Fils et filles de Guinée,
Il est temps. Temps de faire une pause. Temps de nous regarder en face.
Temps de nous demander, avec courage et lucidité : Sommes-nous encore dignes de l’héritage que nos ancêtres nous ont légué ?
Du Fouta Djallon aux montagnes du N’Zérékoré, des plaines de la Haute-Guinée aux rives du Rio Nunez, nos aïeux ont bâti des civilisations fondées sur des valeurs profondes : le respect, l’honneur, la parole donnée, la foi, la solidarité. Ils nous ont laissé un trésor moral — que nous avons, trop souvent, dilapidé au nom du pouvoir, de l’argent ou de la division.
Aujourd’hui, la politique est devenue un champ de ruines où l’on sacrifie la fraternité sur l’autel de la rancune. Les affaires se mènent sans éthique, les débats sans respect, les ambitions sans limites. La société guinéenne se fragmente, non faute de talents, mais faute d’élévation. Nous ne manquons ni d’intelligence ni de ressources : nous manquons d’âme.
Ni haine, ni peur : pour une conscience politique responsable.
Nos choix politiques sont devenus des prétextes à l’exclusion, au rejet, voire à la haine entre frères. Et pourtant, il faut le redire : la politique ne devrait jamais être une guerre d’ethnies ou une arène de mépris. Elle devrait être l’art noble de servir, d’unir et de construire.
Chacun a le droit de choisir sa voie, son parti, sa vision pour le pays. C’est cela, la démocratie. Mais aucun Guinéen ne devrait être attaqué, humilié ou marginalisé pour ses convictions, tant qu’il agit avec sincérité, respect des lois et amour de la nation.
Nous devons aussi cesser de faire de nos érudits, de nos entrepreneurs, de nos cadres et de nos leaders d’opinion des boucs émissaires faciles. La société ne se construit pas dans le vacarme des réseaux sociaux, mais dans le respect de ceux qui osent entreprendre, enseigner, guérir, produire, éduquer et guider.
Car notre vrai combat n’est pas contre l’Autre : il est contre la médiocrité, l’indifférence, l’intolérance.
Notre défi est celui de la maturité collective. Cela signifie débattre sans se déchirer, contester sans insulter, rêver sans exclure. Cela signifie servir la Guinée sous toutes ses couleurs, toutes ses langues, tous ses visages.
La grandeur d’un peuple ne se mesure pas à sa capacité de crier, mais à celle d’unir. Elle ne se mesure pas à la virulence des critiques, mais à la noblesse des actes.
Alors relevons la tête. Refusons la haine. Refusons la peur. Refusons la résignation. Réapprenons à nous écouter. À dialoguer. À respecter. À construire ensemble. Ce pays ne sera sauvé ni par un homme providentiel, ni par un parti, ni par une région, mais par une prise de conscience nationale et partagée.
La Guinée mérite mieux. Elle mérite des citoyens responsables, courageux, lucides. Des citoyens qui refusent de trahir l’héritage des ancêtres et qui œuvrent pour laisser un pays vivable à leurs enfants.
Guinéens, le réveil ne viendra pas d’ailleurs. Il commence ici. Par nous. Maintenant !
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah
Consultant principal en gestion, auteur et expert en transformation stratégique
Caroline Du Nord, USA
*Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments.