[dropcap]Ê[/dropcap]tre une famille, ça ne se chante pas. Ça ne se crie pas, ça se montre, ça s’affiche. On a beau crier « la Guinée est une famille », mais cela n’est pas suffisant. Aimer le pays, ce n’est pas dans le parler, mais dans l’action.
A présent, revenons à notre « famille » devenue aujourd’hui « famine ». Revenons à ce fameux mot qui sonne trop faux dans toutes les gueules. Il sonne tellement faux qu’on a tendance à l’en croire. Comment peut-on être une famille, alors que frères et sœurs s’attirent dans des guets-apens.
Je vous jure une famille déchirée est celle qui est la plus exposée au monde. Imaginer dans une famille pareille…s’il y a attaque extérieure, il y aura même des frères ou sœurs qui aideront les assaillants à faire tomber la famille. Juste pour une question de gloire qu’ils n’auront pas. Une question de vengeance qui ne laissera pas leur cœur léger. Une question du «chacun pour soi » qui mènera tout droit au désarroi.
Hypocrite frère ! Tu vois de quoi je parle. On fait semblant de s’aimer ou bien on s’accepte parce qu’on est obligé. Pourtant, c’est ici que nos nombrils ont été enterrés. Qui a vraiment choisi où naître ? Quel est ce spermatozoïde qui a choisi son chemin, qui a bien visé ou s’attacher ? Quel est celui qui avait le pouvoir de planifier sa vie avant sa naissance ?
On doit accepter parce que ceci est un destin…on devrait en faire un beau festin. Mais dites chers hypocrites (frères et sœurs) combien on s’est fait du mal sans tâcher de se demander pardon ? Combien on s’est heurté sans ressentir des remords. Combien allons-nous continuer à foutre le bordel ? Allons-nous continuer à déchirer ce tissu social ? Tissu devenu trop petit parce que ressemblant à un futal unique d’un militaire qui a servi à la seconde guerre. Un futal cousu et recousu qui ne tient plus par le tissu, mais les fils zigzagués.
Commençons à apprendre le vivre ensemble. C’est l’antidote à notre misérable vie d’individualistes insoucieux. Unis nous sommes forts et divisés nous sommes faibles : a-t-on écouté le dicton ? Je pense que nous l’avons écourté sans se soucier des conséquences. Nous avons refusé d’épouser les vertus de l’union. Chaque jour on crie aux complots, à la souffrance, à la malédiction liée à être sous l’France. Mais on peine à s’unir.
Nous sommes abrutis et on le mérite si on nous envoie périr, on le mérite amplement. Simplement parce qu’on a refusé la chose qui pouvait nous sauver. Nous avons cassé la bouteille qui contient notre antidote et nous l’avons fait exprès, sérieux.
L’autre mal ? Nous ne voulons pas admettre que nous souffrons. Nous voulons nous en sortir à coups de bâtons magiques. Nous voulons maquiller la réalité et chanter sa beauté naturelle. Hypocrites, nous sommes ! Ce n’est pas parce qu’un Peul est marié à une Malinké ou qu’un Sousou a épousé une Lélé que nous constituons une « famille », mauvais jugement !
Le mariage est singulier bien qu’il puisse unir des familles. Mais ce n’est qu’un cas isolé qui ne résume pas forcément toute la Guinée. Bien que cela soit un facteur qui peut apaiser la haine. Un truc ! On peut se marier à qui l’on veut, c’est notre problème personnel. On est pas obligé d’éviter les siens pour se marier à un.e autre compatriote pour paraître cool. Non ! Ce n’est qu’un maquillage dans certains cas : ces types de mariages. Dans d’autres circonstances, ce sont des obsessions ou des arrangements pour soulager notre conscience souillée ou pour des raisons d’esthétique. Ça n’a rien d’amour mutuel. Et pourtant, le mariage, ah le mariage ! Bon quels gâchis ! Hypocrites, nous sommes une famine loin d’être une famille !
El. Ousmane BALDE