Ibrahima Kourouma devant la CRIEF : ‘’J’ai tout perdu, ma dignité, mon image…on dit partout que je suis un voleur de 612 milliards GNF’’
Dr Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, s’est exprimé ce lundi 3 février devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Ce proche d’Alpha Condé a rappelé les sacrifices qu’il dit avoir consentis, a déploré les accusations de détournement de plus de 621 milliards GNF portées à son encontre.
‘’Je voudrais juste préciser que, avec beaucoup d’amertume, je sais ce que j’ai enduré au ministère de l’éducation nationale, la lutte, le travail qui a été fait, le sacrifice consenti par ma propre personne pendant que j’étais ministre de l’éducation nationale’’, a-t-il déclaré, déplorant que le fait qu’aujourd’hui, ‘’on m’amène ici pour demander des justifs. Mais quels justificatifs. Tout le monde sait là où il y a les pièces justificatives’’.
Il reste convaincu que ‘’les pièces existent. Le ministère des finances a envoyé quelqu’un pour gérer l’argent, faire en sorte à ceux qui ont cet argent soit dépensé correctement en compte des choses. Le PRMP, le contrôleur financier, aucune défense ne peut se faire sans le contrôleur financier. Toutes les pièces justificatives existent à leur niveau. Si on ne les trouve pas au ministère de l’éducation nationale, on va au ministère des Finances, au Trésor. Si on veut chercher, mais on n’a pas voulu chercher, on a juste dit qu’il faut charger Kourouma’’.
‘’Et je suis dans une situation aujourd’hui, est-ce que moi, ministre, je peux avoir avec moi, je peux avoir par-devers moi des pièces justificatives ? Non. Quand on dit que le ministre doit rendre compte, c’est le ministre, tout son staff-là qu’on appelle, on dit : bon, écoutez, on a besoin de telle pièce, telle pièce. Ça fait 34 mois que je suis en prison, seul’’, dénonce Dr Ibrahima Kourouma.
Il fait remarquer que ‘’non seulement, je suis en prison pour ma gestion, mais je suis en prison pour la gestion des autres qui sont tranquillement chez eux. On m’a privé de ma famille, de mes enfants, on m’a privé de tout. Je suis dans mon 34ᵉ mois en prison. Moi, j’ai fait 7000 kilomètres par trimestre. Je vais vous dire, de 2011 à 2013, tout le monde sait ce qu’il y avait comme mouvements dans ce pays-là, après les élections’’.
‘’Mais quand il y a les mouvements, les gens sont préoccupés par les boutiques qui se cassent. Mais moi, mon problème, c’est l’école. C’est de veiller à ce que ces enfants-là, qu’on doit évaluer en fin d’année, que leur école ne soit pas perturbée’’, ajoute-t-il.
De 2014 à 2015, rappelle l’ancien ministre, ‘’on a eu la période la plus difficile. J’ai failli y laisser ma vie : Ebola. Est-ce que je vais rester dans le bureau ou faire en sorte que ceux qui gèrent les enfants, ceux qui font en sorte que les enfants partent à l’école ? Je vais être avec eux, pour qu’eux-mêmes comprennent que ce que je veux, ce que je souhaite, je suis prêt à me sacrifier pour cela. J’ai passé tout mon temps à faire en sorte que l’école fonctionne’’.
Il se félicite d’avoir pu maintenir les écoles ouvertes, contrairement aux pays voisins touchés par la crise Ebola. ‘’Pendant que le Libéria et la Sierra Leone avaient fermé leurs écoles, nous, on ne l’a pas fait. Là où je suis arrêté, j’ai des problèmes au niveau des vertèbres, au niveau de la colonne vertébrale. J’ai fait un an, je portais des gaines, mais personne ne sait, à cause de la route. Aujourd’hui, on m’appelle, on me dit : non, des pièces justificatives de montants que je ne connais même pas. Voilà une situation. Et je précise que j’ai été inspecté en 2013-2014 par l’Inspection générale des finances. J’ai été inspecté en 2015-2016 par l’Inspection d’Etat. Tous ont trouvé que les choses étaient normales’’.
A l’en croire, ‘’pour l’obtention du PPTE, le ministère de l’éducation a constitué un élément de base fondamentale. Et on nous avait félicités à l’éducation nationale. On a dans la salle des gens ici, des responsables économiques ici, qui peuvent nous témoigner. Et on nous a félicités pour notre bonne gestion. Si c’était un autre ministère, je peux comprendre. Mais l’éducation, j’ai trop mis ma vie. Je me suis trop sacrifié pour qu’on m’amène faire la prison et qu’on me salisse complètement. Parce qu’aujourd’hui, le pire, peut-être que je ne pourrai plus travailler en Guinée, mais je n’ai aucune possibilité de travailler à l’extérieur. On a sali mon casier. On a sali mon image. On a détruit ma personne pour rien’’.
Il dit à qui veut l’entendre que ‘’personne ne peut vous prouver ici : ‘on le juge parce qu’il a eu tel contrat. On le juge parce qu’il a fait un jugement. On te juge parce qu’il faut que tu m’amènes les pièces’. C’est moi qui dois faire sortir les pièces ? Est-ce que je vais mettre les pièces dans ma poche ? Est-ce que je vais me promener avec les pièces ? Quand je quitte un département, vérifiez tous les deux départements où j’ai quitté. Quand j’ai quitté, je n’ai rien pris. Même un bout de papier, ça ne m’intéresse pas. Parce que je fais mon travail de façon loyale’’.
‘’J’ai tout perdu, ma dignité, mon image devant mes enfants. On dit partout que je suis un voleur de 612 milliards, 12 millions de dollars. Qui peut manger l’agent des bailleurs de fonds ? Qui ? Qui peut utiliser l’agent des bailleurs de fonds ? On m’a détruit ici et on m’a détruit à l’extérieur’’, insiste-t-il, en précisant qu’il est obligé de lancer un cri de cœur face aux conséquences des accusations dont il fait l’objet sur sa vie personnelle et professionnelle.
Face aux préoccupations du prévenu, le juge audiencier a rappelé que l’ancien ministre Ibrahima Kourouma ne doit pas s’inquiéter d’un casier judiciaire. ‘’Je vous sens remonté, combatif, mais je vous rassure tout de suite. Vous n’avez pas de casier judiciaire puisque vous n’êtes pas encore condamné’’, a affirmé le magistrat, soulignant que la présomption d’innocence demeure un principe fondamental dans la procédure judiciaire.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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SEM vous n’êtes pas en prison pour votre gestion ni pour la gestion des autres.
Voyant l’évolution du dossier vu votre détention prolongé sans rien, cela veut dire simplement que vous êtes un POIDS très lourd pour le RPG ARC-EN-CIEL, c’est pour votre intégrité, votre dévouement pour la cause du RPG ARC-EN-CIEL que vous êtes garder dans ce dossier vide de son contenu.
DIEU NE DORT PAS, TÔT OU TARD VOUS SEREZ LIBÉRÉ.