Enfin le bout du tunnel ? Telle est la question que l’on est tenté de se poser, toute prudence gardée, quand on suit l’évolution de la situation sociopolitique en Guinée, le pays de Sékou Touré.
En effet, après une semaine de discussions, l’opposition et le pouvoir, sous les auspices de la communauté internationale, sont parvenus à un accord de principe. L’opposition accepte finalement l’opérateur sud-africain « Waymark » sur qui elle tirait à boulets rouges ; même si, aujourd’hui, elle exige le recrutement de deux experts internationaux pour surveiller le travail des techniciens dudit opérateur. Le pouvoir, quant à lui, a fait contre mauvaise fortune bon cœur en acceptant in extremis le vote des Guinéens de l’étranger ; toute chose que réclamait à cor et à cri l’opposition. C’est dire donc que la sagesse a fini par habiter tous les acteurs politiques guinéens et que tous ont compris que seul le dialogue est la voie royale et durable de résolution de toute crise.
C’est tant mieux. Et c’est tout à l’honneur du médiateur mandaté des Nations unies, Saïd Djinnit, qui, surmontant toutes épreuves et endurant toutes fantaisies, est parvenu à ramener les protagonistes de la crise guinéenne à la raison. Comment d’ailleurs ne pas le féliciter si l’on sait que les positions des uns et des autres étaient si tranchées et que la chienlit entre pouvoir et opposition en Guinée paraissait si irréductible ? Chapeau bas donc à Saïd Djinnit ! Cela dit, il faut espérer que le pouvoir et l’opposition respecteront chacun les engagements pris et que le pays sortira in fine de l’apoplexie dans laquelle ils l’ont mis depuis plus de trois ans. Cette inquiétude est d’autant plus fondée qu’en Guinée, à chaque fois que le pouvoir et l’opposition parviennent à un accord, c’est comme s’ils s’entendaient pour réunir les conditions d’une nouvelle escalade de violences. C’est une paix des braves, pour ainsi dire, qui inquiète plus d’un observateur avisé de la scène politique guinéenne. En tout cas, on espère que cette fois-ci sera la bonne et que la Guinée restera dans cette logique d’apaisement ; même si, au passage, on regrette que la raison ait triomphé tardivement. Car ils sont nombreux les Guinéens qui ont payé le prix de leur vie lors des dernières manifestations de l’opposition. « Tout ça pour ça », est-on tenté de se demander, le cœur meurtri ? Le pouvoir et l’opposition guinéens auraient pu faire l’économie de tous ces morts, s’ils avaient accepté dès le début de se parler ouvertement.
De toute façon, il n’y a plus de raison que la Guinée bascule dans la violence, cela d’autant que les différents points d’achoppement semblent avoir trouvé des solutions. Il revient maintenant à l’opposition qui avait délibérément choisi de ne pas faire acte de candidature aux prochaines législatives, de s’exécuter, tout en appelant ses militants à se faire enrôler massivement. Au pouvoir aussi de comprendre que rien ne sert d’aller précipitamment à une élection controversée qui risque encore de plonger le pays dans une nouvelle déflagration, surtout dans une Guinée ou la haine ethnique et la rancune sont tenaces. Pour cela, il faudra donc que la prochaine date qui sera arrêtée, fasse l’objet d’un consensus de la part de toutes les parties prenantes, pour ne donner raison à personne de ruer encore dans les brancards.
Par Le Pays