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Guinéens, notre ennemi est commun ! 

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[dropcap]L’[/dropcap]enjeu de cette élection n’est pas ethnique. Il n’y a ni menace peule ni culpabilité malinké. Par contre, toutes les ethnies considérées sont confrontées à un manque de reconnaissance et de respect de leur dignité, que traduisent le chômage, l’absence d’électricité, la pauvreté, la précarité des systèmes de santé et de l’éducation, le détournement des revenus issus de l’exploitation minière, au fond, les inégalités politiques et socioéconomiques.

Misère, offense et humiliation sont les déterminants communs à toutes les ethnies en Guinée. Aucun parti politique, aucun gouvernement, n’a, dans l’histoire de notre pays, représenté les intérêts et les opinions des populations.

De même, aucune ethnie de manière générale n’a profité des positions de pouvoir qu’occupent ses représentants autoproclamés. De tout temps, ce sont les gouvernants (présidents, ministres) leurs familles et réseaux qui ont profité de l’exercice du pouvoir. Alors la question se pose : problème ethnique ou problème du pouvoir ?

Ne soyons pas dupes : si la conscience ethnique jouait un rôle structurel dans la politique guinéenne, nous aurions vu des ministres peuls développer la Moyenne-Guinée, des présidents soussous épanouir les populations en Basse-Guinée, des présidents ou ministres malinkés œuvrer à la prospérité sociale et économique de la Haute-Guinée. Or, la réalité parle d’elle -même : toutes les quatre régions de la Guinée souffrent d’une précarité endémique. Elles n’intéressent nos politiciens qu’à l’approche des élections, comme en témoignent les gestes opportunistes de Mouctar Diallo à Pita et de Kassory Fofana avec la relance de l’ANIES. Aux yeux des dirigeants, toutes ethnies confondues, les Guinéens ne représentent ni plus ni moins qu’un simple capital politique.

Si donc l’oublie de notre misère commune nous conduit à nous entretuer, nous aurons fait le jeu d’un système politique qui nous instrumentalise à ses fins propres. Car le problème n’est pas nos appartenance ethnique – qui sont des pures contingences – mais le fait que des responsables politiques, en notre nom, travaillent contre notre dignité et nous exposent, après les siècles d’humiliation que furent l’esclavage et la colonisation, à la risée du monde.

Oublions l’UFDG et le RPG. Regardons notre condition commune. Objectivement et sans la lunette ethnique : nous sommes encore, soixante après les indépendances, cet homme que l’on peut «  à n’importe quel moment saisir et rouer de coups, le tuer -parfaitement le tuer- sans avoir de compte à rendre à personne. Sans avoir d’excuses à présenter à personne » (A. Césaire). Le Guinéen, toutes ethnies confondues, est celui dont le respect de l’humanité ne reçoit aucune considération éthique et politique de la part des gouvernants. Cette déshumanisation transethnique ne devrait-elle pas suffire à forger la conscience d’un destin commun ?

Ne jouons pas le jeu de l’instrumentalisation politique, mais exigeons la fin d’un système politique dont les politiciens eux-mêmes se moquent, en se soignant à l’extérieur et en profitant des largesses de la civilisation occidentale. C’est cette trahison politique et cet esprit de subalterne qu’il faudra ensemble combattre…au-delà de toute appartenance ethnique.

Amadou Sadjo BARRY
Québec, Canada

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