Depuis quelque temps, l’État guinéen multiplie les gestes spectaculaires : distribution d’argent, de véhicules, de maisons et autres faveurs à des personnalités ciblées — artistes, leaders d’opinion, figures religieuses. Ces pratiques, aussi habilement maquillées soient-elles, relèvent davantage du clientélisme que d’une gestion républicaine des affaires publiques.
Dans une République digne de ce nom, les ressources de l’État doivent bénéficier à tous, selon des critères transparents, équitables et encadrés par la loi. Ce n’est ni au bon vouloir d’un homme, ni à l’humeur d’un régime, de décider qui mérite récompense ou privilège.
Ces largesses discrétionnaires sapent les fondements de la démocratie, en installant une culture de dépendance, de silence et de loyauté achetée. Elles affaiblissent la justice sociale, brouillent les repères et détournent l’engagement citoyen de sa finalité première : le service du bien commun.
Il est temps de rappeler que le vrai patriotisme ne s’achète pas, et que l’honneur d’un citoyen ne se mesure ni à la valeur d’un 4×4, ni à la taille d’une villa. L’État doit être au service de tous, non un guichet d’intérêts particuliers.
Pour construire une Guinée juste et forte, il nous faut rompre avec ces pratiques d’un autre âge. La République ne se monnaie pas. Elle s’incarne dans l’équité, l’exemplarité et la transparence.
Boubacar Dieng