ethnie,  de sexe, de religion et d’opinion ».

Ce rappel permet de mesurer l’écart, d’évaluer le fossé qui s’est creusé depuis 1958  au sein de notre nation et qui risque, si on n’en prenait pas la mesure, sera le gouffre qui l’engloutira.

Pour preuve, ces autres propos encore plus enflammés : « Ici, il y a des Guinéens, il y a ceux qui sont venus en Guinée et il y a ceux qui sont en Guinée ». Que l’auteur d’une telle ineptie explicite sa trilogie ethno-régionaliste dans : « il y a des Guinéens » « ceux qui sont venus » et ceux qui sont en Guinée ».

De cette règle de trois diabolique, née d’une acrobatie mentale à moitié lucide, peut provenir l’éclatement du tissu social guinéen qui est déjà fortement éprouvé. A cela s’ajoute le lourd contexte socio-politique de l’arrestation et de comparution d’un certain Toumba Diakité pour les faits qui lui sont reprochés. Mais aussi toutes les éventualités d’interpellations et de probables inculpations.

Mais depuis l’apparition sur la scène politique d’expressions anthropologiques, comme « autochtone », une notion d’une senteur coloniale, rien n’étonne plus. Cependant, devons-nous nous taire ? Laissez faire sans dénoncer ?

 J’apprécie, malgré nos différences de vue et d’approche, la lettre ouverte de Sadio Barry adressée à cet homme qui, non content de son outrage verbal affirme encore : « Nous avons pris des dispositions, nous allons bientôt animer une conférence à cet effet (s’agissant des pneus sur la route) au palais. (…) Trop c’est trop, c’est nous qui avons accueilli tout le monde ici. Si nous ne sécurisons pas la Guinée, ce sont nos enfants qui vont perdre.

Au nom de qui, de quoi,  en vertu de quel pouvoir, quelqu’un ose-t-il dire qu’il a accueilli des  populations d’une même nation, d’un même pays ? Ceux-là qui ont en commun et la nation et le territoire ? Qu’une telle personne ose dire qu’elle songe aux générations futures, à la sécurité nationale ou la sécurisation des acquis est le comble de l’impudence ! On peut tout simplement être d’accord avec ce monsieur : « trop, c’est trop ». Alors, qu’il arrête !

Je dis, en ce qui me concerne que les pourfendeurs des citoyens, les quémandeurs de notoriété à des fin éhonté ment égoïstes au détriment de la nation et de son unité doivent être mis à nu.

Les représentants de l’Etat guinéen, le président de la République en premier, devrait se montrer intransigeant face aux discours et propos qui mettent en danger notre bien commun : la Guinée.

 Le parti au pouvoir devrait se ressaisir en intimant, je dis bien en intimant, certains de leurs pyromanes en quête de reconnaissance afin qu’ils calment leur ardeur. On ne devrait pas perdre de vue que le fleuve se remplit et déborde  goutte après goutte. Que la crue en question est, le plus souvent, le résultat de fines pluies. Alors, il est temps de mesurer les risques d’averse qui peuvent noyer la République et de ne pas perdre de vue que jusqu’à présent, la guinée a eu beaucoup de chance. Car ce ne sont pas les occasions d’éclatement qui ont manqué.

 De son côté, l’opposition, ou ce qu’il en reste, doit- je dis bien doit et non devrait- cesser de courtiser les courtisans. C’est un leurre, une illusion de continuer à penser qu’un homme, se disant représentant de quelle que région que ce soit, pourrait contribue à l’accession au pouvoir.  En l’espèce, vaut mieux draguer le peuple qu’un souteneur.  Ce genre est à l’image de Fama, personnage des soleils des indépendances, réduit à courir, en chef déchu, « d’enterrement en enterrement… aux pas d’un diarrhéiques ». Il  n’est qu’obstacle.

Au vu des errements de certains citoyens, à la pratique de la gouvernance et des risques avérés ou sous-jacents de certains comportement, il se pose avec acuité, l’utilité des groupements régionaux sous la dénomination de coordinations régionales de la Basse, Moyenne ou Haute-Guinée et de la Guinée forestière.

De même, les titres anachroniques, ramenés au goût du jour à des fins politiciennes, clientélistes ou corporatistes de « Kountigui, Sotigui, Lamdho, Sage, » et autres statuts inventés ces dernières années sont inadaptés à l’exercice d’un pouvoir central. Tous sont des relents d’un pouvoir autocratique, si ce n’est néo-féodal, qu’on a ressuscités à un moment où l’Etat guinéen était quasi-inexistant. Plus précisément au temps où le pouvoir militaire des années 84-2000 a commencé à vaciller.

Toutes ces formes de pouvoir local qui devraient être des contre-pouvoirs sont devenues des lieux de pèlerinages pour tout prétendant aux hautes responsabilités. En réalité, elles sont des freins à la démocratie et à l’émergence d’une nouvelle génération politique.

 De même, l’appellation de région naturelle est devenue caduque et ne contribue en rien à l’unité de la nation. Dans les fais, y a-t-il une région qui ne soit pas naturelle et qui serait artificielle ? Ce sont là également, des dénominations coloniales qui n’ont aucune prise avec la réalité nationale actuelle.

Les  dérives sectaires, ethnocentriques, régionalistes dont se servent certains au nom d’une représentativité qui ne répond en rien aux institutions démocratiques sont une menace évidente pour la République. La preuve, sous prétexte de ménager les susceptibilités de la Basse-Guinée, aucun homme politique n’a osé réagir aux déclarations antirépublicaines dudit kountigui. Pourtant, dans les faits, cet homme s’exprime en son seul nom. Personne, en Basse-Guinée, ne l’a mandaté ni ne lui a remis un texte à déclamer.

N’empêche, tous les prétendants au pouvoir se calfeutrent dans leur mutisme. Il en est de même du gouvernement dont, c’est une habitude, le premier d’entre ses membres, se réclament toujours d’une région au lieu de la République. Son mutisme n’est pas moins étonnant.

Enfin,  jusqu’à quand allons-nous jouer avec notre paix sociale ? Quand est-ce que quelqu’un osera dire haut et fort, à bas les ethnies et vive les citoyens ?

Ce jour l’effectivité de notre République sera une réalité et deviendra, au-delà des mots ou de l’appellation, la réalisation du rêve de 1958.

Vive la République de Guinée, une et indivisible dans une nation unie, solidaire et fraternelle !

Un autre rêve attendu depuis 1958 !

Par Lamarana-Petty DIALLO

E-mail : lamaranapetty@yahoo.fr

 

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2 commentaires
  1. sarifou dit

    En politique nous ne devrions avoir que des adversaires mais ce vieux est un ennemi, un ennemi des Guinéens. Si Aboubacar Soumah s’est derobé a cause de ce M. Et qu’il epouse ses ideaux alors nous saurons ainsi le dessous de ce que nous avons reellement affaire. On verra

  2. Johnbri dit

    La République va la où les partis politiques veulent
    L’envoyer,les basse côtier doivent maintenant protéger leur territoire comme ça chacun va faire pagaille chez lui si ils le souhaites la République irait dans ce cas très bien !

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